Lorsque Matra rachète René Bonnet fin 1964, on sait qu’un engagement sportif viendra. Récupérant la Djet, Matra vise timidement le rallye et conçoit un prototype capable d’aller tenir la dragée haute aux berlinettes, la MS610, dont la carrière fut éphémère…
En 1964, Matra en quête de diversification rachète le constructeur René Bonnet, et part à la conquête du monde automobile avec une Djet rebadgée. Jean-Luc Lagardère, à la tête de Matra, décide d’engager Matra en sport automobile pour bénéficier des retombées en terme d’image, René Bonnet avait déjà commencé avec un engagement en endurance avec la Djet et sa version modifiée, l’Aérodjet, sans succès si ce n’est, tout de même, un indice de performance énergétique aux 24 heures du Mans 1963. Matra va faire table rase de ce passé et lancer son propre programme sportif en partant d’une feuille blanche.
A la toute fin de l’année 1964, alors que René Bonnet est tout juste repris, le programme sportif de Matra n’est pas encore défini. On engage timidement des Djet en rallye, mais la concurrence des Alpine A110 y est trop forte. Matra demande à Jacques Hubert d’imaginer une voiture capable de rivaliser, il imagine une voiture construite autour d’un châssis tubulaire avec des trains roulants proches de ceux utilité en F3, le tout recouvert d’une carrosserie de Djet élargie pour l’occasion. Ainsi naît la Matra MS610, dont l’objectif est un engagement au Tour de Corse, ce qui lui vaudra le surnom de « Napoléon ».
Pour le moteur, si la Djet d’origine était mue par le quatre cylindres 1108 revu par Gordini, ce moteur est trop juste et Matra opte pour le quatre cylindres de la Ford-Lotus Cortina, préparé par Cosworth, accolé à une boite à cinq rapports Hewland, le tout proposant 145Ch, de quoi offrir de bons arguments aux 645kg de cette silhouette. Hélas, la voiture n’est pas prête pour prendre le départ du Tour de Corse qui se déroule pour l’année 1965, les 6 et 7 novembre. Mi novembre, la Matra MS610 effectue ses premiers tours de roues entre les mains de Jean-Pierre Jaussaud sur le nouveau circuit Bugatti au Mans.
La MS610 fait son baptême de la compétition lors du Critérium des Cévennes, fin novembre 1965. Confiée au duo Philippe Fargon et « Johny » Servoz-Gavin, elle courait en catégorie prototype et était immatriculée 1245 W 75, la MS610 abandonne rapidement sur une panne d’embrayage. Cette sortie demeure l’unique course de la Matra MS610, entre temps, Matra avait défini son programme sportif : le championnat du monde de F1 avec un apprentissage qui débute en Formule 3; et les 24 heures du Mans avec un programme prototype qui débute avec la MS620. Dès lors, la MS610, trop artisanale et visant le rallye, est mise de côté puis détruite par Matra.
Sources : - "Matra la puissance et la gloire", Frederic Delaroche, Jacques Grancher éditeur 1982.