Lancé pour concurrencer le Chrysler Voyager et défricher le segment des minivans, le Ford Aerostar apparaît en 1984 et connait une longue carrière commercial, il n’en reste pas moins qu’il reste le concurrent malheureux face au Voyager…
Aux Etats-Unis, depuis les années 1960, les vans connaissent un important succès, véritables salons sur roues, ils conquièrent une part importante de la clientèle familiale et permettent aux constructeurs américains de tenir tête au Combi de Volkswagen. Mais lorsque arrive les années 1980, la clientèle veut autre chose qu’un fourgon aménagé en salon, mais une véritable automobile. C’est ainsi que va apparaitre le segment des monospaces, avec l’apparition en 1984 du Chrysler Voyager, suivit l’année suivante par Ford et l’Aerostar.
L’idée d’un « mini van » débute dans les années 1970 chez Ford, avec l’étude du « Carrousel », un van aux dimensions réduites qui puisse entrer dans les garages des familles américaines contrairement aux vans classiques. L’idée semble bonne, la direction de Ford approuve le projet, hélas, les contraintes financières liées à la crise financière obligent Ford à réaffecter les crédits sur des projets plus importants, tuant dans l’oeuf le Carrousel. L’idée sera reprise par Chrysler à la fin des années 1970 dans le développement du Voyager (le transfuge de Lee Iaccoca et de Hal Sperlich n’y est peut être pas pour rien…).
Lorsque Ford apprend de tels développements par Chrysler, l’étude d’un « mini van » reprend de plus belle pour contrer le Voyager, et ressort des cartons le projet Carrousel pour juger rapidement qu’il n’est plus viable. Ford repart d’une page blanche, pour limiter les couts et gagner du temps, il est décidé de reprendre une base existante, ce sera celle des Ford Bronco II et Ford Ranger. Mais l’étude ne se fait pas au rabais, la suspension est spécifique au modèle, qui disposera également d’une structure monocoque.
En 1984, alors que le projet est en grande partie bouclé, le prototype Aerostar Concept est dévoilée au public, de quoi retenir la clientèle qui pourrait être tentée de partir vers Chrysler qui venait de dévoiler le Voyager en décembre 1983. Il faudra néanmoins patienter jusqu’à l’été 1985 pour voir l’Aerostar effectivement commercialisé. L’aspect extérieur de la voiture, plutôt rustique, est bien moins séduisant que celui du Voyager, et la propulsion prend de la place à l’arrière de la voiture, bien qu’on puisse souligner l’effort de Ford de limiter la place de la suspension arrière avec une suspension à trois bras et ressorts hélicoïdaux.
Côté motorisations, l’Aerostar de Ford propose de base le quatre cylindres en ligne de 2,3 litres de 100Ch de la Pinto, et au-dessus, le V6 Cologne 2,8 litres de 115Ch. Des motorisations un peu faiblardes au vue du poids de la bête, 1,6 tonnes, heureusement, les choses s’améliorent rapidement avec le V6 Vulcan de 3,0 litres de 145Ch, plus tard, mais seulement à partir de 1990, le V6 Cologne de 4,0 litres et ses 155Ch arrive enfin. Coté transmissions, Ford propose une boite manuelle à cinq rapports mais également des boites de vitesses automatiques surmultipliées.
Afin de limiter le poids de la voiture, Ford use du plastique pour les pare-chocs et le hayon, mais également de l’aluminium pour l’arbre de transmission et sur les essieux. Cette chasse au poids devait permettre à l’Aerostar de moins consommer, un objectif qui guide également le dessin de la carrosserie pour améliorer l’aérodynamique. Dans l’habitacle, l’Aerostar est encore très classique et propose au maximum sept places, difficile de parler de modularité à l’inverse d’une Renault Espace dont c’était le point fort, mais l’Aerostar faisait ce qu’on lui demander : transporter une famille avec ses bagages.
Sur le plan commercial, le Ford Aerostar tient la route, certes, le Chrysler Voyager et ses variantes sont loins devant mais il se taille une bonne part de marché, et ce malgré l’arrivé de nouvelles concurrentes, Pontiac Trans Sport en tête. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, le Ford Aerostar n’évolua que très peu au court de sa carrière de 17 années, il connaitra tout au plus quelques petites évolutions : calandre noire en 1989, léger restylage en 1992 avec une nouvelle calandre, des clignotants blancs. C’est à peu près tout jusqu’en 1997, année où l’Aerostar rire sa révérence.
Il y a tout de même quelques variantes qui viennent compléter la gamme et qui méritent le détour. En 1989, Ford dévoile une version rallongée de l’Aerostar pour répondre au Grand Voyager, elle fut d’ailleurs la version la plus vendue au cours des années 1990. Toujours en 1989, l’Aerostar est disponible en version quatre roues motrices avec la version E-4RM. Il faut également évoquer la version Eddie Bauer, visant une clientèle haut de gamme avec une finition améliorer et une teinte bicolore; ou encore l’Aerostar Sport qui est ni plus ni mois qu’un Aerostar doté qu’un kit carrosserie.
Au final, en douze années, c’est un plus de deux millions d’Aerostar qui sont écoulés par le réseau Ford, un beau résultat pour un véhicule qui fut parmi les premier à défricher un nouveau segment, et sans véritable nouveauté au long de sa carrière. Notons qu’au vue du succès du Voyager en Europe, Ford tenta de commercialiser l’Aerostar sur le vieux continent à partir de 1989, une aventure qui tourne rapidement à l’échec : plus cher et moins efficace qu’un Renault Espace, Ford arrête les frais en 1992.