Dans les années 1970, après avoir remporté de multiples succès dans de nombreuses disciplines au cours de son histoire, Renault arrive à la Formule 1. Renault opte pour une solution innovante et inédite : le moteur Turbo. Renault montre le chemin et permet au moteur Turbo de connaitre sa première victoire, puis son heure de gloire. Pour les lauriers, il faudra attendre les années 2000 pour que Renault se hisse en tête du championnat en tant que constructeur. Mais il ne faut pas oublier les nombreux succès remportés par les moteurs Renault…
Les prémices
En 1975, Renault officialise son arrivée en Formule 1 à l’échéance de la fin de la décennie. A cette époque, la priorité est donné à l’engagement aux 24 Heures du Mans avant de se lancer pleinement dans la catégorie reine du sport automobile. La fin d’une longue attente aussi, car dès la fin des années 1960, Alpine encore indépendant de Renault nourrissait l’espoir de s’engager en F1 et avait réalisé la monoplace A350, seulement, Renault y mit son véto. Dans les années 1970, c’est toujours au sein d’Alpine que le projet A500 voit le jour, une monoplace qui a tout d’une F1, un mulet pour tester les premiers moteurs turbocompressés…
Alpine A350 (1968)
Alpine a une longue relation avec les monoplaces en développant des Formule 3 puis des Formule 2. Il restait un cap à franchir : la Formule 1. On récupère le V8 de l’A220, Elf et Michelin arrivent comme partenaire. Mais Renault coupe court au projet… [A venir…]
Au début des années 1970, Elf se fait « expulser » de l’équipe Matra F1 suite au partenariat signé entre Matra et Simca. A la recherche d’un nouveau partenaire, Elf approche Alpine pour mettre au point une monoplace avec l’objectif d’une participation en formule 1… [en savoir plus…]
L’épopée Turbo
Pour son arrivée en Formule 1, Renault opte pour un V6 de 1,5 litre de cylindrée suralimenté par un Turbocompresseur. En face, les écuries concurrentes roulent avec des V8 et V12 atmosphériques de trois litres. Les spécialistes de la F1 sont sceptiques sur les chances de Renault, même les motoristes de Porsche qui travaillent sur le turbo n’y croient pas. Et pourtant, Renault lance l’épopée du Turbo en F1…
Renault RS01 (1977-1979)
Celle par laquelle Renault vint à la Formule 1. C’est en 1977 à l’occasion du Grand Prix de Silverstone que Renault participe à son premier Grand Prix, y amenant pour la première fois le Turbo. Et aussi ses importants panaches de fumée lors des casses moteurs, qui lui vaudront le sobriquet de Théière jaune.
Moquée à ses débuts, la Renault RS01 évolue au fil des Grand-Prix. Tantôt la carrosserie, tantôt le moteur…. Surtout le moteur. Grâce à ce travail, la Renault RS01 obtient ses premiers points dès la saison 1978, puis la première Pôle position au Grand Prix d’Afrique du Sud 1979. La RS01 laisse sa place à la RS10 en cours de saison 1979. Capitalisant de expérience acquise avec la RS01, la RS10 permet d’offrir la première victoire de Renault en Formule 1 au Grand prix de France, sur le circuit de Dijon-Presnois. Le turbo est viable en compétition, l’écurie Renault Sport a remporté son pari.
Renault RS10 (1979)
Elle a marqué la Formule 1. Après une saison et demi à participer à des Grands Prix sans prétention particulière, si ce n’est de mettre au point le V6 Turbo de la RS01, l’équipe Renault s’aligne au championnat du Monde de F1 en 1979 avec la RS10… [En savoir plus…]
Pour la saison 1980, la RS10 devient RE20 avec de nouvelles jupes, des pontons plus courts, et une boite à cinq rapports. Une voiture qui remporte trois victoires. Début 1981, la RE20B commence en attendant la RE30, cette dernière se distingue par son museau avant et des dérives verticales à l’arrière des pontons, elle permet à Alain Prost de remporter ses trois premiers Grands Prix. La RE30B couvre la saison 1982 et la RE30C officie sur les deux premiers Grands Prix de 1983
Pour le reste de la saison 1983 apparait la RE40, première F1 Renault à coque en composite. Cette voiture mène Prost à la victoire à quatre reprises. C’est lors de cette saison que Renault commence le métier de motoriste en équipant de moteurs V6 Renault l’écurie Lotus. La RE50 de la saison 1984 apporte son lot d’innovations : coque en carbone faisant office de carrosserie, freinage par disques en carbones… Mais pas de victoire cette année-là. C’est la première F1 Renault à ne pas remporter de course après la RS01.
Pour la saison 1985, Renault doit rebondir, et ce sera sans Michelin qui se retire de la Formule 1. Pour cette saison, la RE60 officie avec un nouveau moteur, mais trop lourde, elle ne peut rivaliser pour les premières places. En cours de saison apparait la RE60B, allégée, sans que les bons résultats n’arrivent pour autant… La saison 1985 est catastrophique avec une multitude d’abandons et seulement deux podiums en début de saison.
Renault motoriste
En 1985, Renault fait le choix de se retirer de la Formule 1 à l’issue de la saison, au moins par manque de résultats sportifs, mais surtout parce que la maison Renault connait d’importantes difficultés économiques et se restructure en cédant toutes les branches couteuses. La Formule 1 en fait partie. Heureusement, Bernard Dudot, en sa qualité de responsable des moteurs, parvient à obtenir l’autorisation de mettre en place une cellule de veille technique. Renault devient alors motoriste et propose ses moteurs à des écuries clientes. Le V10 Renault s’avère redoutable dans les années 1990, permettant à l’écurie Williams de remporter cinq titres, et un pour Benetton.
Au cours de l’année 2000, Renault rachète l’écurie Benetton, met au point un nouveau moteur, le RS21, qui fait ses premières armes au cours de la saison 2001 à bord de la Benetton-Renault B201.
Renault de retour en tant que constructeur
A partir de la saison 2002, c’est à nouveau sous ses propres couleurs que Renault participe au championnat du monde de Formule 1. Une première saison pleine de promesses puisque la Renault R202 et son moteur RS22 terminent à la quatrième place du championnat.
Renault gagne en expérience, et la première victoire arrive en 2003 au Grand Prix de Hongrie grâce au coup de volant de Fernando Alonso. L’année suivante, la R24 permet à Renault de se rapprocher des meilleures écuries, signe la victoire au Grand Prix de Monaco et permet à Renault de se hisser à la troisième place du championnat.
Renault R25 : Renault Champion du monde
Au cours de la saison 2005, la Renault R25 se montre performante, mais la McLaren l’est davantage. Renault peut compter sur sa fiabilité, la saison est longue et passionnante, mets les nerfs des deux écuries à dure épreuve. Il faut attendre l’avant dernier Grand-Prix de la saison pour qu’Alonso soit couronné champion du monde, et la dernière manche du championnat voit Renault récompensé du titre constructeur.
Renault R26 : double couronne
En 2006, la Renault R26 confirme les performances obtenues l’an passée, mais cette année, c’est contre Ferrari et Michael Schumacher qu’il faut batailler. Encore une saison passionnante dont le dénouement a lieu au dernier Grand Prix. Pour Renault, c’est doublé titre pilote et titre constructeur.
A l’issue de la saison 2006 s’ouvre une nouvelle ère pour Renault F1, entre le départ de Fernando Alonso, l’arrivée d’un nouveau sponsor principal et le retrait de Michelin de la catégorie reine du sport automobile. Un seul podium et une troisième place constructeur en 2007, quelques victoires en 2008 avec le retour de Fernando Alonso (dont celle de Singapour, contestée avec le crash programmé de Nelson Piquet Jr). La saison 2009 fut l’une des pires de Renault en F1 depuis les années 1980, la révélation du Crashgate et le départ de sponsors pousse Renault à se retirer progressivement, cédant l’unité châssis d’Enstone au cours de l’année 2010. En 2011, c’est l’écurie Lotus-Renault qui prend la suite, Renault se cantonne au rôle de motoriste…
2012-2015 : de nouveau motoriste
Motoriste de l’écurie Red Bull Racing depuis 2007, Renault conserve ce rôle après avoir cédé la division châssis d’Enstone. Le moteur Renault va courir sous les capots des Lotus, Caterham et Williams en sus des Red Bull, cette dernière écurie remportant les titres 2010, 2011, 2012 et 2013 en roulant avec le moteur Renault.
2016-2020 : Cinq saisons en tant de constructeur
En 2015, Renault rachète Enstone et revient en tant que constructeur pour la saison 2016. Renault a un fort travail pour remettre Enstone à jour, faute d’investissement par l’ancien propriétaire. 2016 et 2018 sont des années de reconstruction avec de faibles résultats : 9ème constructeur en 2016, sixième en 2017.
Il y a un peu de mieux en 2018 avec une quatrième place au championnat constructeur, mais l’écurie stagne les deux saisons suivantes terminant en milieu de tableau à la cinquième place. A l’issue de la saison 2020, Renault F1 laisse sa place à l’écurie Alpine…
Sources :
– Renault, les cahiers histoire & passion : « 30 ans de Formule 1 »