S’attaquer à un mythe est une opération bien difficile, la Citroën Dyane est l’une de ses voitures qui nous le prouve. Présentée en 1967 pour compléter l’offre de la 2CV, puis à terme la remplacer, c’est finalement la Dyane qui s’est effacée en 1983 pour laisser la 2CV seule jusqu’en 1991… Retour sur l’histoire de ce vilain petit canard…
Après une décennie enthousiaste dans les années 1950, la Citroën 2CV débute les années 1960 sur les chapeaux de roue avec une nouvelle version au capot corrigé. Mais voilà, Renault vient faire de l’ombre à la petite Citroën avec la R4 proposée à la vente dès 1961 (lire aussi : Renault 4), son succès insolent pousse Citroën a bouger ses lignes et proposer des variantes plus confortables de la 2CV, comme l’AZAM qui apparaît courant 1963. Mais rien n’y fait, le succès de la Renault 4 se confirme d’année en année, battant plusieurs records au passage, et doublant la 2CV à partir de 1964.
Dans les hautes sphères de Citroën, la Renault 4 est la bête noire qui ne peut être abattue, il faut donc trouver une véhicule capable de lui mettre des bâtons dans les roues. Les grands pontes de Citroën estiment que la 2CV, dévoilée 16 ans plutôt, avait fait son temps, l’heure doit être au renouvellement. Lancer un nouveau projet de voiture apparaît indispensable, mais en 1964, les bureaux d’études Citroën sont déjà à pleine charge avec le restylage de la DS et le Projet F censé remplacer l’Ami6… Et les finances de Citroën ne permettent pas non plus d’imaginer une toute nouvelle voiture en partant d’une page blanche.
En 1965, Citroën rachète le constructeur Panhard pour récupérer des usines pour y fabriquer des 2CV fourgonnettes, le reste de la marque disparaîtra au fil des ans. Citroën se trouve également avec le bureau d’études de ce constructeur et opère un transfert de compétences, ce sont les ingénieurs Panhard qui sont chargés de la mise au point de la remplaçante de la 2CV, sur la base d’un cahier des charges très strict : la nouvelle voiture doit être assemblée avec l’outillage de la 2CV, reprendre le maximum de pièces de la 2CV et de l’Ami6, et s’équiper d’un hayon.
Face à ses contraintes, le développement de la voiture se limite à un gros restylage de la 2CV, les stylistes Panhard Louis Bionier, René Ducassou-Péhau et André Jouan proposent leurs premières esquisses à Citroën dès 1965. Trop osé, ces dessins vaudront le renfort de styliste Citroën à leurs côtés pour conférer à la future petite Citroën l’esprit de la marque au double chevrons.
Cette nouvelle Citroën est finalement dévoilée au public lors du salon de l’Automobile de Francfort 1967, elle s’appellera « Citroën Dyane ». La communication de Citroën essaie d’être subtile afin de ne pas déstabiliser le client, la 2CV et la Dyane cohabiteront dans un premier temps, la 2CV offrira un prix au client, la Dyane le confort (la communication n’hésite pas à qualifier la Dyane de « Super 2CV »). Mais à moyen-terme, la 2CV s’effacera complètement…
Dans les faits, les finitions haut de gamme de la 2CV sont supprimées, les concessionnaires sont invités à renvoyer la clientèle vers la Dyane en laissant de côté la 2CV. Mais les ventes de la Dyane ne s’envolent pas, la voiture est accueillie avec plus ou moins d’indifférence, c’est sur le long terme que la Dyane s’impose avec quelques améliorations apportées au fur et à mesure. Initialement proposée avec le 425cm3 de la 2CV, la Dyane D6 apparaît en 1968 avec le moteur de l’Ami6, le 603cm3, puis en 1969, la gamme est refondue avec la Dyane 4 et son 435cm3 inédit, la D6 devient Dyane 6. Cette même année, Citroën rajoute une vitre de custode sur la voiture.
Ces efforts permettent de voir la Dyane passer devant la 2CV en terme de ventes sur quelques mois. Toutefois, l’arrivée des Ami8, GS et SM entre 1969 et 1970 détourne le service commercial de la Dyane. Quant à l’avantage donné à la Dyane avec le moteur 603cm3, il s’efface avec l’arrivée de la 2CV6 en février 1970… Dès lors, la 2CV reprend naturellement le dessus sur la Dyane… Les jeux sont faits, jamais plus la Dyane ne dépassera la 2CV, Citroën ne fit plus rien pour donner sa chance à la nouvelle venue.
C’est finalement la première crise pétrolière qui relance la Dyane, les ventes de la voiture augmentent brusquement pour atteindre 128.000 unités en 1974, le record absolu du modèle. Cette poussée des ventes incite Citroën a moderniser la Dyane avec une nouvelle calandre, des poignées de porte au sens inversé, nouveau compteur et témoins sur le tableau de bord.
Mais les ventes repartent à la baisse dès 1976, pour ce millésime, il se vend trois fois plus de 2CV que Dyane… Citroën propose en 1977 la série limitée Caban pour donner un peu d’attrait au modèle (lire aussi : Dyane Caban). Mais en 1978, l’arrivée de la Citroën Visa (lire aussi : Citroën Visa) fait craindre le pire pour la Dyane, Citroën lui offre de nouveau atouts vec, entre autres, un nouveau compteur, et l’arrivée d’une Dyane « luxe » à la teinte tabac métallisé.
Le déclin de la Citroën Dyane continue, l’apparition des freins à disque à l’avant, de la banquette rabattable de série et des ceintures trois points en 1980 ne change pas la donne. Finalement, la Dyane vit ses derniers mois, Citroën offre des séries limitées à l’étranger avec les Capra (lire aussi : Dyane Capra) et Edelweiss proposées en Espagne en 1981, et la Dyane Côte d’Azur au Royaume-Uni en 1982. Puis 1983 marque l’arrêt de la production après 1.444.583 exemplaires produits. Un beau score malgré tout. A noter que la Dyane a eu le droit à sa version utilitaire, l’Acadiane, proposée à partir de 1977 en remplacement de la 2CV AK400 (lire aussi : 2CV AK400) et produite jusqu’en 1988 à 253.393 exemplaires.
Quant à la Dyane, après avoir longtemps été mise de côté, quand elle ne servait pas de banque de pièces pour les 2CV, la voiture est revenue en grâce compte-tenu de la cote élevé des 2CV, et permet de s’offrir une voiture presque mythique, décalée, pour un prix encore accessible.
Bonjour.
Viens d’acquérir Dyane 6 de 1983 rouge, excellent état, construite à Vigo…Coup de cœur assuré ! Heureux de faire partie de ceux et celles qui partagent ce réel plaisir !
bonsoir je roule en dyane le weed end avec beaucoup de plaisir les personnes que je rencontre ce rappelle de cette auto de leur père ou de la leur et adore revoir cette auto
continuer la rouler sur les routes de la Bretagne
je roule en dyane 6 le weekend c est une petite voiture tres sympath qui me rend beaucoup de services et consomme peu par rapport meme aux voitures d aujourd hui et en plus elle tracte tres bien mon petit bateau et en plus d un bon agrement de conduite on prend beaucoup de plaisir a entretenir une voiture avec un minimum d outillage c est vraiment une voiture à tout faire et en plus dans un look completement décalé c est top
a tous ceux qui ont une dyane prenez en soin car sa cote va continuer de grimper
Bonjour, merci pour cet article. Cependant je me permettrais d’apporter quelques précisions. Le semi-échec ( quand-même presque 1,5 millions d’exemplaires, ce n’est pas rien! ) est plus dû à la politique commerciale et tarifaire de Citroën qu’à la voiture elle-même. Le lancement en 425 cm3 est significatif du refus par Citroën d’écouter la clientèle qui voulait d’abord et avant tout plus de puissance que dans la 2CV! Dès l’arrivée de la Dyane 6, elle s’est beaucoup mieux vendue que la 2CV 425 ( 1968 – 99606 Dyane pour 57 473 2CV – et 1969 108 058 Dyane pour 72 044 2CV – ). A partir de la sortie de la 2CV4 et 2CV6, début 70, les ventes de 2CV et de Dyane seront assez proches ( aux environs de 100 000 voitures par an en moyenne avec environ 10 à 15% de 2CV en plus, sauf en 75 où il s’est vendu un peu plus de Dyane – environ 1500 voitures de plus – bien que la Dyane soit plus chère en gros de 10 % selon les périodes ). Cet état de fait perdurera jusqu’à la sortie de la 2CV6 spécial pour l’AM 80. En effet cette 2CV6 spécial disposait de performances relativement proches pour un prix très inférieur ( en 1980: 19800 francs contre 23 600 francs pour la Dyane, ce qui est considérable comme écart ). Elle éclipsera d’ailleurs la 2CV6 club autant que la Dyane. De plus la Dyane n’avait guère évolué ( pas de moteur 652, essuie-glace 1 vitesse, pas de dégivrage de lunette arrière, etc… ) si bien qu’elle ne faisait plus le poids face à la nouvelle R4 GTL 1100 cm3 sortie en 1977.
Donc en résumé, ce demi-échec n’est pas passé loin d’une réussite, encore aurait-il fallu que Citroën puis Peugeot le veuille.
Les avantages de la Dyane sur la 2CV sont nombreux: 5ème porte, volume de coffre, volume pour les passagers arrières, étanchéité aux courants d’air, solidité en cas de choc très supérieure ( première Citroën a avoir subi des crash-tests ), accoudoirs et vide poches de portes, serrures fiables, commandes groupées sans lâcher le volant ( depuis AM 74 ), aérateurs utilisables même lorsqu’il pleut, doubles vitres coulissantes, capote ouvrant de l’intérieur, roue de secours et cric sous le capot, pare-choc avant plus haut, etc….. Les avantages de la 2CV sont faibles: meilleur accès à l’allumage, les phares qui ne se dérèglent pas lorsqu’on cabosse une aile avant….
Bravo et merci pour ce recit.
Ne pas oublier que la Mehari est basé sur le chassis de la Dyane et non de la 2cv !
C’est tout à fait exact, on en parle sur un article consacré à la Méhari http://lautomobileancienne.com/citroen-mehari-1968-1987/