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Railton Special (1938)

             Depuis que l’automobile existe, les records de vitesse ont toujours tenté quelques aventuriers. La barre des 100km/h est franchie en 1899, celle des 200km/h est atteinte en 1909. Il faut attendre 1927 pour dépasser les 300km/h. Quant aux années 1930, elles sont très productives avec les barrières des 400 et 500km/h qui sautent.C’est à ce moment qu’arrive la Railton Special avec l’objectif d’atteindre les 550km/h, et pourquoi pas les 600…

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                Dans les années 1930, le record de vitesse fait l’objet d’une véritable compétition avec la Railton Bluebird et son moteur Rolls-Royce piloté par Campbell qui bat record sur record au début des années 1930, c’est cette voiture qui dépasse les 400km/h pour la première fois en 1932. Mais à partir de 1937, la Thunderbolt arrive, elle aussi avec son moteur Rolls-Royce, un V12, qui permet de dépasser les 500km/h.

               Pour lui répondre, la Railton Spécial est construite en 1938 pour aller ravir le record du monde avec John Cobb comme pilote. C’est ce dernier qui finance cette voiture sur ses fonds personnels, il obtient deux moteurs W12 Napier à piston de la part de Marion Joe Carstairs qui les avait auparavant utilisés sur son bateau Estelle V.

            L’idée de monter plusieurs moteurs n’était nouvelle, déjà la White Triplex était équipée de trois moteurs ! Mais la problématique était alors de trouver une transmission et des pneumatiques qui pouvaient faire face à la puissance développée. Une solution simple fut trouvée en montant un moteur par essieu, ce qui permet de faire de la Railton Spécial une quatre roues motrices.

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             Quant aux moteurs, il s’agissait de deux W12 Napier Lion VIID de 24 litres de cylindrée, un modèle de moteur parmi les plus puissants de son époque puisque la version montée dans la Railton Special développe 1.350 chevaux. Ce moteur à l’origine prévu pour l’aviation servira à battre plusieurs tentatives de records dans le monde aéronautique avec le record de vitesse, d’altitude et de distance; dans le domaine maritime avec le record de vitesse sur l’eau, et enfin le record de vitesse terrestre à bord de la voiture qui nous intéresse.

             Avec deux moteurs de ce type, la Railton Special ne pouvait qu’être lourde, la voiture affiche 3.175kg sur la balance, ce qui donne à la voiture un ratio de 1,27kg/ch. Mais pour la mettre en route, encore faut-il des pneumatiques adéquats. Dunlop avait réalisé des pneus spécifiques pour la Thunderbolt, la Railton Special reprend cette monte capable de supporter à la fois le poids de l’auto (793kg par roue) et des vitesses dépassant les 500km/h.

              La Railton Special fait ses premiers tours de roue au cour de l’été 1938, elle arbore deux lions bondissants qui sont le symbole du pétrolier Gilmore et celui de Napier-Lion. La voiture s’élance sur le lac de Bonneville aux Etats-Unis le 30 Aout 1938 pour la première fois, elle atteint la vitesse de 522,925km/h (moyenne sur 1km), mais hélas, la Thunderbolt avait atteint 555,55km/h trois jours auparavant au même endroit.

          La voiture effectue donc un second galop le 12 septembre 1938 et signe un 551,082km/h, trop court pour le record mais celui-ci semble à porté. C’est pourquoi la voiture repart le 15 Septembre 1938, où elle atteint cette fois 563,37km/h. Le record du monde vient d’être repoussé par la Railton Special. Mais elle ne tiendra pas son titre très longtemps, puisque la Thunderbolt d’Eyston signe un 575,217km/h le lendemain. Sans doute à bout de leurs capacités, les voitures cessent les tentatives de records pour cette année.

Railton spécial (11)

                Si la Thunderbolt part pour être exposée ici et là de part le monde, la Railton Spécial va être améliorée durant de nombreux mois pour ravir le titre de voiture la plus rapide au monde. Et la voiture n’a plus de concurrente puisque la Thunderbolt est détruite au cours d’un incendie. La Railton revient donc au lac salé de Bonneville en 1939 et atteint 594,911km/h lors d’un roulage ayant eu lieu le 23 Août. Pour atteindre cette vitesse, les moteurs ne sont plus refroidis par air mais par de l’eau réfrigérée à l’aide de glace embarquée dans un réservoir située au bout de la voiture. Par conséquent, la « bouche » est dès lors obturée.

                Si la Railton Special est installée tranquillement au bord de la limite des 600km/h, une concurrence féroce se prépare avec la Mercedes T80 soutenue par le régime nazi. Cette dernière est mise au banc d’essai le 12 Octobre 1939 et les tentatives de records sont programmées pour l’année 1940. La guerre éclate et ruine l’idée d’une confrontation, la Railton Spécial est remisée, tout comme la Mercedes T80.

                 Une fois la paix revenue, le projet de passer la barre des 600km/ renait, toujours avec la même voiture comme base. Un programme ambitieux qui est soutenu par le pétrolier Mobil, lequel impose le changement de nom de la voiture qui devient « Railton Mobil Special », avec désormais des pégases ailées sur la carrosserie en lieu et place des lions. La voiture est également modifiée sur le plan mécanique avec un dispositif de relance des moteurs pour éviter de les arrêter lors des changements de vitesses.

                La Railton Mobil Special s’aligne sur le lac de Bonneville courant Septembre 1947, une première tentative a lieu mais est avortée à cause de soucis mécaniques. Il faut attendre le 16 Septembre pour que la voiture s’élance à nouveau sur le lac salé, elle atteint ce jour là 634,261km/h. Le record du monde est à nouveau repoussé et la barre des 600km/h dépassée.

Railton spécial (1)

              Si John Cobb pense sa voiture capable d’encore plus, et pourquoi pas d’atteindre les 400mph, la pluie fini par s’installer à Bonneville et rend impossible toute nouvelle tentative de record. La Railton Mobil Special part donc en retraite et devient une pièce de musée, qui à leur actuelle figure dans la collection du Musée des Sciences de Birmingham.