Au milieu des années 1980, l’Autobianchi A112 a déjà plus d’une décennie dans les roues et la marque italienne, filiale du groupe Fiat, décide de lancer sa remplaçante dénommée Y10. Cependant, la voiture est aussi commercialisée sous la marque Lancia, ce qui tend à brouiller l’image du modèle. Et sans le savoir, la Y10 allait être la dernière Autobianchi…
Lancé en 1955, Autobianchi était une coentreprise entre Bianchi, Pirelli et Fiat, rapidement, le géant de Turin prend le pouvoir de ce constructeur et en fait un laboratoire pour le groupe qui testa de nombreuses solutions, comme la traction, le moteur en position transversale, la carrosserie synthétique… En 1969, Autobianchi présente l’A112, la voiture innove peu mais vise à consolider la position du groupe Fiat face à la Mini, un pari gagnant qui fait de l’A112 une voiture emblématique avec une production qui dépasse le million d’exemplaires.
A la fin des années 1970, les bureaux d’études de Fiat et de Lancia lancent divers projets visant à sortir plusieurs petites voitures. Les bureaux d’études sont mis en concurrence entre eux, font participer Pininfarina et Ital Design. De ces recherches sort la Fiat Uno, un projet étudié par Lancia qui se voit « indemnisé » par l’appui de Fiat pour le renouvellement de l’A112 dont pourra profiter Lancia sous sa propre marque. Le projet Y10 démarre donc en 1982 et est assez contraignant pour les ingénieurs : reprise de la plate-forme de la Panda, carrosserie aérodynamique, hayon en matériaux synthétiques pour alléger le poids de la voiture.
Au final, l’Autobianchi Y10 est présentée dans le cadre du salon de Genève qui se tenait en mars 1985, le projet a pris du retard en raison de divers soucis d’industrialisation en phase finale avec une production de présérie qui a pris plus de temps que prévue. Lors de la présentation de la voiture, l’Autobianchi Y10 choque en raison de sa ligne moderne et son hayon vertical, bien que certains commentateurs évoquent le côté banal de cette carrosserie. Cette ligne est l’œuvre du bureau de style Fiat qui signe une carrosserie aérodynamique avec un Cx de 0,31 seulement.
Toutefois, l’Autobianchi Y10 arrive à convaincre avec son habitacle plutôt riche en équipements, outre l’alcantara qui recouvre fauteuils et tableau de bord, la voiture s’équipe d’une radio, rétroviseurs réglables… Et de nombreuses options complètent le luxe à bord : vitres électriques, verrouillage centralisé… Les dessous de la Y10 proviennent de la Panda à l’exception du train arrière qui fut adopté sur la Panda dès 1986. Quant à la mécanique, la Y10 inaugure le moteur Fire qui se démarque par sa conception simple en faisant une mécanique économe et offrant un bon rendement.
Mais pour les débuts de la Y10, le public est surpris de voir la voiture présentée sous deux marques, Lancia et Autobianchi, les communiqués de presse affichent les deux logos et arborent la mention « une Autobianchi née Lancia ». En réalité, les deux marques se partagent les marchés de façon géographique : à Lancia l’Europe du nord, à Autobianchi l’Italie, la France et le Japon.
A son lancement, l’Autobianchi Y10 s’offrait en trois versions, la « Y10 Fire » et son moteur d’un litre offrant 45Cv, la Touring avec 55Cv et surtout, une version turbo de 85Cv qui vient prendre la place de l’A112 Abarth. Une Y10 4×4 apparaît en 1986 grâce à la transmission intégrale reprise sur la Fiat Panda 4×4. L’Autobianchi Y10 connait rapidement de bonnes ventes, le public s’adaptant à la forme de cette voiture pourtant décriée lors de son lancement…
A cette gamme complète se rajoute la version Fila lancée dès 1987, une version inspirée du monde du tennis alors en vogue, qui donne naissance à une version plutôt dynamique de l’Autobianchi Y10. Quelques séries limitées apparaissent dans la foulée, la Y10 Martini ou encore la Y10 Missoni en 1987, Avantgarde et Chic en 1988.
L’année 1988 est importante pour le modèle en France car l’importateur de Lancia, Chardonnet, arrive au terme de son contrat, lequel n’est finalement pas renouvelé. Autobianchi disparaît des écrans cette année là, Lancia reprenant à son compte la commercialisation du modèle au moment où la Y10 série 2 apparaissait. Autobianchi perdure en Italie jusqu’à la disparition du modèle en 1995, marquant alors la fin de la marque. Au final, la Y10 fut commercialisée à 1.133.774 exemplaires sous les marques Lancia et Autobianchi et entre petit à petit dans le monde du youngtimer, dont les versions atypiques sont déjà très rares…