Dévoilée dans le cadre du salon de Genève 1974, l’Abarth 2000 SE 027 est la dernière création de Carlo Abarth, réalisée sous l’ère Fiat mais dont l’aventure fut rapidement stoppée par les nouveaux propriétaires…
Au début des 1970, la société Abarth & Cie faisait face à d’importantes difficultés, l’entreprise était minée par les grèves à répétition qui entrainaient des problèmes de trésorerie qui mènent à sa liquidation en 1971. En octobre de la même année, Fiat se porte acquéreur des actifs d’Abarth avec l’idée d’en faire son département compétition mais également un blason sportif sur les voitures de série. Fiat laissait toutefois de côté le service courses d’Abarth qui développait des barquettes pour courir dans des championnats de voitures de sport, et céda cette entité à Osella. Dès 1972, Osella mettait au point l’Abarth Osella SE021 qui dominait le championnat européen des voitures de sport 2 litres 1972.
Du côté de Fiat, Abarth devient le porte étendard du groupe de Turin et doit développer des voitures de rallye. Pour ne pas déshonorer Carlo Abarth, Fiat lui offre le rôle de consultant, un rôle qu’il ne gouta peu jusqu’en 1973 puisque Carlo Abarth était rentré en Autriche, son pays natal, pour y superviser la construction de sa nouvelle résidence. A partir de 1973, Carlo Abarth se fait plus présent à Turin et reprend l’ascendant sur son ancienne entité et lance, malgré les directives de Fiat, un projet de barquette : la SE 027.
L’étude est confiée à l’ingénieur Mario Colucci, un collaborateur de longue date que Carlo Abarth avait débauché à la fin des années 1950 de chez Lancia pour concevoir des voitures de sport. Pour le moteur, Colluci réitère sa confiance dans le « 2000 Abarth », un quatre cylindres à 16 soupapes de 1986cm3, le même qui fut utilisée sur l’Abarth Osella SE021, championne d’Europe 1972, avec une puissance de 265Ch. Colucci porta toutefois la puissance jusqu’à 280Ch à 9.000 trs/min, et accole au moteur la boite FG400 à cinq rapports du britannique Hewland.
Pour le châssis, Abarth abandonnait la structure tubulaire dont Colucci était un ardant défenseur face à Carlo Abarth, au profit d’une structure mixte : la partie avant était un châssis-coque constitué de panneaux d’aluminium, la partie arrière était composée d’un treillis tubulaire sur lequel venaient se greffer la mécanique, la boite de vitesses, la suspension arrière et les radiateurs. Le tout est habillé d’une carrosserie conçue par les techniciens d’Abarth avec la collaboration de Pininfarina qui met à disposition son personnel ainsi que sa soufflerie.
Lorsque la voiture fut prête, elle fit ses premiers tours de roues sur l’aérodrome de Campo Volo où il fut vérifié que tout fonctionnait. L’Abarth 2000 SE 027 fut ensuite présentée lors du salon de Genève 1974, se tenant du 14 au 24 mars. C’est le stand Pininfarina qui accueille une voiture complète ainsi qu’un châssis nu. La voiture y est présentée comme une étude aérodynamique. Puis, en mai 1974, des essais sont effectués sur le circuit de Misano, l’Abarth 2000 SE 027 fait un roulage de 800km aux mains de plusieurs pilotes parmi lesquels Giorgio Pianta, Raffaele Pinto, Pino Pica et Vittorio Brambilla. Il fut notamment testé différentes type de queues et d’aileron arrière.
L’Abarth 2000 SE 027 affiche des performances peu exceptionnelles mais encourageantes pour un premier roulage. On imagine alors, sur le papier, une version équipée d’un moteur six cylindres Abarth de 300Ch mais qui nécessitait de rallonger la voiture. Cette version ne vit jamais le jour et le projet de l’Abarth 2000 SE 027 est rapidement gelé à la fin de l’année 1974 par Fiat, avançant la situation économique difficile en raison du premier choc pétrolier. Mais peut-être s’agissait-il pour Fiat de contrer la prise de pouvoir soudaine de Carlo Abarth et stopper un projet qui détournait des fonds et de l’énergie du programme de rallye…