En 1994, le carrossier picto-charentais Heuliez présente son interprétation de la Renault Safrane à la sauve break : la Long Court. Une proposition intéressante qui marque les esprits, mais qui resta sans suite commerciale…
Dans les années 1980, le carrossier Heuliez se fait une spécialité dans la conception et la production de versions break, une activité débuté avec la Citroën BX. Alors qu’une version break n’était pas au programme de la BX, les talents des diverses filiales de Heuliez permettent d’infléchir la position de Citroën en proposant une version pratique, avec une carrosserie plaisante, et surtout facile à industrialiser. Pour Heuliez, s’en suivent la conception et la production des Citroën XM puis Xantia break… Au sein d’Heuliez, la filiale France Design est un bureau de style qui a pour mission de faire des propositions aux constructeurs, d’imaginer des versions à partir de modèles existants…
De son côté, Renault présentait en 1992 sa nouvelle berline haut de gamme, la Safrane. Renault porte de grandes ambitions dans sa berline puisqu’il s’agit de renouveler le succès de la Renault 25, le seul haut de gamme du losange qui avait trouvé son public depuis la nationalisation. Preuve en est, en 1993, Renault annonce l’arrivée (pour 1994) d’une version V6 Biturbo de 260 ch à quatre roues motrices pour aller « taper » de la Mercedes E420 ou de l’Audi 100 S4. En revanche, point de break au programme, Renault n’est pas un habitué de cette variante de carrosserie sur son haut de gamme, une absence qui s’explique historiquement par le choix du hayon depuis la R16.
La Renault Safrane
La Renault Safrane a le difficile rôle de remplacer la Renault 25, une tâche difficile car la R25 était la première berline haut de gamme à s’imposer sur le marché après de nombreux échecs. Si la Safrane n’atteint pas des volumes aussi conséquents que sa devancière, elle … [en savoir plus…]
L’absence de proposition break sur la Safrane est remarquée par France Design, qui imagine une telle version sur le papier et la couche sur le papier :la Safrane Long Court. Un dessin d’étude fut présenté sur le stand Heuliez au salon de Genève 1993, il est remarqué par l’un des collaborateurs de Patrick Le Quément, directeur du design industriel chez Renault. Il faut dire que la proposition faite par France Design allie une ligne sportive et le côté utilitaire, des qualités appréciés outre-Rhin et qui pourraient permettre d’y ‘imposer la Safrane. Des contacts ont lieu entre Heuliez et Renault, du côté du constructeur de Billancourt, on veut se faire une idée du projet et on passe commande d’un prototype roulant.
Renault prélève une Safrane V6 i 170 sur les chaines de montage et l’expédie à Cerizay, au sein des ateliers d’Heuliez. Là, la transformation s’opère, Patrick Le Quément fera le déplacement pour assister à l’avancée des travaux. Par rapport à la Safrane berline, la Long Court voit son arrière totalement redessiné : porte arrières, pare-chocs arrière et passage de roues sont modifiés. Pour autant, si la partie arrière est inédite, le dessin originel de la Safrane est respecté. Les feux étirés et le toit vitré sont les seules originalités de la voiture. On donne à la Safrane Long Court l’aspect extérieur de la Safrane Biturbo en adoptant son pare-chocs avant proéminent et ses larges jantes alliage, permettant d’allier aspect haut de gamme et sportif.
Dans l’habitacle, c’est le grand luxe : quatre fauteuils individuels recouvert de cuir bleu assortie à la carrosserie. Une cloison occultable électriquement permet de séparer l’espace de chargement de l’habitable, on trouve également des tablettes électriques et un accoudoir central escamotable entre les deux fauteuils arrière. Bref, on recherche le prestige de la limousine pour faire oublier l’image utilitaire du break.
Présentée sur le stand Heuliez lors du salon de l’automobile de Paris 1994, la Safrane Long Court fait sensation, tandis que chez Renault, on présente l’Espace F1 qui resta à la postérité. Cette présentation chez Heuliez et non sur le stand au losange marque sans doute un désintérêt de Renault pour cette proposition. D’ailleurs, une fois le salon fermé, la Safrane Long Court file dans les réserves Heuliez et reste sans lendemain. Un choix sans doute emprunt de sagesse chez Renault pour laisser le champ libre à l’Espace. En outre, l’arrivé des monospaces avait en effet diminué le marché des grands breaks, ce que Renault pouvait constater avec la faiblesse des ventes du break XM commercialisé depuis fin 1991…
Heuliez / France Design
En 1994, Heuliez se fait également remarquer par sa proposition de cabriolet sur base Citroën ZX. En outre, le carrossier picto-charentais produit pour le compte du constructeur au double chevron la version break de la XM… [En savoir plus…]