A la fin de l’année 1952, face à l’important succès rencontré par la Citroën 2CV, la Régie Renault pense bon de lancer une version dépouillée de sa 4CV pour marcher sur ses plates-bandes, mais les bonnes idées poussées à l’extrême ne satisferont pas la clientèle…
Si lors de sa présentation en 1948, la Citroën 2CV ne semblait pas être en mesure de faire de l’ombre à la 4CV de Renault, le marché en décida autrement et la petite Citroën voit ses carnets de commandes se remplir de façon indécente et venir grignoter des parts de marché à Renault. Pour lui faire face, la direction commerciale de la Régie décide de lancer une version de la populaire 4CV qui ne propose rien d autre qu’un prix bas, la 4CV Service est ainsi présentée à la toute fin de l’année 1952
Commercialisée au début de l’année 1953, la 4CV Service est proposée moyennant 399.000 francs (à comparer aux 458.000 francs demandés pour une 4cv Affaire, et aux 341.870 Francs pour la Citroën 2CV), mais à ce prix là, la 4cv Service n’offre que le strict minimum. Dans l’habitacle, les fauteuils avant sont réduits à leur plus simple expression : une toile tendue sur une armature en métal, le commercial de la Régie tentera de mettre en avant le léger rembourrage sur l’assise que ne propose pas la 2cv. Pas de tapis de sol non plus, les pieds des occupants sont à même la tôle, ni de ciel de toit. Les portières s’ouvrent à l’aide de câbles d’acier, les vitres arrière sont fixes…
Un régime sec qui se voit également à l’extérieur puisque la 4CV Service se voit retirer tout chrome, jusqu’aux moustaches qui habillent la calandre puisque seul un logo Renault vient combler le vide. Pare-chocs, poignées de portes, cerclages de phare reçoivent, comme l’ensemble de la carrosserie, une teinte unique, un gris mat référencé « Gris Antoinette ». Les jantes, sans enjoliveurs, reçoivent des pneumatiques minces (4,25 X 15 contre 5,00X 15 sur le reste de la gamme 4CV), la chasse aux coûts fait même retirer la trappe d’aération, un feux arrière (seul celui côté gauche subsiste) et les indicateurs de changement de direction…
Côté moteur, la Régie ne touche rien puisque la version Service reçoit le quatre en ligne de 747cm3 de 21Ch que le client retrouve sur la gamme 4CV, accolé à une boite à trois rapports dont le premier non synchronisé. Tout n’est pas négatif sur cette voiture, qui fut la première des 4CV à disposer d’une roue de secours placée verticalement dans le coffre avant, permettant de libérer de l’espace pour les bagages. Cette petite prouesse fut réalisée en logeant la batterie 6 volts dans le compartiment moteur, une solution qui fut ensuite reprise par les autres 4CV.
« Le même moteur, les mêmes performances, la même carrosserie » se vante le catalogue publicitaire de la Régie, mais la clientèle ne suit pas et la Renault 4CV Service ne trouve que très peu de preneur. L’appauvrissement à l’extrême de la 4CV fait finalement fuir les clients qui, en investissant dans une automobile, ne veulent pas qu’un moteur et une carrosserie, mais quelques éléments de confort. Preuve de l’insuccès du modèle, Renault stoppe sa production dès le mois d’août 1953, à peine huit mois après son lancement…