Caudron-Renault

Renault et l’aviation

         Au début des années 1900, Renault connait une réussite fulgurante, en remployant les bénéfices dans leur entreprise, les Frères Renault diversifient leur production, développent leur outil de production et étendent leur réseau de distribution. Des voitures des débuts, on rajoute les taxis en 1905, des utilitaires de deux à quatre tonnes et des autobus à partir de 1906… En passionné de mécanique qu’il est, Louis Renault s’intéresse « aux plus lourds que l’air« , un secteur encore expérimental mais qui déjà, demande des moteurs puissants et légers.

               En décembre 1908, Renault présente ses premiers moteurs d’aviation lors du salon de l’automobile et de la locomotion aérienne, des V8 refroidis par eau ou par air pour une puissance de 45-50Ch. Il va trouver comme client les frères Farman, installés comme Renault à Boulogne Billancourt et connaissant la maison Renault pour avoir vendus des automobiles de la marque. Par la suite, Renault va savoir développer une gamme de moteurs sans cesse améliorés pour l’aviation. 

                Renault va travailler ses moteurs d’aviation pour en diminuer le poids  tout en augmentant leur puissance. Dès 1909, le V8 Renault propose 60Ch puis un petit V4 intègre la gamme des moteurs avec une puissance de 35-40Ch pour un poids de 97kg. Biens conçus, les moteurs Renault arrivent à prendre des records en aviation et sont en France les seuls à pouvoir rompre l’hégémonie des moteurs en étoile Gnome. Sur le plan commercial, l’aviation n’a pas encore de débouchés civils, il s’agit encore d’un sport. Renault compte comme client de ses moteurs les constructeurs Bréguet, Voisin, Lioré, Dorand, Astra, Sanchez-Besa. Et déjà, l’armée s’y intéresse pour faire naitre l’aviation militaire, les moteurs Renault vont se trouver en bonne place au sein des armées. 

            La Première Guerre Mondiale met en avant la qualité des moteurs Renault et le complexe industriel de Boulogne Billancourt. Au cours du conflit, l’industrie française doit alimenter ses propres besoins en moteur d’avions mais aussi ceux des alliés, anglais et russes notamment. En quatre ans, Renault produit 13.586 moteurs d’aviation (dont environ 2.800 dans son usine anglaise de West Brampton), et en 1917, les ateliers de Renault sont mis à contribution pour assembler des Bréguet XIV et Dorant AR2. A l’issue du conflit, les commandes militaires cessent, faisant connaitre une crise au sein du secteur aéronautique.

                      Renault tient bon, profitant de cette période pour perfectionner ses moteurs qui vont permettre de remporter de nombreux records et coupes dans l’immédiat de l’après-guerre. C’est également dans cette période qu’apparaissent les premières lignes commerciales, dont Farman est un pionnier en France avec notamment des avions à moteur Renault. En 1923, Louis Renault est l’un des fondateurs de la compagnie Air Union avec Louis Bréguet et Louis Blériot. Jusqu’aux années 1930, Renault produit 11.000 moteurs d’aviation, c’est plus que les principaux rivaux que sont Gnome & Rhône ou Hispano-Suiza. Reste que Renault a une faiblesse, il exporte peu ses moteurs et compte comme principal client Farman qui se détourne peu à peu des moteurs Renault. Dès lors, Renault se réoriente vers les moteurs légers d’aviation et va s’assurer des débouchés en prenant le contrôle d’un constructeur d’avion en 1933 : Caudron. 

Caudron, avant Renault (1909-1933)

                Caudron est un constructeur français d’avion, fondé par les frères Caudron en 1909 et basé dans la Somme. L’entreprise se fait remarquer en produisant des hydravions, puis connait le succès commercial avec le biplan Caudron G.3, développé à des fins militaires en 1914 et disposant d’une vitesse ascensionnelle élevée qui en fait un parfait avion de reconnaissance. La Première Guerre Mondiale permet à Caudron d’obtenir des crédits pour développer et  diversifier la construction de plusieurs séries d’aéroplanes.

                    Après Guerre, Caudron se tourne vers l’aviation civile, faute de commandes militaires. L’entreprise réussit à subsister, elle se fait remarquer par ses aviatrices Adrienne Bolland en qualité de pilote d’essais ou encore Maryse Bastié qui vole sur Caudron. L’entreprise produit des avions de transport et des avions de records, elle se fait construire en 1930 l’aérodrome de Guyancourt dans les Yvelines. Mais au début des années 1930, les finances de Caudron ne sont pas au mieux, l’entreprise doit rechercher de nouveaux financiers pour faire venir de l’argent. C’est là qu’intervient Louis Renault… 

Caudron Renault

               D’un côté, on a Louis Renault qui produit des moteurs légers d’aviation, de l’autre, Caudron qui produit des avions légers avec un potentiel pour la voltige. Les difficultés de Caudron vont attirer Louis Renault au capital du constructeur d’avions, une façon pour Renault de s’assurer des débouchés pour ses produits et élargir ses activités. Renault entre le 1er juillet 1933 au capital de Caudron, suffisamment pour faire renommer le constructeur en Caudron-Renault. 

                   La politique de Caudron-Renault sera de s’appuyer sur la compétition comme vecteur promotionnel, l’entreprise est restructurée est mise sous l’administration de François Lehideux, neveu de Louis Renault, qui contrôle les usines de Caudron à Issy-les-Moulineaux, l’usine O à Boulogne-Billancourt pour la production de moteurs d’aviation et la piste d’essai à Guyancourt. Une restructuration qui voit les personnels de Caudron-Renault passer de 500 personnes en 1933 à 2.400 en 1936 et à plus de 2.000 en 1937. Dans ce laps de temps, Louis Renault augmente sa part au capital de Caudron à l’occasion d’une augmentation de capital en 1934, puis rachète l’intégralité de l’entreprise en 1937. 

                       C’est à cette époque que Caudron Renault participe au rayonnement de la France dan le monde de l’aéronautique en concevant des aéronefs de compétition. Une poignée d’ingénieurs de talent sous la direction de Marcel Riffard, en s’appuyant sur les moteurs Renault, vont créer des avions à la ligne particulièrement aérodynamiques. C’est ainsi que vont naitre les Rafale de Caudron, le C460 produit à 6 exemplaires, le C530 à 8 exemplaires et le C690 à six exemplaires. Ces avions vont inscrire leur nom sur les plus belles épreuves aéronautiques de l’époque, mais aussi avec la pilote Hélène Boucher qui remporte des records de vitesses.

Société des Moteurs Renault-Aviation

            En 1937, la construction aéronautique passe sous le contrôle de l’Etat après une vague de nationalisations. Louis Renault conserve toutefois Caudron-Renault, l’entreprise est considérée par l’Etat comme un producteur d’avions de sport et n’ayant pas la capacité de produire des avions militaires. Il faut dire que les tentatives de Caudron-Renault pour proposer des produits à destination de l’armée restent vaines, c’est notamment le cas du moteur 12R de 500Ch qui n’intéresse personne. C’est à cette époque que Caudron Renault est renommé en Société des Moteurs Renault-Aviation, l’entreprise trouve toujours des débouchés pour ses moteurs légers d’aviation et rentre des liquidités en cédant des licences de fabrications. 

            Jusqu’en 1940, la Société des Moteurs Renault-Aviation produit quelques milliers de moteurs pour motoriser les Caudron Phalène, Simoun et Goéland. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la Société des Moteurs Renault-Aviation doit produire des moteurs pour l’occupant. Puis à la libération, le sort de cette entreprise suivra celle des Automobiles Renault, l’entreprise est nationalisée en 1946 et intégrée dans la SNECMA qui continuera à produire pendant quelques temps les moteurs de conception Renault. 

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