Loin d’être un pionnier du véhicule automobile, Louis Renault ne conçoit sa première voiture en 1898 à l’âge de 21 ans, mais 10 ans après l’invention du moteur a explosion et 8 ans après la fondation du premier constructeur automobile. Mais de part son jeune âge et son dynamisme, Louis Renault va devenir l’un des pionniers de l’industrie automobile, et bâtira son empire à partir de la Renault Type A, produite à partir de 1899.
En 1897, Louis Renault n’a que 19 ans mais il baigne déjà dans l’industrie automobile, puisqu’il travaille comme dessinateur chez Delaunay-Belleville. Mais en parallèle, il commence l’aménagement d’un atelier dans l’abri de jardin de la maison de campagne de ses parents située à Boulogne Billancourt. Puis une fois celui-ci terminé, il dessine les plans de sa propre voiture et la fabrique dans la foulée, à partir d’un tricycle De Dion Bouton qu’il modifie au cours de l’été 1898 pour y ajouter une quatrième roue.
La voiture est terminée au second semestre 1898 et fait ses premiers roulages en public le soir de Noël, dans la rue Lepic à Paris, située sur la butte Montmartre. La voiture grimpe plusieurs fois cette côte dans une facilité déconcertante. Il faut dire que la voiture est plutôt bien conçue et Louis Renault l’a équipée d’une de ses inventions : la boite de vitesses à trois vitesses et une marche arrière, le tout munie d’une prise directe, un mécanisme qu’il fera breveter. Avec cette invention, Louis Renault met un terme aux courroies et chaines qui assuraient la transmission des voitures jusque là.
Face à la performance de la voiturette de Louis Renault, plusieurs riches spectateurs passent commande pour la voiture, parfois avec acomptes. Au moins 12 commandes sont reçues ce soir là. Mais pour lancer la production de cette voiture, Louis Renault a besoin de capitaux, il s’associe avec ses deux frères. Deux mois plus tard, la société Renault Frères est crée le 25 Février 1899, l’aventure Renault débute alors.
La voiture qui a grimpé la rue Lepic n’est cependant qu’un prototype de la Renault Type A, quelques améliorations seront apportées avant sa production par Renault Frères, notamment côté moteur, puisque la Renault Type A embarque un moteur De Dion Bouton monocylindre de 273cm3, développant une puissance de 1Cv ¾ refroidi par air, et capable de faire rouler la voiture jusqu’à 45km/h. Ce moteur se loge à l’avant de la voiture sous un capot rond caractéristique de la voiture. Le prototype de 1898 embarquait quant à lui un monocylindre De Dion de 198cm3 de 0,75Cv.
Commercialisée 3.500 Francs, la Renault Type A proposait une carrosserie dite « Tilbury », c’est-à-dire un cabriolet comportant une banquette surélevée à l’arrière de la voiture qui permet à deux personnes de prendre place. La voiture dispose même de dossiers et d’accoudoirs pour le confort de ses passagers ! Enfin, le volant situé à droite de la voiture n’est qu’un demi volant horizontal, plus proche du guidon que d’un volant. A noter que les 3.500 Francs que coûte la Renault Type A à l’achat représentent à cette époque dix ans de salaire pour un ouvrier.
Louis Renault comprend également que la compétition automobile est à cette époque un excellent vecteur de publicité, c’est pourquoi il engage deux Renault Type A pour la Coupe des chauffeurs amateurs ayant lieu le 27 août 1899, l’une conduite par ses soins, la seconde par son frère Marcel, ils termineront aux deux premières places de cette épreuve. La Renault Type A lançait non seulement l’entreprise Renault, mais aussi son importante implication dans le sport automobile.
La voiture fut donc un succès pour Renault Frères, puisque la Type A fut produite à 71 exemplaires en 1899, et sa carrière se termine en 1903 après 290 unités. Entre temps, l’industrie de l’automobile évoluait à une vitesse considérable, la Type A fut rapidement épaulée par d’autres modèles, et notamment la Type B en 1899, qui fut la première voiture à conduite intérieure.
Enfin, pour être complet sur le modèle, Renault a fait fabriquer neuf répliques de la Renault Type A pour le centenaire en 1998, l’une d’entre elle a été reproduite en redessinant les plans et en reproduisant un moteur De Dion de l’époque. Dans les huit autres répliques, six ont été conçues pour des exposition statiques uniquement, et les deux autres peuvent être utilisées pour des expositions dynamiques, l’une d’entre elle est équipée d’un moteur électrique afin de permettre les exhibitions dans les lieux ou le moteur a explosion serait interdit. Si ces répliques ont le mérite d’exister et de présenter la Type A sans sortir l’original du garage, elles ne sont pas tout à fait parfaite, puisque le capot moteur n’est pas reproduit à l’identique. mais c’est bien la seule critique que l’on peut leur faire…