Dans les années 1980, la Ford Sierra est un succès en Europe, tandis que les Etats-Unis sont à la recherche de voitures de taille plus petite, et certaines marques européennes ont la cote. Ford pense bon de commercialiser la Sierra aux States sous une toute nouvelle marque : Merkur…
Ford est un géant de l’automobile, un constructeur qui n’a pas hésité à créer des filiales selon les débouchés visés. C’est ainsi que l’on peut retrouver dans l’histoire du constructeur des filiales en Allemagne ou en Angleterre (entre autres), chacune avec des produits spécifiques, qui s’allient difficilement à la fin des années 1970 pour créer la division européenne de Ford. Cette entité arrive à s’imposer sur un marché jugé difficile par les américains, d’abord avec la Fiesta première du nom (lire aussi : Ford Fiesta MkI), puis dans les années 1980 avec la Sierra, une berline qui impose sa vision sur un marché plutôt conservateur.
Dans le même temps, certains constructeurs européens s’imposent aux Etats-Unis, les Mercedes-Benz, BMW, autres Volvo ou Saab y apportent un certain chic et une manière de rouler autrement tout en restant distingué. Tout le monde chez Ford s’accorde à dire qu’il existe un créneau qui permettrait d’écouler des Ford Sierra chez l’oncle Sam, et si cette berline est capable de satisfaire les européens, alors il n’y a pas de raison qu’elle ne plaise pas aux américains. Et déjà, les réseaux de distribution de Lincoln et Mercury, filiales de Ford, sont enthousiastes à l’idée de commercialiser la Sierra dans sa version sportive (lire aussi : Ford Sierra XR4i).
C’est donc décidé, la Ford Sierra XR4i sera commercialisée aux Etats-Unis par le biais du réseau Mercury, cette version lancée en Europe en 1983 connait son heure de gloire. Reste à régler un problème de propriété intellectuelle puisque aux Etats-Unis, le nom « Sierra » est la propriété de GMC. Les commerciaux de Ford essaient de trouver un nom proche, mais Ciera est détenu par Oldsmobile (groupe GM)… Ford aurait pu badger la Sierra d’un logo Mercury mais la voiture aurait perdu son exotisme européen. Finalement, la Sierra XR4i américaine impose la création d’une toute nouvelle marque : Merkur.
Hélas, le marché américain est exigeant quant à ses normes et ne permet pas la commercialisation en l’état de la voiture, qui doit repasser à la case développement puisque plus de 850 points doivent être modifiés pour obtenir l’homologation américaine. Par conséquent, Ford fait appel à Karmann pour sous-traiter la production des Sierra américaines sur une ligne spéciale, adieu les économies d’échelles… C’est quasiment un tout nouveau véhicule qu’il faut assembler…
Concernant le moteur, la Merkur ne peut utiliser le V6 européen incompatible avec les normes américaines. Ford lui donne le « Lima », un quatre cylindres en ligne de 2,3 litres de cylindrée avec un Turbo qui lui souffle quelques chevaux supplémentaires (d’où le rajout du T dans XR4Ti). Sur le papier, ce moteur donne de bons arguments avec 177Cv en boite manuelle, ou 147cv avec une boite automatique, pour une vitesse de pointe à 210km/h et un 0-100km/h abattu en huit secondes.
Lancée en 1985, Ford donne toutes ses chances à la Merkur XR4Ti avec d’importantes campagnes de publicités pour tenter de la voir s’imposer. Offerte à 16.503$, la Merkur XR4Ti pouvait s’habiller de plusieurs options pour devenir une voiture haut de gamme : sellerie en cuir, sièges chauffants, vitres électriques, régulateur de vitesse, peinture métallisée… Ford reste sage sur les ambitions commerciales de la voiture et table sur 20.000 unités par an, ce qui ne représente rien sur le marché américain.
Hélas, dès la première année de commercialisation, les objectifs sont loin d’être atteints, 12.400 unités vendues en 1985. L’année 1986 ne voit pas le sursaut espéré avec seulement 13.599 Merkur XR4Ti… En 1987, la Merkur XR4Ti reçoit un léger restylage inspiré de celui de la Sierra européenne, tandis que nombre d’options sont intégrées dans l’offre de base, mais les ventes tombent à 7.342 unités… L’aventure continue en 1988 et connait une nouvelle chute des ventes qui s’établissent à 6.383 unités, Ford se rend à l’évidence, la XR4Ti est un échec commercial et les frais sont arrêtés, les stocks écoulés sur les millésime 1989 et Merkur disparaît… Seules 42.646 XR4Ti ont trouvé un acquéreur un cinq ans, bien en dessous des 100.000 unités attendues sur cette période…