Dans les années 1960, le segment des voitures sportives émerge en France avec Alpine, CG ou encore Matra. Ce marché est florissant, l’offre est complétée par des sportives extrapolées de voitures de série comme la Renault 8 Gordini. Et, en marge de ce segment apparaissent des artisans proposant notamment des « kit-car » comme la B.S.H…
Depuis les années 1950, les artisans du monde de l’automobile ont appris a manier les matériaux synthétiques comme le plastique qui présente l‘avantage de la légèreté, le marché voit ainsi apparaître de nombreuses petites voitures à vocation sportive en utilisant les moteurs des grandes marques d’alors qui sont plus ou moins ouvertes à ce genre d’activités.
Dans d’autres pays, c’est le kit-car qui est à la mode, c’est-à-dire des voitures en kit à monter soi-même. Le kit-car met plus de temps à s’implanter en France, la faute aux mentalités mais aussi à la législation beaucoup plus souple ailleurs, notamment au Royaume-Uni, véritable paradis pour ce genre d’automobiles. Mais pour certains artisans, le kit-car apparaît comme une solution intéressante pour concevoir une voiture avec moins d’investissement en évitant des frais sur la partie assemblage. C’est le raisonnement que tient Max Saint-Hilaire à la fin des années 1960…
Max Saint-Hilaire a fait ses premières armes dans la conception d’automobiles avec Jacques Durand pour lequel il a travaillé sur la carrosserie des Alta, Panhard Sera ou encore sur l’Arista. A la fin des années 1960, Max Saint-Hilaire décide de voler de ses propres ailes et conçoit un prototype dans son garage d’une voiture à moteur de Renault 8 et à carrosserie en polyester. Cette aventure reçoit rapidement l’aide de François Benais qui apporte les capitaux nécessaires pour fonder une entreprise, B.S.H (pour Benais Saint-Hilaire) naissait courant 1969, son atelier se situait à Issy-les-Moulineaux.
La première voiture B.S.H est terminée courant septembre 1969, il s’agit d’un coupé dont la ligne est particulière… A la décharge de cette jeune entreprise, cette voiture a été conçue sans dessins préalables ! Mais la petite B.S.H a tout d’une sportive dans son aspect, un avant très fin plongeant vers la route avec deux optiques sous bulle rappelant les Porsche ou Ferrari courant les 24 heures du Mans à cette même époque. L’arrière est plus particulier, une face perpendiculaire à la route, très haute et totalement lisse avec juste une sortie d’air pour le moteur et deux feux… Quant au profil de la voiture, il mesure 1,13 mètres, ce qui est très grand pour un kit-car mais ceci présente un avantage : dégager un grand habitacle pour les personnes mesurant plus d’un mètre quatre-vingt.
Conception artisanale oblige, la B.S.H utilise des pièces venant des grands constructeurs, les optiques arrières proviennent de la Renault 8 ou de la Simca 1000 selon les disponibilités, le pare-brise est la lunette du hard-top de la Renault Floride… le kit B.S.H se compte, outre de cette carrosserie en polyester armé, d’un châssis tubulaire à poutre central en acier, du vitrage en plexiglas (à l’exception du pare-brise), deux fauteuils baquets et des pièces spéciales pour terminer l’assemblage de la voiture : pédalier, suspensions, commande de boite de vitesse…
Concernant la mécanique, c’était au client d’acheter un moteur en plus du kit qui avait été réalisé pour intégrer un moteur de Renault 8, Gordini de préférence. L’idée est loin d’être saugrenue, lancée fin 1969, la Renault 8 Gordini a déjà cinq ans au compteur et les modèles accidentés se ramassent à la pelle moyennant entre 2.000 et 4.500 Francs selon l’état de la voiture. Cela permet de récupérer, outre la mécanique, les trains avant et arrière, ainsi que l’instrumentation du tableau de bord ! Mais revenons au moteur qui est positionné en porte à faux arrière avec boite de vitesses à l’avant. Avec le 1300 Gordini, la B.S.H frôlait les 200km/h en vitesse de pointe et courait le 1.000m départ arrêté en 31,5 secondes.
L’avantage du kit-car tient au fait que les clients les moins fortunés pouvaient y intégrer un simple moteur de Renault 8 Major, le 1108 de 50Cv, tandis que les plus riches pouvaient s’offrir le 1500 de la Renault 16, voire des moteurs issus d’une autre marque. Rares sont les B.S.H a avoir utilisé un moteur autre qu’un quatre cylindres de Renault 8… Plus tardivement, certains propriétaires de B.S.H ont pu troquer le moteur de R8 contre celui de la Renault 5 !
Parlons argent justement, le kit B.S.H était commercialisé moyennant 9.250 Francs et nécessitait 200 heures de montage pour arriver à une voiture capable de rouler et d’être homologué, car le coupé B.S.H. ne l’a jamais été. C’est donc au travers d’une procédure de réception à titre individuel que les coupés B.S.H pouvaient être immatriculés. Pour les clients peu bricoleurs, B.S.H. pouvait monter la voiture pour 15.000 Francs kit compris, à condition d’apporter les éléments mécaniques.
Le coupé B.S.H a ainsi pu connaitre une belle carrière en compétition, avec une participation en 1971 au Tour Auto avec un moteur 1.600cm3. Mais l’aventure B.S.H. n’ira pas plus loin que l’année 1971 à cause du départ de François Benais en fin d’année. Si Max Saint-Hilaire continue l’aventure seul, il ne vend que deux kit en 1972, ce qui met un terme à la fabrication de ce kit-car après une petite cinquantaine d’exemplaires réalisés, dont la moitié des exemplaires ont été détruit en compétition.