Avec la Zündapp Typ 12, on assiste aux prémices de la Volkswagen, un projet commandé à Ferdinand Porsche par le constructeur de motos Zündapp. Si Zündapp se retire de la partie, Porsche continua d’approfondir ses recherches dans la conception de voitures populaires pour aboutir, quasiment une décennie plus tard, à la « Volkswagen »…
Zündapp est une entreprise allemande fondé en 1917 et dont l’activité, initialement tournée vers le domaine militaire, doit trouver de nouvelles activités suite à la fin de la guerre et l’interdiction fait à l’Allemagne de produire du matériel militaire. Machines, outils… c’est finalement vers la moto que Zündapp se tourne définitivement à partir de 1921, une production qui fit la renommée de la marque. Entre la moto et la voiture, la frontière est encore mince dans les années 1920, d’ailleurs, chez Zündapp, on pense que la moto est la première étape pour motoriser l’Allemagne, la seconde étape est celle de l’automobile.
Sur le marché automobile allemand, l’automobile populaire allait faire son apparition dans les années 1920 avec, entre autres, l’Opel 4PS (ressemblant à une Citroën AC3) et l’Hanomag Kommissbrot. Zündapp fait appel à Ferdinand Porsche, qui venait de fonder un bureau d’études automobiles, pour concevoir une voiture populaire. Une lettre de mission entre les deux acteurs est signée le 28 septembre 1931, Porsche doit concevoir une voiture équipée d’un moteur de 1.000cm3 au maximum, une consommation cantonnée à 8 litres aux 100km et permettant de rouler jusqu’à 60km/h en charge. En outre, la voiture doit avoir deux portes et proposer quatre places, une fiabilité dans les standards de l’époque et un prix contenu sous les 2.000 mark.
Le contrat liant Ferdinand Porsche à Zündapp utilise le terme « Volkswagen » pour désigner la voiture à venir. Porsche rend sa copie rapidement, début 1932 : la Zündapp Tyyp 12. Il s’agit d’une voiture réalisée autour d’un châssis-poutre, équipée de suspensions à barres de torsion que Porsche venait juste de mettre au point. Pour le moteur, si Porsche souhaitait un moteur à plat refroidit par air, Zündapp imposa le moteur en étoile : il s’agit d’un cinq cylindres refroidit par eau, placé en position arrière, d’une cylindrée de 1.000cm3 pour 25Ch.
Trois prototypes sont assemblés au printemps 1932 et les premiers essais se déroulent au mois d’avril suivant. Pour habiller les châssis, on utilise les esquisses du styliste du bureau d’études Porsche, Erwin Komenda, qui dessine une ligne aérodynamique avec portes à charnières. Pour les prototypes, on fait appel à l’atelier Reutter de Stuttgart, mêlant acier et bois, bien que pour la version de série, on envisage une carrosserie tout acier. Deux des prototypes reçoivent une carrosserie berline, le troisième est habillé en cabriolet et resta la propriété de Ferdinand Porsche.
Lors des essais d’avril 1933, les 20Ch du moteur permettent à la voiture (et ses 600kg) d’atteindre les 80km/h en vitesse de pointe. Mais divers problèmes sont révélés, notamment le refroidissement du moteur qui s’avère insuffisant, quant à la boite de vitesse, celle-ci ne fonctionne pas de manière optimale. Face aux lacunes qu’il faut combler, mais surtout au vu des investissements à réaliser pour produire la voiture, alors que 1932 marque l’apogée de la crise en Europe, Zündapp décide d’abandonner le programme, malgré 80.000 marks payé à Porsche pour l’étude.
S’il n’a pas abouti, le projet de la Zündapp Typ 12 marque les prémices des études d’une voiture populaire par Ferdinand Porsche. Aussi, en 1933, le constructeur NSU commande à Porsche une étude de petite voiture, l’occasion approfondir les recherches avant que le gouvernement nazi ne fasse appel à lui pour développer la « Volkswagen », qui donna naissance à la KdF… Quant à la Zündapp 12, aucun des trois exemplaires n’a survécu à la Seconde Guerre Mondiale, le dernier modèle existant, le cabriolet appartenant à Porsche, disparaît en 1944 lors d’un bombardement américain, les deux berlines ayant quant à elle été mises au rebut.