La Société des Automobiles Pilain, plus connu sous l’acronyme SAP, est un constructeur d’automobiles français, situé à Lyon, actif entre 1904 et 1918.
Il est des familles dans lesquelles l’automobile est une vocation, c’est notamment le cas chez les Pilain, dont on se souvient d’Emile Pilain, qui fut l’un des fondateurs de la marque Rolland-Pilain, située à Tours, et qui marqua son époque par ses engagements sportifs. Mais ce serait vite oublier le cas de l’oncle d’Emile Pilain, François Pilain, qui œuvra pour l’automobile dès 1887. On le trouve alors chez Serpollet où il supervise la production des tricycles à vapeur, puis chez La Buire, avant qu’il ne se mette à son compte en 1893 pour fonder la société des « Voitures François Pilain et Cie« , initialement un bureau d’études autour du moteur à essence avant de se lancer dans une véritable activité de constructeur entre 1894 et 1896.
Cette première aventure automobile est arrêtée lors François Pilain est appelé par Vermorel, producteur de machines agricoles, pour créer un département automobile qui sort sa première voiture en 1898. En 1901, François Pilain souhaite à nouveau voler de ses propres ailes et quitte Vermorel, il loue un atelier à Lyon, 51 rue de l’Abondance, et y fonde la « Société des Automobiles Pilain » avec des partenaires financier qui investissent en contrepartie de l’apport des droits des inventions actuelles et à venir de François Pilain à la société. Pendant deux ans, la société vit avec des opérations de réparation d’automobiles, François Pilain teste des moteurs deux et quatre cylindres qu’il installe sur des voitures qui restent au stade des prototypes.
C’est seulement en 1904 qu’est commercialisée la première voiture de la Société des Automobiles Pilain, la Type 4A équipée d’un quatre cylindres de 6.124cm3 de 20HP, une voiture remarquée pour certaines solutions : allumage par magnéto à haute tension, transmission indépendante de l’essieu arrière semblable au système de Dion. Quelques mois plus tard apparaît la Type 4B avec 8.621cm3 pour 40/60HP, qui s’équipe d’un radiateur rond qui devient dès lors le signe distinctif de la marque. Déjà, les Pilain se remarquent par leur qualité de finition qui n’a rien à envier aux marques déjà installées, et les commandes arrivent petit à petit, la gamme s’agrandit des Type 4E et 4D. Pour faire connaitre sa marque, Pilain engage quatre voitures – dont une qu’il pilote – à la Coupe Rochet-Schneider 1904, avec une seconde place pour la mieux classée, 5, 6 et 20ème place pour les autres voitures.
Malgré cette bonne santé apparente, les actionnaires de la Société des Automobiles Pilain limitent les ambitions créatrices de François Pilain qui auraient pu faire couler l’entreprise en 1905, et orientent l’argent vers la construction d’une grande usine à Lyon afin de favoriser la production. Le pari est gagnant puisque la SAP enregistre ses premiers bénéfices en 1906 avec une production de 150 châssis, année également marquée par une commande de camionnettes par les Postes et Télécommunications (pour cinq unités). Les premiers bénéfices sont réinvestit dans l’acquisition de machines-outils permettant de produire davantage de pièces et limiter le nombre de fournisseurs (jusque là, la SAP n’assemblait que des pièces provenant de fournisseurs).
La gamme est renouvelée avec les Type 4G et 4F, évolutions respectives des 4A et 4D, et un nouveau modèle apparaît, la Type 4H. En 1907, la SAP produit à une cadence d’une voiture par jour, la marque jouit d’une très bonne réputation grâce à la robustesse de ses productions, cette année est également marquée par un engagement à la Targa Florio, une 40/60Hp spécialement conçue pour l’épreuve est mise entre les mains de Pizzagalli qui signe la pole position, mais ne brille pas lors de la course, ce fut le dernier engagement officiel de la marque en sport auto.
Fin 1907, les actionnaires reviennent à la charge pour limiter les pouvoirs de François Pilain. Il reste « Directeur Général et Technique », mais consigné dans les faits à la mise au point des automobiles. Toutefois, le carnet de commandes diminue fortement en 1908, entraînant une réduction de la gamme à trois exemplaires en 1909. La Type 40 apparaît à cette occasion, il s’agit d’une petite automobile économique avec un quatre cylindres de 1940cm3. A ses côtés, on retrouve les SAP Type 4P et 4L. La situation de la SAP ne se redresse pas, restant sur une cinquantaine d’exemplaires pour chacune des années 1908 et 1909, si bien que François Pilain est débarqué de sa propre société.
Dès lors, la SAP est réorganisée pour se concentrer sur les nouveaux modèles Type 4L et 4O, les anciens modèles sont stoppés rapidement et le stock de pièces écoulé au fur et à mesure des opérations d’entretien des voitures. La SAP Type 4M apparaît avec un moteur de 4.398cm3, la marque mise davantage sur la publicité, des efforts qui portent leurs fruits puisque la production (et les ventes) doublent en 1911 puis en 1912. Arrivent ensuite les Type 4S avec un quatre cylindres 10-12HP, et la Type 6R avec un six cylindres de 2.389cm3. La première s’octroie divers records dans la catégorie des automobiles de 1600cm3 en janvier 1912 : 800 mètres à 90km/h, 1.000 mètres à 89km/h de moyenne, 61 miles en 60 minutes… La gamme s’agrandit encore des Type 4T et 4U, portant alors la gamme à neuf châssis différents, et des moteurs s’étalant de 1,0 litre à 6,3 litres.
Cette multiplication de modèles entraînent des frais qui dégradent les capacités financières de la SAP, d’autant qu’un procès avec Renault sur un brevet de prise directe amène des tracas administratifs. La Première Guerre Mondiale arrive et met un terme à l’activité automobile, l’usine de la SAP est convertie pour l’effort de guerre et produit désormais des mitrailleuses Hotchkiss, entreprise dont le siège est délocalisé à Lyon sur ordre gouvernemental. D’ailleurs, Hotchkiss proposa en 1917 de racheter les installations de la SAP, offre qui semble avoir été acceptée courant 1918, en conséquence, le conseil d’administration de la SAP procède à la liquidation de la société.
La Société des Automobiles Pilain est morte, vive la Société Lyonnaise d’Industrie de Mécanique (SLIM), qui reprend à son compte la production des Pilain. Dans un premier temps, la production s’articule autour de modèles d’avant guerre qui conservent le nom « Pilain », la première nouveauté apparaît lors de la Foire de Lyon de mars 1920 sous le nom « SLIM-Pilain », la Type AP, qui perd rapidement le nom Pilain. La SLIM vivota jusqu’en 1925… Quant à François Pilain, dépossédé en 1909 de son entreprise (et de ses brevets), il obtient toutefois une prime de départ (en justice) qui lui permet de s’adonner à de nouvelles inventions et fonde en 1912 un atelier d’études et de prototypes, avant de fonder en 1914 un nouveau constructeur, la Société des Automobiles François Pilain, mais la première guerre mondiale aura raison de cette dernière tentative.