Heureuse était l’époque où les carrossiers pouvaient œuvrer sur les voitures pour créer des versions atypiques et exclusives, le genre de véhicules à la diffusion trop restreinte pour que les constructeurs ne s’y intéressent. La Renault Frégate Autobleu est l’une de ces rares créations, un coupé qui aurait pu sublimer la gamme de la Frégate …
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Renault qui vient juste d’être nationalisé s’attèle à sortir une voiture populaire puis élargit sa gamme en 1951 avec la Frégate, une berline haut de gamme qui tentait d’aller marcher sur les plates-bandes de la Citroën Traction. Hélas, la voiture est lancée trop rapidement et des soucis de fiabilité viennent entacher l’image de la Frégate, les ingénieurs passeront de nombreux mois à fiabiliser la voiture.
Pour Renault, il n’était pas question de décliner la Frégate dans une version autre que la berline, seul un break apparaîtra en 1956 pour tenter de remplacer la Renault Colorale qui fut un échec commerciale. Mais la Régie se serait intéressé un temps à proposer une Frégate cabriolet pour surfer sur la tendance du marché et tirer parti de l’image positive de cette variante de carrosserie, c’est ainsi que Ghia a réalisé une Renault Frégate Cabriolet en 1953, mais la perspective d’une commercialisation était bien loin…
De manière autonome, des acteurs italiens vont prendre la Renault Frégate comme base pour préparer un coupé sportif. Parmi ces acteurs, on trouve le célèbre Abarth qui s’occupe de préparer le moteur : un quatre cylindres de 1.997cm3 développant 70Cv avec l’aide de deux carburateurs est monté sous le capot de la voiture, il se retrouve accolé à une boite à quatre rapport. L’ensemble permet une vitesse de pointe au delà des 170km/h (quand la berline était limitée à 130km/h).
Pour aller de paire avec cette vocation sportive, encore fallait-il habiller la Frégate d’une superbe ligne coupé. Et à cette époque, les carrossiers italiens étaient des spécialistes des petites sportives. Hélas, la paternité de la ligne n’est pas connue, mais la carrosserie a été construite par l’italien Boano, qui termine le premier exemplaire pour une première présentation lors du salon de Turin 1955.
Mais que vient faire Autobleu dans la dénomination de cette voiture ? Autobleu qui était un producteur d’accessoires pour voitures populaires était le commanditaire de cette voiture. Rappelons qu’Autobleu était distributeur exclusif des échappements Abarth en ce temps, c’est donc logiquement que la préparation de la mécanique fut confié au sorcier italien.
Hélas, le prix trop élevé de la Renault Frégate Autobleu empêcha toute carrière commerciale, la voiture présentée au salon de Turin demeure l’unique exemplaire produit, que l’on retrouva dans quelques magazines automobile de l’époque. Et ce modèle existe encore de nos jours et est en cours de restauration par des passionnés de Renault Frégate…