Si l’histoire de l’automobile connait d’importants constructeurs, il existe une multitudes de petits artisans dont la réussite fut parfois temporaire, voire inexistante. Aujourd’hui, c’est l’un des rares constructeurs du département de la Haute-Vienne que je vous propose de découvrir, qui s’engagea aux 24 heures du Mans…
La Haute-Vienne n’est pas une terre d’automobile, ni même une terre d’industrie. Ainsi, alors que certaines zones de France voient l’apparition d’un embryon d’industrie automobile, la Haute-Vienne reste tournée vers la ruralité. Pourtant, en 1896, un artisan-forgeron nommée Laspougeas créait un « banc automobile » à moteur monocylindre. Ensuite, il faut attendre les années 1920 pour voir apparaître une nouvelle voiture fabriquée en Haute-Vienne, l’œuvre de Louis Jousset.
Natif d’Angers, Louis Jousset n’a pas fait d’études complexes, il apprend la mécanique sur le tas au fils de ses passagers dans différentes usines automobiles. Grace à ces expériences, il s’installe en 1906 dans la sous-préfecture de Bellac (en Haute-Vienne) pour y fonder un garage de mécanique automobile. Grâce à cette activité, il peut analyser les automobiles de différents constructeurs, noter leurs points fort mais également leurs faiblesses, le tout dans l’optique de réaliser, un jour, sa propre voiture. En attendant, il réaliser des bicyclettes qu’il assemble lui-même. A partir de 1910, Louis Jousset se met à concevoir les plans d’une voiture, commence à réaliser un châssis avant que la Première Guerre Mondiale ne stoppe ses activités.
Il faut ensuite attendre le début des années 1920 pour que Louis Jousset reprenne la conception de sa voiture, dont il présente un châssis nu équipé d’un moteur Ballot en 1923 lors de l’exposition agricole de Bellac qui se tient début septembre 1923, où il remporte la Grande Médaille d’Or, mais aussi un premier acquéreur. L’aventure commerciale de Jousset est lancée, le constructeur de Bellac expose au salon de l’automobile de Paris 1924 quatre voitures et deux châssis, cette fois équipées de moteurs C.I.M.E. Comme nombre d’artisans, les automobiles Jousset étaient des voitures d’assemblage, un montage de pièces achetées auprès de nombreux sous-traitant automobiles.
Les débuts de Jousset semblent prometteurs, quelques commandes qu’il réussit à honorer. Mais Louis Jousset voit plus grand, s’il est un constructeur local, il vise une réussite à l’échelle nationale, sa participation au salon de Paris était la première pierre, permettant de nouer des contacts pour la recherches de garages qui pourraient diffuser ses automobiles. Mais pour répondre à cette éventuelle demande, il faut à Jousset une usine, il fonde pour cela la Société des Automobiles Jousset courant 1925 dans lequel il détient 25% des parts, le reste étant à souscrire auprès du public.
Si on peut penser que Jousset arriva à trouver quelques financiers, ce ne fut toutefois pas suffisant pour agrandir les locaux de son garage. Néanmoins, pour tenter de faire connaitre sa marque au niveau national, Jousset décide de participer aux 24 heures du Mans 1926 avec deux voitures, un torpédo portant le numéro 29 et une conduite intérieure affichant le numéro 30. Sous ces carrosseries, on retrouve le même châssis et la même mécanique, un moteur C.I.M.E. de 1.496cm3. Petit fait de gloire, grâce à un règlement pénalisant les voitures Torpédo (obligées d’installer la capote après le départ), la Jousset n°30 part en tête mais se fait doubler avant la fin du premier tour par la Peugeot n°2 pilotée par Boilot. La Jousset n°29 abandonna après 64 tours (soit 1.104km) tandis que la Jousset n°30 rallie l’arrivée, mais ne fut pas classée car ayant parcouru 101 tours sur les 106 minimum requis pour sa catégorie.
Après les 24 Heures du Mans, Jousset rentre à Bellac et organise une grande fête, comme si la marque avait été victorieuse. Les ventes quant à elle ne rentrent pas, si bien que la marque Jousset disparait courant 1928 dans la plus grande discrétion. Sur les 4 années d’existence de la marque, seulement une petite dizaine de voitures auront été réalisées, aucune n’est connue à ce jour.