Au début des années 1970, l’Alpine A110 est au sommet de la gloire, la berlinette remporte divers succès mais le fondateur d’Alpine, Jean Rédélé, souhaite faire évoluer sa gamme et présenter une alternative à la Porsche 911. C’est à l’Alpine A310 qu’échoie ce rôle, présentée en 1971 dans une version quatre cylindres, en attendant le V6…
Revenons à la fin des années 1960, la berlinette A110 se distingue en compétition automobile et permet à Alpine de se faire un nom, son fondateur, Jean Rédélé décide de capitaliser sur ce succès pour élargir sa gamme, c’est même un mal nécessaire pour survivre dans le monde des petits constructeurs. En 1968, la petite équipe de Dieppe se met en ordre de marche pour concevoir une GT avec, en ligne de mire, et comme exemple, la Porsche 911. Avec une GT, Alpine pense ainsi viser une clientèle plus large que celle des berlinettes dont la diffusion reste limitée.
Pour cette nouvelle venue, Alpine décide de tourner la page et de proposer à sa GT une ligne moderne, à l’opposé de l’A110. Les stylistes Yves Legal et Michel Béligond réalisent les premières esquisses en 1968 et figent les grandes directions du projet, dictées par un cahier des charges imposant un moteur en porte à faux arrière. Les détails seront petit à petit affinés, la voiture présente une rampe de six optiques cachés derrière deux vitres de plexiglas traversant quasiment toute la largeur de l’A310. Au final, la nouvelle Alpine propose une ligne moderne, sportive et bien équilibrée, bien que bridée par le services des mines (notamment sur l’implantation des feux).
Aussi, pour concevoir cette voiture, Alpine doit obligatoirement piocher dans la banque d’organes de la Régie Renault, les deux firmes étant liées par un contrat de fourniture. Le moteur le plus performant à cette époque est le quatre cylindres 807 qui prend place dans l’Alpine A110 1600S, difficile dès lors d’envisager de contrecarrer une 911 à moteur six cylindres.
Au final, lors de sa présentation en 1971, Alpine livre une bonne copie, l’A310 présente une ligne capable de séduire, et côté fiche technique, si la nouvelle venue est plus lourde que l’A110 avec 930kg sur la balance, l’A310 est aussi plus puissante avec 125Ch. La première version à être commercialisée fut la 1600VE avec un 1605cm3 alimenté par deux carburateurs Weber.
A l’intérieur, l’habitacle de l’A310 propose quatre places (bien que les deux places arrières soient très petites), et par rapport à l’A110, des efforts ont été apportés sur la finition avec des fauteuils plus confortables et offrent un bon maintien. Mais hélas, la finition n’est pas à la hauteur des concurrentes et c’est là le gros point faible de l’A310.
Au fur à mesure des années, et surtout des réglementations, l’A310 évolue : en 1974, l’A310 1600 VE cède sa place à la 1600VF qui dispose du même moteur mais l’alimentation s’effectue désormais par une alimentation électronique Bosch permettant d’offrir 2Ch supplémentaires mais surtout un agrément de conduite amélioré. Enfin, en 1975 apparaît l’A310 VG avec le moteur de la R16 TX, le 1.647cm3 de 95Ch pour jouer l’entrée de gamme.
En 1976, Alpine présente l’A310 V6 avec le PRV, et prend le parti de stopper les versions quatre cylindres alors que eux-ci auraient toujours pu jouer un rôle comme entrée de gamme. Mais l’A310 4 cylindres avait loupé sa cible, 2.343 exemplaires commercialisés, bien en dessous des objectifs. Il faut dire que la première crise pétrolière a fait du mal au modèle, sans oublier que l’A310 est lancé pendant une époque troublée pour Alpine, entre comptes dans le rouge, grèves dans l’usine de Dieppe et prise de contrôle d’Alpine par la Régie. Au final, l’A310 V6 tentera de faire oublier ce passage, la voiture en profite pour se faire un lifting, pour sa première année de commercialisation, plus de 1.200 exemplaires trouvent preneur…