Lorsque commencent les années 1960, l’industrie automobile française a perdu ses constructeurs de microcars, les deux principaux acteurs qu’étaient Mochet et Rovin ont fermé leurs portes en 1958, de même que Velam qui produisait l’Isetta. La Vespa d’ACMA continue sa carrière jusqu’en 1961, sans descendance. Dès lors, il n’y a guère que le Solyto qui demeure sur le segment des microcars, notamment en raison de son utilité particulière. Il faut dire que la concurrence des véritables automobiles s’était faite plus forte, lorsque il fallait attendre de nombreux mois (ou années) au début des années 1950 pour prendre possession de son automobile, la donne n’était plus la même dix ans plus tard. Aussi, la production en grande série a permis de démocratiser la voiture et diminuer le prix d’achat, lorsque la production des microcars, restée artisanale, est restée à des prix élevés et désormais proche des automobiles populaires.
Pour autant, le segment des microcars peut avoir un rôle à jouer. Tel est l’avis de Monsieur Henri Willame, président de Lambretta France, qui y voit un segment avec peu de concurrence et une possibilité d’utiliser les moteurs de l’entreprise qu’il représente, Lors du salon de Paris 1966, il découvre le stand de l’italien Carlo Lavezzari, lequel présentait un prototype de microcar à moteur 125cm3 Lambretta. Il s’agissait d’une voiture basique à châssis tubulaire en acier, moteur à l’avant qui transmet le mouvement aux roues arrière. La voiture reçoit la suspension avant des Fiat 500; une direction à crémaillère et une boite à quatre rapports. Pour la carrosserie, Lavezzari avait fait appel au carrossier Scattolini qui proposait une ligne carrée, simple à emboutir et produire. Il en fallait pas moins pour intéresser Henri Willame.
Le contact entre Willame et Lavezzari débouche sur un contrat signé en 1967, La voiture sera produite en Italie mais destinée au marché français, il paraissait alors difficile d’entrer sur le marché italien face à Fiat qui n’hésitait pas à faire capoter tout projet de potentielle rivale à ses petites voitures. Les deux hommes s’associent pour fonder l’entreprise « Lawil Costruzioni Meccaniche e Automobilistiche S.p.a. », elle dispose d’une petite usine à Peschiera del Garda, dans la province de Brescia. Les voitures sont produites sous la marque Willam et leur commercialisation débute courant 1967.
Au tout début, la gamme Willam ne comptait que la Farmer à la carrosserie découvrable, qui n’était pas sans rappeler la Jeep américaine, équipée des moteurs Lambretta 125 ou 175cm3. Pouvant être conduite avec le seul permis A1, la Willam reçoit un bon accueil par le public français. Aux côtés de la Farmer, on trouve la City dont la seule différence est d’avoir une carrosserie totalement fermée. La Willam voit son carnet de commandes augmenter rapidement, la petite usine de Peschiera del Garda est rapidement dépassée et la production rapatriée à Varzi, ville du siège social, 200 kilomètres plus au sud de la première implantation. Un succès qui pousse Lawil à se lancer sur le marché italien avec une voiture modifiée (elle adopte un moteur BCB de 246cm3), sans grand succès.
En France, la gamme Willam se trouve complétée par une version break, il s’agit d’une City rallongée pour accueillir quatre personnes. Du break fut décliné une logique version utilitaire avec 400kg de charge utile. Enfin, en 1969, arrive une version pick-up. Cette gamme perdure jusqu’en 1980, année où un restylage intervient sur la face avant : calandre rectangulaire en plastique noir, clignotants issus de l’utilitaire Fiat 900 T. Cette gamme de véhicules perdure jusqu’en 1990 en France.
A côté de la gamme initiale City-Farmer-Break, Willam devient rapidement un importateur de véhicules sans permis produits à l’étranger pour les commercialiser en France sous son propre blason. On trouve la Willam Frog, commercialisée à partir de 1970, il s’agit d’une voiturette produite par Baldi à San Remo en Italie. Légèrement plus longue que la City (13cm), elle est construite avec une carrosserie en polyester et peut accueillir deux occupants. A ses côtés, la Sulky, une voiturette à trois roues ne pouvant accueillir qu’un seul occupant, construite avec une carrosserie en tôle et assemblée par l’italien Casalini. Enfin, à partir de 1975, Willam commercialise la Cyclo, qui n’est ni ni moins qu’une Acoma Mini Comtesse. Etre importateur de véhicules sans permis permet à Willam de perdurer jusqu’en 1990, mais une concurrence française (composée de Ligier et Teilhol pour les plus connus) produisant leurs propres véhicules et répondant mieux aux attentes de la clientèle coupe l’herbe sous le pied de cette entreprise.