Remettre en marche les installations industrielles de Renault fut l’une des priorités de l’Etat français à la libération, un programme qui nécessite de renouveler la flotte des Fardier de l’usine avec le Type 212 E1 construit de 1947 à 1948…
Fin août 1944, Paris est sa région sont libérés du joug de l’occupant allemand, le Général de Gaulle prononce une phrase qui fait date « Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé… ». Étonnamment, Paris fut dans son ensemble épargné, et à quelques encablures, à Boulogne-Billancourt, où les installations des usines Renault furent bombardées à trois reprises pendant l’occupation, mais toujours reconstruites, Louis Renault s’attelle à relancer la production. En quelques semaines, Louis Renault arrêté, décède, ses usines nationalisées et transformées en Régie Nationale début 1945, sanctionnant des faits de commerce avec l’occupant.
Le complexe industriel de Renault est l’un des plus grands de France et le remettre en marche est une priorité. Juvaquatre et utilitaires sont remis en production, on prépare l’arrivée de la 4CV. Dans un complexe de plusieurs hectares, avec des ateliers disséminés et parfois sans lien logique, il est souvent nécessaires de réaliser des transports au sein de l’usine, Renault possédait plusieurs « Fardiers » avant-guerre, réalisés sur des camionnettes KZ. A la libération, les « Fardiers » sont souvent usés, nombre d’entre eux ont été perdus lors des bombardements, mais ils sont largement suffisant pour remettre le complexe Renault en état.
Avec la monté en cadence des productions, les « fardiers » sur base KZ montrent leurs limites et leur remplacement constitue une priorité dès l’année 1946. Les bureaux d’études de la Régie Renault imaginent alors une nouvelle génération de fardiers en piochant dans la banque d’organes d’alors : pour la base, on utilise le châssis du Renault type 206 « 1.000kg », on troque toutefois son moteur 85 de 2,4 litres contre le petit quatre cylindres de 1.000cm3 de la Juvaquatre.
Le moteur est placé en porte à faux avant et situé à côté du conducteur, avec le minimum de séparation avec l’habitacle : le véhicule doit être fonctionnel, peu importe que le conducteur soit gêné par le bruit ou l’odeur. Le tout est habillé d’une cabine tout acier aux formes angulaires, protégée à l’avant par un tube qui fait office de pare-chocs, dont la réalisation est confiée aux carrossiers Driguet et Aérazur. Seuls éléments décoratifs, une calandre inspirée des Renault 1000Kg et un logo « Régie Nationale des Usines Renault » en zamak. A l’arrière, un plateau ridelles en bois prêt à accueillir toute sorte de produits sortant des ateliers Renault.
Le premier châssis est assemblé le 03 décembre 1946 et livré dans la foulée au carrossier Aérazur. En tout, jusqu’en mai 1948, c’est trois cent Renault Type 212 E1 qui ont vu le jour, livrés aux usines Renault de Billancourt et du Mans. Quelques exemplaires ont connu une carrière civile, mais la plupart restent affectés au sein des usines Renault, dont quelques rares exemplaires ont survécu jusqu’à nos jours.