En 1987, Citroën décide de stopper la commercialisation de la Méhari après dix-neuf années de carrière qui ont permis de défricher le marché de la voiture de plage. Voiture de loisirs, la Méhari savait aussi être un utilitaire appréciable dans les campagnes, sa réussite lui vaut d’être copiée, mais aucune n’arriva à faire vaciller la Citroën. Alors quand Citroën arrête la Méhari, de nombreux artisans constructeurs tentent leur chance, dont l’auvergnat Teilhol avec sa Tangara.
En 1987, lorsque Teilhol présente la Tangara, c’est presque une conclusion pour l’entreprise du Puy-de-Dôme. En effet, Teilhol était connu pour son activité de carrossier dans l’univers de l’utilitaire, et notamment avec des Estafette qui lui permet de faire connaitre davantage et d’entretenir un partenariat avec la Régie Renault, c’est ensuite en produisant la Rodéo de Renault, une concurrente de la fameuse Méhari, que Teilhol est connu du grand public, alors sous sa dénomination d’alors, ACL (pour Ateliers de Construction du Livradois). Avec la Rodéo, Teilhol est un partenaire privilégié de Renault jusqu’aux années 1980, mais à cette époque, Renault est en proie aux difficultés financières et pour se redresser, la direction du losange coupe les branches peu porteuses.
Avec 60.000 exemplaires produits depuis 1970, la Rodéo n’a pas convaincu face à la Méhari, d’autant que la recette Rodéo fut déclinée en trois versions (Rodéo 4, 5 et 6) sans qu’aucune n’arrive à se démarquer. Dès lors, Renault décide d’arrêter ce modèle et rompt le partenariat avec Teilhol, qui voit alors la plus grande partie de son chiffre d’affaire disparaître. Si Teilhol est toujours présent dans le domaine de la carrosserie industrielle et celui de la voiture sans permis, ces activités ne peuvent remplacer la Rodéo dont Teilhol produisait alors 2.000 unités par an. Mais Teilhol, propriétaire de son outillage, disposant d’un savoir faire, et l’arrêt annoncée de la Méhari lui permet d’entrevoir l’avenir en devenant constructeur de sa voiture de plage. Cela est d’autant envisageable que Teilhol avait initié un partenariat avec Citroën pour transformer les C15 et C25, des contacts qui permettent d’obtenir facilement la fourniture de moteurs et de châssis de 2CV pour développer sa voiture.
Teilhol fait ensuite ce qu’il sait faire, dessiner et produire une carrosserie en polyester pour habiller cette base. La Tangara est finalement présenté en mars 1987, Teilhol mise sur une clientèle éclectique composée de jeunes, d’artisans et agriculteurs, voire simplement des clients en quête d’une voiture ludique… Simplicité, fiabilité, entretien réduit, et faible poids sont les arguments mis en avant par Teilhol, qui peut compter sur une homologation par Citroën permettant de bénéficier du réseau Citroën pour le service après-vente. Pour construire la Tangara, Teilhol a eu accès à la banque d’organes de Peugeot-Citroën, on trouve ainsi des feux de Peugeot 205, de nombreuses pièces issues des 2CV (phares, instrumentation…) et de C15 (serrures, essuie-glaces…).
Tous les voyants semblent au vert pour Teilhol, qui occupe un marché sur lequel les grands constructeurs sont partis. Avec un produit bien fini et de qualité, Teilhol reçoit plusieurs centaines de commandes la première année, dont une de l’armée française portant sur quatre cent unités. Une version 4×4 est proposée en option avec la transmission développée par Voisin, elle ne fut commercialisée qu’à 47 exemplaires. Mais si la Tangara fait un beau démarrage, sa carrière est déjà condamnée par les normes contraignantes qui entreront en vigueur au début des années 1990 (et qui condamneront 2CV et R4, entre autres). Alors Teilhol travaille à intégrer une quatre cylindres de la Citroën AX, le 1.124cm3 de 54ch, cette version de la Tangara arrive en 1990.
Entre temps, Teilhol avait également développé un nouveau modèle sur la base de l’AX, la Théva, lancé en 1988. L’ensemble Théva et Tangara à moteur d’AX aurait pu permettre à Teilhol d’envisager de continuer sa production malgré les nouvelles contraintes à venir, mais l’année 1990 est marquée par l’éclatement de la bulle spéculative autour des voitures de prestige, entrainant la faillite de petits constructeurs. Les banques deviennent de plus en plus frileuses et même un Teilhol, pourtant bien établi dans un paysage automobile français, en fait les frais. Le 21 mars 1990, Teilhol est contraint de déposer le bilan, la liquidation de la société suivait rapidement. On compte environ 1.100 Tangara à moteur de 2CV et seulement 65 Tangara à moteur d’AX…