Ah la GSA … une voiture que l’on adore détester. Il n’y a qu’à regarder, la voiture porte encore une image négative dans le monde de la collection, certaines personnes ont peut-être, comme moi, l’image de la GSA comme voiture de la déchéance à l’instar du film « Une époque formidable »… Mais, toutes les personnes qui ont eu une GSA sont formelles, c’est une des meilleures voitures qu’elles n’ont jamais eu, avec une tenue de route jamais égalée, et un moteur nerveux. Quelle véritable image de la GSA se faire ? Pour cela, et peut être redorer le blason de cette voiture, partons sur nos routes avec une GSA 1300 break de 1984.
Comment raconter l’histoire de la GSA sans passer par la GS ? En réalité, les modèles sont les mêmes, la GSA étant une évolution de la GS, qui se distingue par son hayon et surtout par ses gros pare-chocs en plastique … Question de mode, mais aussi de protection pour la carrosserie.
Le projet qui mène à la GS débute dès l’année 1960 avec le prototype C60, sorte de « super Ami6 » qui aurait pu combler un trou dans la gamme Citroën, une tranche que l’Ami6 apparue en 1961 ne représentera que partiellement. Dans les années 1960, on reprend l’idée d’une voiture moyenne avec le Projet F, mais Citroën s’éparpille dans les études… Plusieurs variantes de carrosseries (tailles plus ou moins grandes…), plusieurs mécaniques (Quatre cylindres, moteur Wankel)… Finalement, les bureaux d’études repartent d’une page blanche en 1967 pour lancer le projet G, lequel devra impérativement être présenté en 1970.
Les délais seront tenus, ainsi apparait la Citroën GS au cours du salon de Paris d‘Octobre 1970, berline appartement au segment des voitures de classe moyenne, la GS dénote par son choix de carrosserie : elle est une berline bicorps. Le design extérieur est novateur, Citroën aime se démarquer, et l’on vente déjà le Cx record de la voiture : 0,32. Ce chiffre est loin d’être ridicule de nos jours ! Mais encore, pour une voiture de classe moyenne, la GS se différencie d’une part par sa mécanique, un moteur à quatre cylindres à plat refroidit par air; et d’autre part avec ses équipements : quatre freins à disque avec une centrale hydraulique permettant d’agir de manière identique sur les quatre roues… Citroën venait de frapper fort, encore une fois, et surpassait ses rivales sur de nombreux points.
De la GS à la GSA, il faudra attendre dix années, la GSA fait son apparition à partir de Juillet 1980, outre les pare-chocs en plastique, la voiture subit de nombreux changements : la porte de malle devient un hayon, les éléments chromés disparaissent, l’intérieur est revu… Au final, la GSA tire sa révérence en Juin 1986, après 2.473.499 exemplaires produits (GS compris). Si la GS semble aujourd’hui oubliée, ces chiffres nous prouvent qu’elle fut une véritable réussite pour la marque aux chevrons.
Voilà pour ce qui est de l’histoire du modèle, maintenant, découvrons la GSA qui est mise à notre disposition pour cet article : il s’agit d’un Break Spécial datant de 1984. La finition Spécial n’avait cependant rien de spécial, si ce n’est d’être l’entrée de gamme de la GSA. Au programme, peu de chromes, pas d’enjoliveurs de roues, et encore moins de jantes aluminium proposées sur les séries plus cossues; telle était la recette pour afficher un prix contenu. Idem au niveau du poste de conduite, le compte tours est absent et diverses fonctionnalités sont absentes (économètre…). Cependant, 1984 est la bonne année de la série Spécial, puisqu’elle obtient une promotion au niveau mécanique : elle troque son 1150 pour un 1300 !
Cet exemplaire sort tout juste d’une grange, pour tout dire, au début de l’année 2015, cette GSA dormait encore, remisée pendant quasiment une décennie. Un petit travail de remise en route aura été nécessaire pour remettre d’aplomb cette voiture, mais sans nécessiter de gros chantier, preuve de la fiabilité de la mécanique. Au niveau carrosserie, la voiture est saine, la rouille demeure totalement absente. Seuls quelques coups sur la carrosserie, ainsi que le pare-chocs avant tordu, nous prouvent que cette voiture à eu un peu de vécu…
Montons à bord de ce vaisseau qu’est la GSA, l’intérieur totalement bleu dénote avec l’extérieur blanc. Si les lignes de la GSA apparaissaient fluides et modernes dans les années 1980, l’intérieur n’est pas en reste et recèle de nombreux éléments stylistiques particuliers. Réalisé sous la direction de Michel Harmand, l’habitacle est habillé d’une planche de bord avec des lignes tendues, des surfaces lisses, le tout n’est pas sans rappeler la ligne extérieure de la voiture.
Côté conducteur, on retrouve l’inévitable volant monobranche, véritable signature de Citroën, et derrière ce dernier une planche de bord digne d’un vaisseau spatial. Face au conducteur est présente une vue en coupe de la GSA, accompagnée de voyants de chaque côté, lesquels sont reliés à l’élément correspondant sur la vue en coupe. Si l’un d’eux s’allume, il n’y a plus qu’à suivre la flèche pour savoir d’ou vient le problème, et aller opérer sur la voiture.
Que dire également de l’original tachymètre, qui est un cylindre gradué tournant sur lui-même sur un axe, une loupe permet de lire le chiffre indiquant la vitesse à laquelle on roule. Véritable innovation en matière de style, cet élément est loin de faire l’unanimité, et même en ce qui me concerne, si je suis plutôt fan de ce genre de détails, il faut bien avouer qu’à l’utilisation, ce compteur de vitesse s’avère peu pratique : le cylindre n’est jamais stable et ne s’arrête pas de bouger, tandis que la loupe déforme les chiffres. Et toutes les vitesses ne sont pas graduées, les chiffres vont de 20 en 20km/h, entre les deux, on est dans le flou pour savoir à quelle vitesse on roule. Pas très pratique, surtout en ces heures de répression du moindre petit excès de vitesse …
Enfin, il reste encore à parler des « satellites », la GSA n’a pas de comodos comme sur une voiture classique, mais deux satellites de chaque côté du volant. Si la chose est quelque peu déroutante aux premiers abords, la pratique finira de convaincre le conducteur, l’ensemble des commandes tombent sous les doigts sans avoir à lâcher le volant. Seul bémol, le clignotant ne revient pas tout seul, mais ne vous est-il pas arrivé de souhaiter que le clignotant ne s’enlève pas sur votre voiture ? Un élément fort pratique en conclusion, même sécurisant, il est étonnant que les autres constructeurs n’aient pas repris le même mécanisme par la suite. Ah si, le manque d’esthétisme sans doute …
Si la planche de bord est originale, le reste de l’intérieur est plutôt conventionnel, si l’on excepte les contreportes. Les fauteuils n’ont rien d’originaux, si ce n’est leur tissu de faible qualité (ah les années 1970 et 80…), qui se déchirent de rien au vu de leur épaisseur qui n’a rien à envier d’une feuille de papier. Dans notre GSA, cependant, le tissu est encore en place, pas déchiré, mais distendu par endroit, mais l’on a déjà vu bien pire sur le modèle…
Désormais à l’intérieur, partons sur nos routes pour un petit essai. Contact mis, moteur allumé, la suspension hydropneumatique de la GSA lève en un rien de temps, une fois à la bonne hauteur, il est temps de partir. La voiture s’élance, le quatre à plat s’ébroue en faisant un bruit de crécelle (je n’aime pas le bruit du moteur à bas régime), qui s’estompe une fois bien lancé. La voiture est vive, nerveuse, elle met un rien de temps à atteindre les 70km/h autorisés pour le moment.
Plus loin, les routes de campagne me permettent de profiter de la voiture, et sa conduite est étonnante à plusieurs égard. Sa suspension tout d’abord, l’hydraulique fait son travail à merveille et de l’habitacle, les occupants ne ressentent rien des aspérités de la route ! C’est en virage que l’on constate tout le travail fait par les équipes d’ingénieurs depuis la DS, la voiture ne prend qu’un très faible roulis, à peine perceptible de l’habitacle, ce qui permet de passer les virages sans avoir à diminuer sa vitesse ! En parlant de virages, la direction aide beaucoup à les passer à vitesse soutenue, très souple, un rien de mouvement sur le volant permettra d’enchainer les courbes : le train avant est des plus précis. On peut dès lors se rappeler la publicité télévisée de la GSA avec le tapis rouge qui se déroulait devant la voiture, la conduite de la GSA, c’est ça, une voiture des plus confortable, digne d’une voiture haut de gamme, alors qu’elle n’était que dans le segment des petites berlines !
Concernant le moteur, le 1300 fait un superbe travail du haut de ses 65ch, il peut en outre convenir à une grande variété de conducteurs. Pour une conduite normale, le moteur de la GSA est là, sa souplesse permet de passer virage et intersections en troisième, le couple permettra de reprendre son élan par la suite. Amateur de conduite un peu plus sportive ? Le 1300 vous offrira sa nervosité, si les accélérations ne sont pas fulgurantes, la voiture marche fort par rapport à ses concurrentes, et sa tenue de route permettra de rouler à vitesse soutenue dans une sensation de sécurité ! Cependant, le modèle essayé n’avait qu’une boite à quatre rapports, et une fois aux alentours de 110kmh, le bruit du moteur se fait pesant, la 5ème aurait été la bienvenue. Mais loin d’être une critique, la 5ème était disponible en option, cette voiture conviendra pour faire de la route nationale dans une petite voiture, tout en ayant le confort d’une berline haut de gamme, la nervosité du moteur en plus !
Quant au freinage, il faudra s’adapter à la pédale « on/off » de la GSA, un rien de pression sur celle-ci, et voilà la voiture qui donne tout ce qu’elle peut pour s’arrêter. Au moins, dès le premier essai, on sait que le système de freinage fonctionne et qu’il est redoutable d’efficacité, mais au prix d’une petite frayeur. Mis à part un petit temps d’adaptation pour doser correctement le freinage sur la GSA, il n’y à rien à redire de ce côté-là.
En définitive, la GSA, sous son image écornée de voiture de « pauvre», cache une voiture aux qualités énormes, bien plus que ses principales rivales du secteur. Cependant, l’image ternie de la GSA est encore présente, et il faudra quelques années de plus pour redorer son blason. Mais déjà, un club très actif existe, et les côtes des premières GS tend à partir à la hausse. Peut être l’avènement pour cette voiture oubliée, qui a longtemps été la seconde Citroën la plus produite, derrière la 2cv !
Les +
_ Tenue de route
_ Confortable
_ Prix accessibles
Les –
_ Image écornée
_ Mécanique peu accessible
_ disponibilité des pièces
L’avis d’Alex
Arrêtez donc de la dénigrer !! Bon sang, la GSA est une bonne voiture, elle était sans aucun doute ce qu’il se faisait de mieux sur son segment. La voiture est pleine de qualités : moteur nerveux, confort digne d’une voiture haut de gamme, et de nombreux éléments de style affirment sa personnalité. Certes, comme toutes voiture, la GSA a également ses défauts, un manque d’accessibilité de la mécanique qui empêche de faire les opérations courantes d’entretien dans le temps normalement imparti, ou encore le tissu intérieur qui aurait pu être d’une meilleure qualité; et surtout la corrosion qui peut faire du mal à la carrosserie si elle n’est pas traitée assez tôt.
Alors pourquoi tant de haine envers ce modèle ? Il faut dire que la GSA a souffert des premières primes à la casse, des milliers d’exemplaires sont ainsi passés au pilon à une époque où la voiture ne présentait pas d‘intérêt… Mais dès l’origine, la ligne de la GS devenue GSA par la suite était audacieuse, Citroën, fidèle à sa réputation, se démarquait des autres constructeurs. Au final, on adore ou l’on déteste… Rajoutez à cela que la GS.GSA est complètement boudée par les Citroënistes, et vous obtiendrez une image négative qui entache encore et toujours le modèle. Mais, de grâce, avant de critiquer la GS(A), essayez en une auparavant, vous pourriez être surpris…
Remerciement pour cet article à Ludovic A, gérant du garage Le Relais de l’Auto Ancienne pour le prêt de sa voiture le temps d’un petit essai et de quelques photographies pour cet article.