Passionné d’automobile ancienne, je suis également féru de patrimoine industriel, aussi étrange soit-il, je pourrais passer autant de temps à décortiquer une voiture de collection qu’une simple cheminée en brique… De passage à Paris dans le cadre de Rétromobile 2015, le choix des anciens lieux de production automobile est large, puisque la région parisienne fut l’un des terreaux les plus fertile de l’automobile. C’est du côté de Boulogne Billancourt que j’ai décidé d’aller, afin de regarder ce qu’il y reste de Renault. Pourquoi Boulogne-Billancourt ? Une raison a conduit à m’y amener, les anciens terrains de Renault font l’objet d’une reconversion qui touche à sa fin et certains rares vestiges de l’époque Renault sont sur le point de disparaître.
Un peu d’histoire
Avant de nous lancer à Boulogne Billancourt, reprenons dès le début l‘histoire de l‘installation de Renault dans cette ville : c’est dans un petit cabanon situé sur le terrain de la résidence secondaire de ses parents à Boulogne Billancourt que Louis Renault crée sa première automobile en 1898, la Renault Type A. Quelques essais plus tard, Louis Renault prouve le bien fondé de ses inventions, l’aventure industrielle démarre. Les premiers ateliers sont édifiés à proximité de la demeure de la famille Renault, la société Renault est fondée en 1899 au 139 Rue du point du Jour à Boulogne Billancourt; puis, au fur et à mesure des besoins, de nouveaux terrains sont achetés aux fins d’agrandir les ateliers de Renault.
L’activité démarre fortement, de 179 véhicules en 1900, Renault en commercialise 1.779 en 1905, puis 5.100 en 1910. Pour soutenir cette activité, les ateliers Renault deviennent petit à petit un important complexe industriel, passant de 4.680m² en 1900 à 143.600m² avant la première guerre mondiale. Le sud-ouest de Boulogne-Billancourt voit ainsi ses pavillons et jardins transformés en ateliers, fonderies, voies ferrées…
Au cours de la première guerre mondiale, Renault est l’un des principaux entrepreneurs à participer à l’effort de guerre. Pour soutenir cet effort, on autorise Renault a acquérir de nouveaux terrains à Boulogne Billancourt. En quatre ans, la superficie des terrains de Renault est triplée, et affiche en 1918 365.000m². Renault accède ainsi au statut de grande entreprise, ses usines dessinant un Trapèze débutant de la seine et entrant dans Boulogne-Billancourt.
A la fin du premier conflit mondial, l’ensemble des surface bâties représentent 339.000m²; mais ce complexe industriel reste encore hasardeux quand à sa structure. En effet, bien loin d’une usine organisée, les usines Renault étaient alors un enchevêtrement d’ateliers construits les uns à côté des autres au fur à mesure des besoins, parfois construits à la va-vite pendant la guerre. Réorganiser son usine paraitrait évident pour résister face aux constructeurs américains déjà convertis au taylorisme, mais Louis Renault préfère attendre que le marché français se stabilise avant d’investir. La première chaine de montage apparait à Boulogne Billancourt en 1922, et l’idée sera pleinement développée qu’à partir de 1924.
Mais même avec plus de 300.000m² au sein du trapèze, Louis Renault se sent à l’étroit et cherche à s’agrandir. Cependant, du côté de Boulogne Billancourt, les riverains de l’usine ne souhaitent plus voir Renault grappiller la ville, et le prix au m² a tellement bondi du fait de la frénésie d’achat qu’il est désormais moins intéressant de s’agrandir côté centre-ville. Côté seine, face aux installations de Renault, l’île Seguin fait des yeux doux à Louis Renault.
Problème, quatre propriétaires se partagent l’île, et haute de 2,5 mètres par rapport au niveau normal de la Seine, l’île Seguin est sujette aux crues. En Juin 1919, Louis Renault achète deux terrains sur l’île, loue le troisième lot avec une clause de rachat au terme du contrat de location, ce qui lui permet d’avoir le contrôle sur la quasi-totalité de l’ile. Seul un propriétaire refuse de vendre son terrain, mais Louis Renault fera sans.
Si dans un premier temps l’ile est utilisée pour accueillir des jardins pour les ouvriers Renault, l’idée d’y bâtir une usine prend le pas rapidement. Dès 1922 est décidé de surélever l’ile de quelques mètres pour la mettre à l’abris d’éventuelles crues, et de construire par endroit des murs en béton afin d’éviter l’érosion. Si les travaux sont acceptés, le service de navigation de la seine demande à ce que la pointe amont de l’île soit rabotée afin de faciliter la navigation fluviale. Ce fut la seule contrainte imposée à Louis Renault.
Et déjà, une fois l’île surélevée, une centrale électrique est construite sur la pointe avale de l’île Seguin, elle fut inaugurée en 1927. Un pont permettant de relier les installations de Boulogne Billancourt à l’ile Seguin est construit à la fin des années 1920 et sera officiellement terminé en 1929.
De l’autre côté de l’Ile Seguin, côté Meudon, Louis Renault achète quelques terrains à partir de 1926, pour atteindre 30.000m² en 1929. La encore, un nouveau pont est construit pour relier l’ile Seguin à Meudon, il sera achevé en 1932.
Le projet d’établir une usine sur l’île suit son court, dès 1928 les premiers plans sont effectués, les chantiers débutent en 1929 par la création d’une plate forme pour y construire les ateliers, puis les bâtiments y sont établis. L’usine, ultramoderne, est inaugurée en 1934. Elle était le dernier des grands chantiers de Renault a Boulogne Billancourt, dès lors, l’usine Renault se suffit et ne s’agrandira plus par la conquête de nouveaux terrains.
Pour voir de nouveaux grands mouvements dans l’enceinte Renault, il faudra attendre la fin des années 1970. La règlementation sur les usines en milieu urbain évoluant, Renault est contraint de moderniser son usine. Mais sur le trapèze, les bâtiments sont vétustes, un projet de reconstruction total du trapèze est présenté en 1980, seuls les bâtiments historiques de Renault seraient conservés. Ce projet, nommé « Renault 2000 » ne sera pas mis en place : les dirigeants de Renault savent que l’usine de Boulogne-Billancourt pèse de moins en moins lourds dans la production de l’entreprise, et c’est une modernisation au rabais qui est effectuée. Seul un nouveau bâtiment apparait, issu du projet Renault 2000, le 57 Metal, inauguré en 1984.
Les années 1980 sont également marquées par la crise que Renault subi, la firme voit son avenir compromis et des actifs sont vendus pour dégager des liquidités. Une fois Renault sorti d’affaire, il apparait que l’usine de Boulogne-Billancourt n’est plus adaptée à la production automobile par rapport à la concurrence, la décision de la fermeture intervient en 1989. Encore trois années de vie, puis le 31 Mars 1992, l’usine ferme définitivement.
Les bâtiments sont alors laissés à l’abandon, la destruction commence en 1998 pour le trapèze, 2004 pour l’Ile Seguin, laquelle sera vide de toute construction dès l’année suivante.
Les vestiges de Renault
Tout de Renault n’a cependant pas été rasé, car l’histoire de Boulogne Billancourt restera marquée par la présence de Renault, tout comme Renault est intimement lié à cette ville, et y conserve aujourd’hui encore son siège social. Tout raser de Renault n’était pas possible pour des raisons sociales, c’est ici, au sein des usines Renault, que les mouvements sociaux ont été les plus marqués, c’est ici, grâce au combat d’ouvriers, que des acquits sociaux ont été gagnés pour des générations de salariés. Enfin, tout raser n’était pas possible non plus du fait de circonstances historiques, c’est au sein des usines Renault que l’effort de guerre de 14-18 a été l’un des plus fort, c’est ici qu’est né le tank moderne avec le Renault FT17, ou encore la voiture populaire avec la 4CV. Et l’on pourrait trouver de nombreuses autre raisons encore …
1_ l’entrée des usines Renault : Place Jules Guesde
Allons donc arpenter un peu le site qui était, il y a encore quelques décennies, le « Trapèze ». Comme des millions d’ouvriers, le point de départ de cette ballade commence par l’ancienne entrée des usines Renault, située Place Jules Guesde.
Ici, c’est un lieu chargé d’histoire. Place Jules Guesde, on se situe dans le prolongement de la Rue du Point du Jour, qui autrefois se continuait sur le site du trapèze. Et c’est à quelques encablures de ce lieu, au 139 rue du point du jour que le premier siège social de Renault fut installé, en 1899, lors de la fondation de la société. Ainsi, à cette adresse trônait la fameuse entrée avec son portail ornée par la marque de l‘entreprise : « Renault Frères ». Avec l’évolution des usines Renault, cette entrée disparaît pour laisser place à une autre, bien plus imposante, faite entièrement en béton armée.
Aujourd’hui, cette entrée existe encore, soin a été prit de la conserver lors de la démolition du trapèze. Malheureusement, le site est peu mis en valeur, ce mur entièrement blanc laisse oublier qu’il a été l’entrée de l’usine Renault. Seul un petit et discret panneau explicatif de la présence de Renault est présent, mêlé entre les panneaux des promoteurs immobiliers…
2. Le Bâtiment X
Contournons ce mur, nous marchons enfin sur le Trapèze. Ici, où autrefois étaient assemblés divers produits de Renault, est aujourd’hui une zone en mutation. D’un côté, des immeubles flambants neufs formant une zone résidentielle résolument moderne, de l’autre, un immense chantier avec ses grues, ses tractopelles … le nom des rues peut parfois évoquer la présence de Renault, comme la Rue Pierre Lefaucheux, ou encore la rue Marcel Bontemps, résistant employé chez Renault. Mais c’est la seule exception, tout le reste ne rappelle en rien qu’elle était la vocation de cet endroit quelques décennies plus tôt.
Enfin, nous arrivons au niveau du Bâtiment X, l’un des deux seuls vestiges encoure debout à l’heure actuelle. Malheureusement, la zone étant en chantier, des grilles obstruent la vue vers ce bâtiment et ne permettent pas de faire d’excellentes photos. Ce bâtiment a accueilli le siège social de Renault de 1922 à 1975, un édifice en briques dans le style très années 1920, entouré d’un terrain arboré sur lequel a été conservé l’atelier de Louis Renault, celui-là même où il a réalisé sa première voiture. Pour entrer, deux portails en briques ont également été conservés.
Aujourd’hui, ce bâtiment appartient toujours à Renault et accueille le service financier du constructeur. Hélas, entrer dans ce lieu est encore impossible au public, bien que Renault prévoirait une ouverture partielle au public, notamment afin de faire visiter le fameux atelier du fondateur de la marque.
3. Le mur de l’artillerie
Avant d’aller vers le prochain vestige de Renault sur le trapèze, il me faut faire un peu de marche afin de contourner les divers chantiers de cette zone. Enfin, après de longues minutes, j’arrive en bord de Seine, afin d’aller vers le « mur de l’artillerie », qui a mon avis est le plus beau vestige de Renault sur le trapèze. Hélas, est présent sur le mur un « permis de démolition », j’apprendrais plus tard que le mur doit être prochainement démonté et stocké pièce par pièce, avant de trouver un lieu où il sera remonté. Mais sera-t-il remonté un jour ? Et de toute façon, ce ne sera pas à l’endroit historique ou ce mur a été bâti. Dommage.
Pour la petite histoire, ce mur a été réalisé pendant la première guerre mondiale afin d’enjoliver les ateliers de Renault en bordure de Seine, des ateliers qui produisaient des armes de guerre de 1914 à 1918, d’où son nom de mur de l’artillerie.
4. L’ile Seguin
En face du mur de l’artillerie, se dessine l’ile Seguin dont il ne reste plus grand-chose de la pointe amont. Le fronton qui avait été conservé jusqu’à très récemment a été abattu, ainsi que les bords de l’usine qui formaient le terre-plein de l’ile Seguin sur lequel les bâtiments de l’usine étaient construit. Rendre le côté naturel de l’ile, l’intention est louable, mais conserver cette devanture aurait été intéressant sur la plan historique. Dommage.
Suivons un peu le cours de la Seine, on rattrape un morceau de la base de l’usine à proximité du pont Daydé, mais avec la présence des pelleteuses autour, on peut craindre que ces vestiges ne fassent pas long feu. Dommage, là encore..; On aperçoit également l’ancienne piste d’essai de l’ile Seguin, laquelle se situait sous l’usine. Combien de 4CV, de R4 ont réalisé leurs premiers tours de roues sur cette piste ? Cette piste avait été crée en 1934 et n’avait été que peu modifiée jusqu’en 1992, une grande partie de celle-ci était constituée de mauvais pavés. Longue de 2,6 kilomètres, elle se situait dans la partie amont de l’ile en faisant le tour de la pointe et faisait le lien entre les deux ponts de l’ile Seguin.
Nous arrivons enfin au niveau du Pont Daydé, celui-ci fut le premier pont permettant de rejoindre l’ile Seguin, terminé en 1929. Il porte le nom de l’entreprise qui l’a conçu et réalisé, les établissements Daydé, entreprise qui a à son actif le pont Mirabeau à Paris, le pont-canal de Briare, la gare de Bordeaux-Saint-Jean ou encore le Grand Palais de Paris. Ce pont sera bien évidement conservé, tout comme le deuxième pont, le pont Seiber, de l’autre côté de l’ile.
Au moment de mon passage sur Boulogne Billancourt, le pont Seiber m’était invisible car situé de l’autre côté de l’ile et inaccessible par Boulogne-Billancourt. Le pont Daydé était en cours de restauration, d’importantes bâches blanches cachaient les piles qui étaient en cours de désamiantage. A l’avenir, il semblerait que ce pont soit exclusivement piéton.
En revanche, grosse déception pour le fronton Renault, qui était l’entrée de l’usine de l’ile Seguin, mis à terre peu de temps avant mon passage pour permettre la restauration du pont Daydé. Mais rassurons nous, ce fronton sera remonté à l’identique à la fin de cette restauration. En attendant, le fronton est conservé sur l’ile Seguin dans un espace sécurisé, hélas inaccessible.
Maintenant, rejoignons l’Ile Seguin par le nouveau pont Renault. De celui-ci, on peut regarder le chantier sur la pointe aval ou est en cours de réalisation le futur R4, un centre artistique réalisé par l‘architecte Jean Nouvel. Une infime partie de l’Ile Seguin est ouverte au public, celle où a été réalisé un jardin public dans lequel on trouve un pavillon sur l’histoire de l’île Seguin érigé par Renault dont nous reviendrons tout à l’heure. Le jardin en lui-même, en hiver, ne vaut pas le détour. Mais un effort a été réalisé pour rappeler au visiteur l’histoire de l’ile Seguin, l’ère Renault, mais aussi l’ère d’avant Renault ! Entre les grilles, vers les parties non accessibles de l’ile, on remarque quelques reliques de l’usine, dont une verrière qui semble être envahie par la végétation. En espérant que celle-ci soit rapidement restaurée et traitée contre la rouille !
Mais sur l’île, l’élément remarquable reste le petit pavillon géré par Renault sur l’Ile Seguin, composé de conteneurs colorés, la structure interpelle. L’on y trouve au premier niveau, derrière une grande verrière, une voiture exposée, qui au moment de mon passage était une Renault Type AG1 Taxis de la Marne. A l’étage, on retrouve un petit musée sur l’Ile Seguin, qui détaille énormément l’époque Renault (normal, le pavillon étant financé par Renault), mais aussi sur l’avenir de l’ile et les différents projets de réhabilitation qui ont échoués. Un pavillon qui vaut très largement le détour, et qui plus est, la visite est gratuite !
Enfin, pour être complet sur les vestiges de la présence de Renault à Boulogne Billancourt, il reste à évoquer le Bâtiment « 57 Metal » situé au pied du nouveau pont. Malheureusement, avec le temps qui commençait à me manquer, je n’ai pas pris de photo de ce bâtiment, en me disant qu’étant récent, et n’ayant pas été démoli lors de la destruction du trapèze, que le 57 Metal avait de beaux jours devant lui. Mais en faisant quelques recherches, il se trouve que ce bâtiment était propriété de Renault jusqu’en 2014, a été revendu à un consortium qui aurait un autre projet pour ce lieu… Affaire à suivre mais il se pourrait bien que le 57 Metal vive ses dernières années… Si le projet Renault 2000 avait du être mis en œuvre, la quasi-totalité des bâtiments du trapèze aurait ressemblé au « 57 metal ».
Conclusion
Plus de 20 ans après la fermeture du complexe industriel de Renault à Boulogne Billancourt, la mutation de ce quartier n’est pas encore terminée. Il aura fallu attendre plus de 10 ans pour que les installations de Renault soient réduite à poussière, et encore quelques années de plus pour voir les premiers projets sortir de terre. Aujourd’hui, la plus grande partie du trapèze s’est transformé en un quartier résidentiel, un éco-quartier qui alterne parcs, immeubles d’habitations et de bureau, la végétation est présente partout : dans les rues, sur les immeubles … On pourrait faire deux reproches à cette réhabilitation du trapèze :
_ la première, c’est le « délire des architectes », on a l’impression que cette zone a été livrée aux architectes sans aucune norme. Les immeubles s’enchainent et aucun ne se ressemble, aucun n’utilise les mêmes matériaux, les mêmes couleurs. Les immeubles rivalisent à celui qui aura la forme la plus excentrique, les couleurs les plus flashy… on a tendance à s’y perdre, la palette de matériaux et de couleurs utilisées est trop large, le tout devenant une véritable cacophonie. Est-ce que ce quartier vieillira bien dans le temps ? Je ne pense pas, et sans doute deviendra-t-il comme les cités des années 1970 à l’heure actuelle ?
_ Seconde critique, l’absence de repères historiques. Ici, on est sur l’ancien trapèze de Renault, et peu de choses nous le rappellent. Pourtant, c’est ici qu’ont été fabriqué des centaines de milliers de voitures, camions, trains, avions, moteurs en tout genre, chars, obus, munitions, armes … Rien ne nous le rappelle. Sur le site du trapèze, des centaines de milliers d’ouvriers y ont travaillés, y ont parfois laissés leurs vie, des mouvements sociaux sont partis de là, … et rien ne nous le rappelle. Sur le site du trapèze, des personnes illustres ont travaillé, Louis Renault, les nombreux PDG de la régie Renault … encore une fois, peu de choses l’évoquent.
Quant à l’ile Seguin, 10 ans après la destruction de l’usine éponyme, le projet R4 est enfin lancé après une décennie d’errements, de doute sur l’avenir de l’ile. Dans la précipitation, on y a établis quelques points de rendez-vous, histoire de montrer que tout n’a pas été rasé pour rien. Ainsi, un petit parc public a été réalisé, une zone de stationnement ayant accueillit diverses manifestations temporaires (restaurant, cirques …), Renault y a même réalisé une piste d’essais pour ses véhicules électriques. Avec le projet R4 lancé, on arrive au terme de cette période de vide, et l’on espère que le nouveau projet fera la part belle à l’histoire de ce site, qui restera dans la mémoire ouvrière et industrielle française. Car après tout, ne disait pas t’on « Quand Seguin tousse, la France s’enrhume » ?
Et justement, l’île Seguin n’était pas qu’une simple usine, c’était un lieu présent dans la conscience populaire française, dans la conscience ouvrière, un site qui a participé à sa façon à l’histoire de la France au cours du XXème siècle. Bien évidement, on ne pourra jamais tout garder d’une usine à l’abandon, mais le choix de ne rien laisser (exceptés deux frontons) n’est pas à la hauteur de ce site. Dommage pour l’histoire de l’automobile, dommage pour l’histoire ouvrière, dommage de ne pas conserver quelques des chefs d’œuvres de l’architecture industrielle, dommage … tout simplement. Et cette critique pourrait être dupliquée à l’ensemble des bâtiments industriels, dont hélas on ne prend peu soin de sauvegarder certains vestiges, mais ceci, c’est un autre débat …