Lors de la Première Guerre Mondiale, les belligérants cherchent des solutions pour se mouvoir dans le No Man’s Land, pour transporter des pièces d’artillerie au plus près des combats … A cette fin, Renault propose en 1916 le tracteur d’artillerie Type FB…
Dès 1915, constatant que la guerre contre l’Allemagne s’est transformée en guerre de tranchées, que le front se stabilise, l’armée française entame une mécanisation de son artillerie pour lui permettre de soutenir les percées de l’infanterie. Mais évoluer en No Man’s Land est une mission délicate que mêmes les camions tout-terrains d’alors, les Latil TAR et Renault EG, ne peuvent réaliser. On imagine alors un véhicule capable de transporter des canons, de petite taille pour être maniable en terrain difficile, et à l’instar de ce que font les Britanniques sur leur secteur avec le tracteur Holt, équipé de chenilles pour éviter de s’enliser.
A la fin de l’année 1915, le Ministère français des Munitions contacte Renault pour développer un « cuirassé terrestre », projet refusé par Louis Renault dont les usines étaient alors pleinement tournées vers l’effort de guerre, mais aussi parce qu’il ne souhaite pas mettre au point un système de chenilles et compte utiliser les brevets Holt, déjà éprouvés, mais dont Schneider possède l’exclusivité pour la France. Finalement, le gouvernement français intervient pour permettre à Renault d’utiliser les systèmes Holt pour développer un tracteur d’artillerie. L’effort de guerre doit primer à la propriété…
Ainsi naît le Renault Type FB, dont la conception est simple : sur la base d’une suspension de type Holt, Renault construit un pont plat dans lequel est installé un moteur d’aviation de onze litres pour une puissance de 110Ch et une boite de vitesses à quatre rapports. Au-dessus du pont, un poste de conduite minimaliste est monté sur la partie avant avec radiateur et un réservoir de carburant, la partie arrière du Renault Type FB peut recevoir des charges jusqu’à dix tonnes, le plancher plat permet l’installation de pièces d’artillerie. Néanmoins, pesant quatorze tonnes à vide, le Renault Type FB n’affiche qu’un petit 6km/h en vitesse maximale et à vide. Le moteur d’aviation demande un entretien tout particulier et présente une consommation élevée, sa conduite s’avère difficile.
Néanmoins, l’armée passe commande pour cinquante unités en septembre 1916, le chiffre est porté à 350 unités le mois suivant, les premiers Renault Type FB intègrent les rangs de l’armée française en mars 1917. A la fin de l’année, 120 Renault Type FB sont en service dans l’armée française, le véhicule est finalement détourné pour être utilisé principalement comme véhicule de remorquage ou de ravitaillement. Peu avant la fin du conflit, Renault tenta de proposer une version capable de transporter des pièces d’artillerie de plus de onze tonnes, resté sans lendemain suite à l’armistice. Dès lors, les commandes militaires sont stoppées, on dénombre 256 véhicules du type sortis des usines Renault qui restent quelques temps dans les casernes avant d’être rapidement réformés.