Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’industrie automobile française est à reconstruire, une situation qui s’avère favorable à des inventeurs qui vont pouvoir tenter de développer leur propre voiture et pourquoi pas devenir constructeurs automobile. C’est le cas, entre autre, de Jean Pierre Wimille qui proposait plusieurs prototypes…
Jean-Pierre Wimille est un pilote automobile de renom, né en 1908 à Paris. Fils d’un journaliste automobile, Wimille baigne dans cette activité et devient pilote de course à l’âge de 22 ans, effectuant son baptême lors du Grand Prix de France 1930 sur une Bugatti Type 37. Il fait ses armes et obtient des victoires majeures comme le Grand prix de France 1936, les 24 heures du Mans 1937 et 1938. Pendant la seconde guerre mondiale, il fait parti des services de renseignement anglais afin de transmettre de l’information aux résistants, et imagine à ses heures perdues la voiture de ses rêves.
Nous sommes en 1943, sous l’occupation, Jean-Pierre Wimille réalise un projet de voiture de sport. Hélas, avec la pénurie de matériaux, il ne peut mettre ce projet en exécution et attend la libération pour s’y atteler, tout en restant un pilote de pointe. Une fois terminé, son premier prototype est terminé présenté en avant première dans le bois de Boulogne, le 09 Juin 1946, juste avant le départ du Grand Prix de France. La voiture est moderne et sa forme intrigue, Wimille a usé des grandes courbes et un pare-brise panoramique pour faire glisser l’air sur la voiture, l’arrière de la voiture se rétréci comme le fuselage d’un avion, l’aérodynamique n’est pas une chimère car la voiture présente un Cx de 0,23.
La carrosserie est dessinée par Wimille lui-même qui en confie la réalisation à Chapron avec la tâche de la fixer sur le châssis tubulaire de la voiture. Ce premier prototype peut accueillir trois occupants dans son habitacle, tous de front à la route, le conducteur se situant au milieu de la voiture. Quant au moteur, Wimille aurait souhaité mettre un V8 dans sa voiture, mais faute de mécanique disponible, il se tourne vers un moteur de Citroën Traction 11 qu’il place en position centrale arrière et l’accole à une boite de vitesses Cotal. Si le moteur développe 56Cv, le reste de la voiture lui permettent une vitesse de pointe au-delà des 150km/h.
Mais Jean Pierre Wimille n’est pas encore satisfait de son prototype et à peine la Wimille n°1 sur les routes qu’un second prototype est mis en route. Pour la carrosserie, il demande l’aide de Phillipe Charbonneaux pour retoucher sa création mais pour aller vers une voiture plus proche de la commercialisation. Charbonneau retravaille toute la partie arrière afin d’améliorer la visibilité qui était quasi nulle sur le premier prototype. Il conserve ainsi l’esprit du premier prototype en conservant les proportions et les formes, tout comme le pare-brise panoramique; mais il rehausse le nez et élargi l’arrière pour le doter d’une véritable lunette cachée derrière des lames. Et pour refroidir le moteur, la voiture s’équipe de larges écopes latérales.
Ce second prototype change également de mécanique, le moteur de la Traction est remplacée par un V8 Ford issue de la berline Vedette et développant 60Cv, toujours positionné à l’arrière de la voiture, et permettant à la voiture d‘atteindre les 155km/h. Cette fois, la voiture est assemblée chez le carrossier Faget & Varnet pour être exposée au salon de Paris 1948, ce second prototype est remarqué pour sa modernité. Trop peut-être, car la presse et le public ne sont pas convaincus par ce projet, trop avant-gardiste malgré des atouts comme une boite de vitesse électromagnétique et des performances dignes des berlines de luxe de l’époque.
Hélas, quelques semaines plus tard, Jean Pierre Wimille se tue au volant d’une Simca-Gordini pendant les essais du Grand Prix de Buenos Aires, ces plus proches collaborateurs décident de continuer sans lui le projet de voiture et présente au salon de Paris 1949 le prototype Wimille 2 avec une face avant corrigée et ne comprenant plus qu’un seul phare en son centre. Puis les efforts se concentrent sur un troisième prototype qui, pour beaucoup, est considéré comme l’exemplaire de pré-série de la voiture.
Ce prototype n°3 est réalisée courant 1950, il est très proche du second prototype mais présente une face avant plus conventionnelle, ses surfaces sont lissées. Le moteur Ford est un peu plus puissant et propose désormais 66Cv qui amènent la voiture au-delà des 160km/h, moteur qui reste accolé à la boite de vitesses Cotal. Et si en 1950 on annonce la possibilité d’une production en série de la voiture avec l’aval du carrossier Faget & Varnet, Ford enterre le projet en refusant de fournir les moteurs nécessaires à cette voiture.
Restés au stade de prototypes, au moins trois exemplaires ont été fabriqués, les prototypes 1, 2 et 3. Et aujourd’hui, trois voitures Wimille sont répertoriées, le premier prototype ainsi que le prototype n°3 qui sont dans les collections du musée de Reims, une troisième Wimille est présente sont la collection d’Henry Malartre et est présentée comme le prototype n°2 bien qu’elle corresponde trait pour trait au troisième prototype Wimille. Qu’en est-il à son égard ? Serait-ce le prototype n°2 modernisé ou un clone du prototype n°3 ? La réponse n’est pas encore connue…
Le premier prototype se trouve au musée bruxellois Autoworld.
Une voiture géniale mais l’aventure a été stoppée par la mort de JP Wimille.
La decision qui coula définitivement Ford France fut de ne pas fournir un moteur digne à cette déesse arrivée 20 ans trop tôt. Au lieu de la produire, hop au frigo et la Ford Comète privilégiée pour engendrer l’agonie pour des décideurs trop vieux jeu! Dommage que Simca n’ait saisi la balle au bond! La rubrique «Starter» lui rend un brl hommage.
Allez à Saint-Dizier, vous m’en direz des nouvelles!
Deux des prototypes étaient exposés cette année à Rétromobile, l’allure est vraiment futuriste pour l’époque ou ils ont été créés…