La Ford GT40 est à juste titre un mythe dans l’histoire de l’automobile … Voiture conçue pour mettre fin à l’hégémonie des Ferrari sur le circuit des 24 heures du Mans suite à quelques disputes entre Henry Ford et Enzo Ferrari, la GT40 arrivera à gagner sur le circuit de la Sarthe quatre fois de suite, sans oublier une multitude de trophées décrochés dans d’autres courses. Avec un tel palmarès, la GT40 marque l’histoire de l‘automobile, accédant le stade de voiture mythique…
Fruit du hasard, cette rencontre avec une Ford GT40 tient d’un énorme coup de chance ! En effet, partit avec des amis au « Le Mans Story 2013 » pour un week-end passion, nous voilà sur le chemin du retour avec pleins de photos, mais surtout, pleins de souvenir s en tête, de bruits, d‘odeurs, et d’images de voitures de rêve que l’on ne croise que sur ce type de rassemblement ! Pour faire passer le temps, on débriefe tout ça pendant le trajet, quand soudain, au loin, une voiture très basse aux couleurs vives se dessine ! Plus les kilomètres s’enchaînent, plus on se rapproche de cette voiture mystérieuse, bloquée par quelques conducteurs « lents ».
Au bout d’un certain temps, le doute n’est plus permis, c’est une Ford GT40 que nous avons devant nous ! Face à la rareté de cette voiture, mais aussi avec son passé glorieux, on s’en rapproche un peu plus rapidement, dépassant les voitures qui nous séparaient de la belle. Nous voilà maintenant tout juste derrière, nous roulons dans cet ordre sur plusieurs dizaines de kilomètres, vitres baissées pour profiter du son du V8, et appareil photo à la main pour prendre quelques clichés. Soudain, une occasion de dépassement se profile, et nous voilà passé devant la GT40 ! Combien de personnes peuvent se vanter d’un tel exploit ? Même les pilotes du Mans s’y sont cassé les dents …
Désormais, nous pouvons prendre des clichés de l’avant de cette GT40, son conducteur ayant compris notre démarche, fait quelques écarts pour nous offrir de beaux angles de vues ! Puis, au bout d’une vingtaine de kilomètres, le voici qu’il nous dépasse, et nous laisse sur place ! Nous voilà à peine remis de ces émotions que nous décidons de faire une pause une fois rentré sur l’autoroute, et je vous le donne dans le mille, la GT40 était elle aussi sur l’aire de repos, en train de se ravitailler ! On aurait voulu le faire exprès qu’on n’y serait pas arrivé ! On exquise quelques mots à son propriétaire, qui décide de se garer une fois le plein fait pour parler de sa voiture, et du week-end au Mans, voilà un vrai passionné !
C’est tout aussi joyeux qu’un enfant découvrant ses cadeaux le matin de noël que nous discutons aux pied de cette GT40, avant de partir s’asseoir en terrasse d’un café. Quelques minutes durant lesquelles de nombreuses personnes sont venus faire le tour de cette voiture, se demandant de quel modèle il s’agissait, et si cette voiture pouvait vraiment rouler sur route ouverte ! On discute GT40, de conduite, du Mans Story, de voitures anciennes en générale, les minutes s’enchainent rapidement, sans s’en rendre compte, puis au bout d’une heure, nous voilà revenu devant la GT40, avec toujours autant de badauds autours.
Avant de repartir, le propriétaire me propose de me glisser à la place du conducteur, une invitation à laquelle il est impossible de dire non ! Quelques explications suivie d’une démonstration de comment se glisser à bord de ce cockpit, puis me voilà à la pratique. On monte debout sur le siège en passant préalablement sur le large seuil, puis on se laisse glisser en allongeant les jambes vers les pédales. Et sans trop de difficultés, nous voilà assis à peine plus haut que le sol, face au volant qui arbore un logo « GTD40 ».
L’ambiance de cette voiture est très particulière, sans être mal installé, bien au contraire, on sent que l’espace est compté, et il y fait une chaleur bien plus élevée que l’air ambiant. Mais la GT40 n’est pas fait pour la ballade et le confort, c’est une voiture de course, ses nombreux compteurs nous le rappellent (8 sur la planche de bord : compte tours, vitesse, deux jauges d‘essence, voltmètre, pression d‘huile, température d‘eau, température d’huile, la liste est complète), ainsi que le nombre important de voyants et d’interrupteurs, certains pour des fonctions basiques, comme les essuies glaces, d’autres pour déclencher manuellement le ventilateur, les pompes à essence …
Voiture de course, on le sent également par le positionnement du levier de vitesses, car bien que le poste de pilotage soit placé à droite (à l’instar d’une voiture anglaise), le levier est à la droite du conducteur, à hauteur de son bras ! « Assez peu pratique dans les premiers changement de rapports, mais on en prend vite le coup » m’assure son propriétaire. Les matériaux aussi sont spécifiques à une voiture de course, une certaine simplicité et légèreté qui se ressent au regard.
Après avoir fait le tour des multiples commandes, il me faut encore m’extirper de ce poste de pilotage, et la mission est difficile; difficile car être à l’intérieur de ce mythe est une opportunité rare qui ne se reproduira pas de si tôt; et difficile car la manœuvre pour sortir est plus délicate que pour entrer. Il faut en effet pousser avec ses jambes pour se décoller du fauteuil, placer ses bras sur la carrosserie de la voiture, et encore une fois pousser. Une fois la manœuvre effectuée, nous voilà dans la position de départ, debout sur le montant ! Reste plus qu’à enjamber la porte, et au terme d’une ultime manœuvre de contorsionniste, me voilà définitivement dehors…
Me voilà donc dehors, après quelques rapides échanges sur mon ressenti, le propriétaire reprend place dans sa voiture, d’un pas sûr ! On sent que la manœuvre est rôdée … Un dernier au revoir, et voilà qu’il ferme la porte à bout de bras, s’en suivent quelques longues minutes de préparation, durant lesquelles il boucle le harnais, met le contact, appuie sur différents interrupteurs, fait quelques contrôles, et une fois que tout lui semble bon, démarre. Quelques minutes de plus pour faire monter la mécanique à sa bonne température, le temps de faire profiter nos oreilles du son du V8. Et voilà la GT40 qui décolle, et qui disparait de l’aire de repos, avec un dernier bruit au loin du V8 s’élançant sur l’autoroute, et la voilà définitivement partie ! Cette fois, on ne la verra plus cette GT40, son propriétaire rentrant chez lui, quand à nous, nous décidâmes de rester sur place pour nous remettre de nos émotions et nous restaurer.
Une fois la belle partie, nombre de questions nous viennent à l’esprit, questions banales mais qui nous ont échappées sur le moment. Vraie GT40 ? Son année ? la puissance du moteur ? Bref, finalement, et malgré avoir tourné autour de cette voiture et papoter avec son propriétaire, on n’en savait que peu de choses… Quelques éléments nous mettent sur la piste, comme le moteur d’origine anglaise… Sur une américaine, il faut avouer que cet élément surprend, et quand on connait la richesse des artisans anglais à produire des répliques en tout genre ! Autre chose, cette GT40 est immatriculée en Angleterre pour des raisons administratives, car l’homologation en France y est très difficile pour cette voiture. Plein de petits indices qui nous laissent penser à une réplique, sans en avoir le cœur net; et il faut avouer que je n’avais pas révisé les éléments spécifiques de la GT40 avant cette rencontre.
C’est dans les jours qui suivent cette rencontre que, jouant au détective, je remarquerais de nombreux éléments qui diffèrent des vraies GT40 : les essuies glaces sont au nombre de deux sur notre voiture, alors qu’il n’y en a qu’un seul et unique sur les photos d’époque des GT40; les poignées de portes sont totalement différentes … En fouillant un peu sur le net, je trouve une GT40 très semblable à celle que nous venons de croiser, il s’agit d’une réplique, de marque GTD. Mais sans en avoir le cœur net, je propose les photos de cette GT40 à des passionnés du modèle. Et le verdict tombe très rapidement : réplique !
Réplique certes, mais très bonne réplique me dit-on, quelques éléments la trahissent, comme les deux essuie-glaces, mais ce sont surtout les jantes qui ont permit à mon interlocuteur d’être précis et rapide : En fait, les vraies GT40 ont des jantes à écrou central, alors que celle qui j’ai en photo comporte cinq écrous par jante. Voilà un élément qui permet de distinguer une vraie d’une réplique au premier coup d‘œil, et tellement simple qu’il m’avait échappé. Autre élément qui ne trompe pas, la taille des jantes, qui sont en 17 pouces ici, alors que ce n’est « que » du 15 pouces sur les vraies. Sans vouloir me faire la liste complète des différences avec les vraies GT40, il note aussi que la base du levier de vitesse n’est pas identique aux vraies. Le moteur aussi, siglé « Edelbrook », nous vient d’outre manche, c’est la signature typique des répliques anglaises…
Réplique oui, mais belle réplique d‘une GT40 « White Body » , c’est-à-dire aux ailes arrières très larges. Le constructeur anglais de cette réplique, sans certitude aucune, pourrait être Tornado ou GTD… Soudain, une illumination me vient, le centre du volant, siglé « GTD40 », voilà ce qui met fin à la recherche du constructeur de cette réplique (et qui aurait du tilter quand je me demandais s‘il s‘agissait d‘une réplique …). GTD est donc un fabriquant très connu, et reconnu dans les répliques de Ford GT40, puisque pour concevoir ses GT40, GTD se sert de moules qui ont été conçus grâce au pièces des Ford GT40, ce qui permet d’en sortir des copies conforme. Ensuite, selon la finition demandée par le client, et les quelques éléments obligatoire pour l’immatriculation de la voiture, et surtout le moteur, permettent de différencier cette réplique des vrais. D’ailleurs, dans l’univers de la Ford GT40, les propriétaires des vraies se servent des pièces produites par les constructeur de répliques pour réparer leur voiture en cas de choc ! C’est donc dire la qualité de ses reproductions.
Bonne réplique aussi par la position du poste de pilotage, situé à droite de la voiture, et le levier de vitesse à droite du conducteur. Le fait que la réplique soit anglaise aide au placement du siège conducteur, mais nombre se voient avec le conducteur installé à gauche; tandis que d’autres, bien qu’ayant le conducteur à droite, ont le levier de vitesses au milieu de l’habitacle…
Pour en revenir à notre GT40, ou plutôt GTD GT40, ne dénigrons pas le fait que se soit une réplique. En effet, les vrais sont tellement rares (seuls 126 exemplaires ont été construits) qu’ils se vendent dans les salles d’enchères, leur prix atteint facilement le million d’euros; si bien qu’elles sont devenues inabordables pour un très grand nombre de passionnés. Et comme pour toutes choses, quant le produit original n’est pas disponible, il faut se tourner vers un ersatz; tel est le filon trouvé par plusieurs artisans. Sans être de vraies GT40, ces répliques ont le plumage, mais aussi l’esprit, puisque souvent équipés de moteurs équivalent, mais moins nobles, parfois moins puissants, mais dont le rapport poids/puissance se rapproche de la vraie GT40, les sensations de conduite avec.
Les répliques permettent également de rouler sur circuit sans trop de soucis à se faire quant à casser une voiture ayant une valeur historique et valant plusieurs millions d’euros. En fait, c’est surtout sur les pièces mécaniques que la réplique fait la différence, puisque celles de la GT40 sont plutôt rares et chères, tandis que celles des répliques sont plutôt bon marché. Un seul exemple, la boite ZF qui équipe les Ford GT40 vaut à elle seule 30.000€, et encore, il s’agit là des premiers prix… Quant au prix d’une réplique faite par GTD, on peut osciller entre 80.000 et 120.000€ selon l’état et la finition choisie par le client à l’époque; on est très loin du prix des vraies, un poil en dessous des « continuations », mais cela reste un joli prix pour une réplique…
D’ailleurs, en parlant de moteur, nous n’avons pas trop évoqué celui de notre réplique. Il s’agit donc, comme dit au dessus, d’un V8 Edelbrock, c’est à dire Rover, qui trouve son origine chez Buick. En effet, le constructeur anglais, voulant se doter d’un V8, décide de passer commande aux Etats-Unis pour en produire un sous licence, plutôt que de faire des dépenses importantes pour la conception d’un tel moteur. Rebadgés par Rover, ces V8 pouvaient varier entre 3,5 litres et 5,0 litres de cylindrés, ils ont équipé, entre autres, les MG B et MG BGT dans leurs versions V8; ainsi que les Range Rover au cours des années 1970. C’est à cette même époque que GTD fabriquait ses répliques, ainsi, ce V8 aurait donc une cylindrée de 3,9 litres, et développerait 182Cv. Il me semble d’ailleurs avoir souvenir que le propriétaire de cette réplique développait 200Cv, ce qui semble fort probable avec une petite préparation. Mais même avec 200Cv, on est assez loin des 340 de la vraie Ford GT40. Néanmoins, 200Cv sur cette voiture au poids plume, il y a de quoi s’amuser !
Les +
_ ligne et esprit de la GT40 respectés
_ pièces de rechange trouvables et à bon marché (comparativement à la Ford GT40)
_ performances
Les –
_ prix d’achat (pour une réplique)
_ quelques petites imperfections vis-à-vis d’une vraie GT40
_ difficulté d’homologation.
L’avis d’Alex
Ce n’est pas une vraie Ford GT40… Mais, t’en pis, l’esprit en demeure intact et cette réplique figure parmi les mieux réussies de celles fabriquées. C’est donc tout légitimement que l’on peut confondre les deux, mais la magie opère quand même, et on prend un réel plaisir à regarder ces voitures évoluer. Tel est le but d’une réplique finalement, de toucher à l’impossible ! Et même sans être une vraie GT40, les performances de cette réplique sont loin d’être mauvaises, la plus grande difficulté est de tenir les limitations de vitesses sur route ouverte, mais une fois sur circuit, la cavalerie est lâchée. C’est d’ailleurs ce que le propriétaire de cette réplique fait, se rendant sur divers rassemblements sur circuit par la route ! Le seul bémol restera ticket d’entrée, puisque la valeur de ces répliques n’en demeure pas moins élevée, cotant plus que certaines vraies Ferrari ou Porsche …
Remerciements au propriétaire de cette auto pour sa sympathie, lequel n’a pas hésité pour prendre une heure de son temps pour parler de son auto alors qu’il était sur le chemin du retour d’un rassemblement ! Que la passion continue de l’animer…