Reconquérir le marché des cabriolets haut de gamme, voilà l’ambition de General Motors dans les années 1980, un segment abandonné au profit des Mercedes et autres Jaguar. Pour lutter face aux européennes, General Motors met sur le coup sa filiale haut de gamme, Cadillac, et opte pour une carrosserie à l’européenne signée Pininfarina. Ainsi naît la Cadillac Allanté…
Dans les années 1980, les constructeurs européens sont bien implantés aux Etats-Unis sur le segment des cabriolets de luxe, sur lequel brillent Mercedes avec sa SL ou Jaguar avec la XJS. Lassés par cette réussite, les constructeurs américains préparent leur réplique, General Motors est parmi les premiers, suivi de Chrysler et sa TC by Maserati (lire aussi : Chrysler TC by Maserati). Chez General Motors, c’est la marque Cadillac, celle qui représente le haut-de-gamme du groupe, à qui on demande de concevoir une voiture capable de contrer les cabriolets européens.
Pour rivaliser avec ces derniers, les dirigeants de Cadillac préfèrent appeler un bureau de design européen plutôt que de faire fonctionner son propre bureau de style, et c’est l’italien Pininfarina qui est choisi. Celui-ci propose cinq études de style à Cadillac, certaines plus classiques et d’autres davantage modernes. En interne, le choix de faire appel à Pininfarina ne plait pas au bureau de style de Cadillac, mené par Wayne Kady, qui y voit un affront et propose sa vision du cabriolet de luxe. Proposition rejetée par Cadillac qui préféra un des projets Pininfarina.
En prenant la version Pininfarina, Cadillac optait également pour la sous-traitance des carrosseries par Pininfarina, peut-être pour donner une véritable origine européenne à à l’Allanté. Mais cela mène à un casse tête pour la production de la voiture : réalisée sur une base d’Eldorado construite à Détroit, celle-ci part en Italie par avion jusqu’au ateliers Pininfarina où le véhicule reçoit sa carrosserie, avant de repartir en avion aux Etats-Unis pour l’implantation mécanique, l’habitable et les finitions. La plus longue chaîne de montage, comme le dit la presse spécialisée, réquisitionne trois Boeing 747 cargo d’Alitalia et de Lufthansa à plein temps, spécialement aménagés pour l’opération pour emmener 56 voitures. Il se dit même que General Motors dû financer le rallongement de la piste d’aéroport de Turin pour accueillir ces avions.
Commercialisée à partir de 1987, la Cadillac Allanté présentait ainsi une ligne différente des autres Cadillac, presque élégante. Hélas, la capote des premiers exemplaires n’est pas à la hauteur du standing de la voiture, trop peu élégante une fois mise en place. Aussi, le moteur qui équipe alors la voiture, un V8 de 4,1 litres de cylindrée développait seulement 170Ch est jugé trop faible pour la voiture, Cadillac répond aux critiques avec le V8 de 4,5 litres pour 200Ch, c’est mieux mais ce n’est toujours pas ça… Rajoutez à cela un prix élevé en raison du processus de production (57.000$, soit la plus chère des Cadillac d’alors), et vous obtenez une voiture qui n’a jamais atteint ses objectifs de commercialisation, pourtant fixé à 6.000 unités par an.
C’est seulement fin 1992 que Cadillac opère les modifications qui auraient dû être apportées dès le début, à savoir modifier la capote pour rendre sa grâce à la voiture, et l’équiper du V8 Northstar de 295Ch. Il était trop tard pour l’Allanté, les ventes ne furent pas relancées, si bien qu’en 1993, Cadillac signe la fin de cette voiture, après 21.430 unités produites. Ce camouflet ne pousse pas Cadillac à concevoir une remplaçante à sa voiture, il faudra d’ailleurs attendre une décennie pour voire apparaitre un nouveau cabriolet Cadillac…