Alpine est morte, vive Renault Sport ! Voilà en substance ce qu’il se disait lors de la présentation du Spider. Première pièce de la division sportive de Renault, le Spider est l’une des rares pures sportives du losange, un véhicule collector dès sa présentation puisque produit en toute petite série. Revenons sur ce véhicule totalement déjanté…
Nous sommes en octobre 1990, Renault présente un concept-car qui fait date, la Laguna Roadster, une barquette sans pare-brise motorisée par un quatre cylindres essence de 2,0 litres, avec turbo, de 210Cv, lequel est positionné en position centrale arrière. Dévoilé dans une teinte bleue, le concept-car aurait pu être badgé Alpine, d’ailleurs, les observateurs s’attendent à une déclinaison civile de ce concept sous la marque Dieppose. Mais rien ne vient…
En réalité, Laguna Roadster n’était qu’une étude de style, la commercialisation d’un tel modèle n’était pas envisagé. Du moins, jusqu’à la fin de l’année 1993, Renault décide de lancer l’étude d’un véhicule sportif à moteur central arrière, un premier prototype est réalisé pour la Pentecôte 1994. Chez Renault, on est bien décidé à faire homologuer un tel véhicule et le commercialiser en petite série, ne serait-ce pour dynamiser l’image de la marque. Un second prototype est réalisé puis présenté en septembre 1994 au PDG, Louis Schweitzer, qui se laisse convaincre et donne son aval.
Le projet W94 démarre, Renault fait appel à l’entreprise Nogaro technologie, spécialisée dans la conception de véhicules destinés à la compétition automobile, à qui Renault laissa, hormis deux impératifs, carte blanche. La première règle était de reprendre au maximum les études de la future Alpine A710, la seconde de pouvoir embarquer un moteur quatre cylindres de deux litres. Nogaro Technologie réalise un châssis en aluminium, dote la voiture de suspensions indépendantes, et conçoit un demi pare-brise appelé saute-vent qui fut breveté par l’entreprise. Le design de la voiture est quant à lui signé par les équipes de Renault, qui signent une ligne rappelant l’Alpine A110, Renault opte pour des portes en élytre afin de faciliter l’accès à bord.
En revanche, le moteur est quant à lui bien connu puisque le Spider s’équipe du quatre cylindres à seize soupapes que la clientèle retrouve sous le capot des Clio Williams. D’une cylindrée de 1.998cm3, ce moteur propose 147Ch et permet au spider de filer jusqu’à 213kmH et d’abattre le 0 à 100km/h en 6,9 secondes. Certains clients en auraient souhaité davantage, mais le rapport poids/puissance de la Spider est déjà intéressant.
Il faut attendre la fin de l’année 1995 pour en savoir un peu plus sur la Renault Spider, la voiture est commercialisée dans la seconde partie de l’année 1995, la première Spider est produite en décembre 1995. Notons que la voiture est assemblée dans l’Usine de Dieppe, l’ancienne usine d’Alpine d’où venait de sortir la dernière A610 en février de la même année (lire aussi : Alpine A610). La voiture est disponible dans sa version saute-vent, dont le poids est finalement de 930kg, ou en version pare-brise avec 965kg (et des performances légèrement en baisse : 204km/h en V.Max). Trois coloris sont proposés, le Jaune Sport Nacré, le Bleu Sport Nacré, et le Rouge Sport Nacré… Les trois couleurs de Renault Sport !
Dans l’habitacle, le Renault Spider s’équipe de deux sièges baquets, trois compteurs , un bouton de warning, un levier de vitesse, et un pédalier, le strict minimum. En option, le client pouvait embourgeoiser son Spider d’une radio, d’une sur-moquette, d’un porte-bagages, de jantes spécifiques et, pour la version pare-brise, une capote en toile. Pour la sécurité, un airbag conducteur était lui aussi disponible en option. A noter que le Spider n’offre pas de commandes de chauffage, celui-ci est assuré par le radiateur d’eau situé dans le dos des passagers. Enfin, la Spider offre un coffre à ses occupants, un volume faible mais qui permet d’emporter de quoi partir en week-end en serrant un peu.
Le Renault Spider ne connait pas d’évolution au cours de sa carrière, si ce n’est la possibilité de le choisir en gris en toute fin de carrière. Le Spider à pare-brise ne fut effectivement disponible qu’à la fin de l’année 1996. Proposé au prix de 199.500 Francs, un prix élevé en 1995, le Renault Spider devient rapidement démodé par la Lotus Elise dévoilé quelques mois plus tard. L’anglaise est plus légère et moins chère tant à l’achat qu’à l’utilisation.
Au final, produite de 1995 à 1999, la Renault Spider atteint le chiffre de 1.726 unités, dont 80 sont des Spider Trophy, destinés à courir dans une formule monotype organisée par Renault Sport. La Spider n’a pas de descendance directe dans la gamme Renault, mais une autre sportive décalée attend de pointer le bout de son museau : la Renault Clio V6. Quant à Alpine, la marque renaitra dans les années 2010 après 20 ans d’absence…