Octobre 1934, dans le cadre du salon de l’automobile de Paris, un nouveau constructeur apparaît : Matford. Fruit de l’union entre un Mathis à l’agonie financièrement parlant et un Ford SAF en quête d’un nouveau souffle en France, Matford permet à la filiale française de Ford de se relancer pour quelques années au travers de cette marque éphémère…
Si Matford fut la filiale française du constructeur américain Ford durant la seconde moitié des années 1930, l’installation de Ford en France remonte à 1916 avec le rachat des ateliers bordelais d’Henri Depasse, l’importateur des Ford en France depuis 1912. Dans les années 1920, la Ford T connait un succès d’estime en France, les ateliers de Bordeaux ne suffisant pas, une usine d’assemblage est fondée à Asnières en 1925, puis la gamme étendue avec la Ford A (1928) et la Ford Y (1932) spécialement conçue pour l’Europe. Malgré ce dynamisme, les ventes de Ford en France (via sa filiale Ford SAF créée en 1929) restent faibles…
En parallèle, à Strasbourg, le constructeur Mathis, fondé en 1911, connait un important essor dans les années 1920 avec ses voitures populaires, le réinvestissement des bénéfices dans l’innovation technologique permet à Mathis de devenir le quatrième constructeur français en volume de ventes. Au début des années 1930, la Grande Dépression fait disparaître nombre de constructeurs, Mathis survit mais les finances de la firme strasbourgeoise sont au plus bas. Mathis décide d’allouer ses fonds pour moderniser son usine de Strasbourg au détriment de nouveaux modèles… En 1934, la situation de Mathis est dégradée, il est alors nécessaire de trouver un partenaire pour éviter de fermer.
La Ford SAF cherchait à produire des modèles adaptés au marché français, Mathis des capitaux pour sauver son affaire, il y avait toutes les raisons pour que ces acteurs s’allient, c’est chose faite le 27 septembre 1934. Cet accord est dévoilé le 8 octobre suivant lors du salon de l’automobile de Paris, et donne naissance au constructeur Matford fondé le 1er novembre 1934, cette nouvelle entité est détenue à 60% par Ford, le surplus par Emile Mathis. Matford prend également en location les usines Ford d’Asnières et celles de Mathis à Strasbourg. L’usine Mathis étant équipée d’une fonderie, elle produira le V8 Ford. Enfin, Ford bénéficiera du réseau de distribution Mathis – composé de 200 points de vente – pour écouler des produits américains : Lincoln, Mercury, tracteurs Fordson… Seule la carrosserie sera sous-traitée chez Chausson.
Pendant l’année 1935, Matford continue la commercialisation des Mathis et des Ford, le temps que le constructeur américain équipe l’usine de Strasbourg pour lancer la production des Matford. En janvier 1935, Ford présente à Paris une Ford V8-48, dont le moteur V8, provenant des Etats-Unis, commence à être remplacé à partir de février 1935 par le V8 produit à Strasbourg. La Ford V8-48 sert également de base à la première Matford, l’Alsace V8, spécifique à la France et dévoilée au second semestre 1935, elle est proposée à 38.800 Francs pour la version de base et 30.800 Francs pour la version luxe et équipée d’un V8 de 3,6 litres pour 90Ch.
Avec 21Cv fiscaux, la Matford V8 est handicapée en France, d’où l’apparition rapide du même modèle, mais équipée d’un V8 de 2,2 litres pour 60Cv et surtout, 13CV fiscaux, ainsi que d’un empattement plus court : l’Alsace V8-62. La petite Matford est dévoilée lors du salon de Paris 1935, avec une face avant en V, inspirée de la Lincoln Zephyr. La Matford Alsace de 21Cv est alors renommée Alsace V8-66 et reçoit, à partir de janvier 1936, la même face avant que la 13Cv. L’année 1935 voit l’arrivée des premières Matford, elle voit aussi disparaître la production Mathis, au désespoir d’Emile Mathis qui entre dès lors en conflit avec Ford au long d’un procès qui ne prendra fin qu’en 1939.
Le succès de Matford ne se dément pas, les modèles se succèdent : en 1937, la V8-62 de 13Cv est remplacée par la V8-72 dont la seule évolution concerne les ailes avant recevant des phares encastrés; sur le même modèle, la V8-66 de 21Cv devient V8-76. Cette année 1937, Matford signe un record avec 13.849 véhicules produits (voitures et camions), la production avoisinant les 70 véhicules par jour travaillé, montre les premières difficultés pour imbriquer les productions de Strasbourg à celles d’Asnières. Si Ford propose de racheter les parts d’Emile Mathis – et son usine -, celui-ci refuse. La Ford SAF lance l’étude d’une nouvelle usine, dont le site retenu est celui de Poissy : la construction de cette nouvelle usine, prévue pour 150 véhicules par jour, débute en 1938. Lorsqu’elle sera opérationnelle, vers 1940, Matford résiliera le bail de l’usine de Strasbourg.
En 1938, la gamme Matford évolue sensiblement, la gamme reçoit un pare-brise en deux parties en coupe-vent, la partie avant (capot, ailes et phares) est modifiée. On parle désormais de V8-F82 pour la 13Cv et V8-F86 pour la 21Cv. La version 13Cv reçoit une évolution mécanique : nouveau vilebrequin et système de refroidissement revu, tandis que la V8-F81 reçoit une nouvelle caisse, davantage profilée et disposant d’un toit entièrement métallique. Ces deux modèles sont conservés avec peu de modifications, les dénominations évoluent en F92 pour la 13Cv et F91 pour la 21Cv.
En septembre 1939, la France entre en guerre contre l’Allemagne nazie, la gamme Matford est gelée. L’usine de Poissy, achevée en mai 1940, n’a guère le temps de produire des automobiles, se trouve réquisitionnée par l’Allemagne le mois suivant. Produisant des utilitaires pour le compte de l’armée allemande, elle fut à ce titre bombardée en 1942. A la libération, Ford remet en service son usine de Poissy et lance la production d’automobiles en 1946. Matford a fait son temps (l’entreprise ayant été liquidée sous l’occupation), ce sont désormais des Ford qui sortent de Poissy, des versions d’avant-guerre légèrement modifiée, en attendant la Ford Vedette, la première véritable Ford française…
Matford… ma grand-mère a fait l’exode en 1940 avec. C’était une belle voiture pour l’époque. Hergé en a dessiné le contretype dans les 7 boules de cristal
J’ai eu le privilège de rouler en Matford! A Fougères ou, je suis né. Oui 1944 le papa d’un copain de l’école, venait chercher so fils l’école , je me souviens debout sur le marche pied fier comme tout de profiter de ce retour à la maison poiur le déjeuner de midi
Je ne comprend pas je possède 4 Matford ,une 62 ,une 72 et deux 92 F. Elles ont toutes des marches pied et un toit en moleskine .???? ((( la V8-F81 reçoit une nouvelle caisse, davantage profilée et disposant d’un toit entièrement métallique.))))