De Tomaso n’est pas le constructeur automobile le plus connu, en dépit de nombreuses créations toutes aussi extravagantes les unes que les autres. Fondée par le seul souhait d’un passionné d’automobiles sportives, Alejandro De Tomaso, de nationalité Argentine, crée cette firme en 1959 en Italie, et place son siège à Modène, une région fortement marquée par les automobiles d’exception, puisque Ferrari est implanté à 18 kilomètres de là; Maserati est implanté au cœur de la ville, bientôt rejoint par Lamborghini qui prépare alors sa première voiture. Avec de telles marques autours, De Tomaso n’avait donc pas vocation à faire de la voiture populaire !
De nos jours, croiser une voiture de la marque De Tomaso est une chose rare, pour ne pas dire très rare. En effet, ce constructeur a produit entre 1959 et 2004 seulement 8.444 voitures. La Pantera, modèle qui nous intéressera pour notre article, a été produite à 7.260 exemplaires toutes versions confondues. Représentant 86% de la production totale des De Tomaso, il est donc aisé de comprendre que la Pantera est le modèle phare de cette marque. Et pourtant, ce même modèle est dur à dénicher, il est encore plus quand il s’agit d’une Pantera GT5S, produite à seulement 187 exemplaires !
Pour en arriver à la Pantera, De Tomaso avait produit auparavant deux autres modèles, la Vallelunga et la Mangusta. La première, produite à partir de 1963, est construite autour d’un moteur de Ford Cortina d’1,6 litres de cylindré. Point de départ de l’aventure, et au fil des années, la collaboration entre De Tomaso et Ford va se renforcer, car pour produire la Mangusta, que De Tomaso veut l’égal des AC Cobra, il obtient la fourniture de V8 Ford de 4,7 litres ! Cette voiture fut lancée en 1966. Mais c’est surtout à partir de 1969 que cette relation va s’intensifier, puisque Ferrari ayant fait un pied de nez à Ford lors de négociations de rachat de ses parts, Ford décide d’aller concurrencer le cheval cabré sur son terrain, aussi bien en compétition qu’en ventes de voitures. C’est ainsi que naissent les GT40, qui contrèrent les Ferrari aux 24 heures du Mans. En ce qui concerne le production de voitures sportives, Ford rachète 80% de De Tomaso, ainsi que 100% du carrossier Ghia.
Prenant le contrôle de De Tomaso, Ford analyse le peu de succès rencontré par la Mangusta, et les premiers rapports seront très précis : certes la ligne de la voiture est spectaculaire, les performances semblent être au rendez-vous, mais la mise au point de la voiture est trop approximative vis-à-vis de la concurrence. Et les bonnes performances n’ont de limites que la fiabilité de la voiture, Ford est contraint d’apporter d’importantes modifications sur la Mangusta afin de faire oublier la fiabilité hasardeuse de cette dernière, et c’est un total remaniement qui est engagé, avec à la clé un changement de nom. Cette nouvelle voiture est présentée au Salon de New-York 1970, c’est la De Tomaso Pantera !
La Pantera apparait ainsi plus moderne que la Mangusta, il faut dire que De Tomaso cède à la mode des phares rétractables, la ligne de l’auto est plus marquée, l’arrière quant à lui est magnifiquement corrigé, la lunette arrière se place verticalement derrière le moteur ! Au final, il ne reste quasiment rien en commun entre la Mangusta et la Pantera, seuls les vitrages sont à quelque chose près identiques. Tout le reste est nouveau, la Pantera fut d’ailleurs la première De Tomaso a être équipée d’un châssis monocoque, preuve qu’il s’agit bien d’une nouvelle voiture.
Les débuts de la Pantera semblent prometteurs, mue par un V8 Ford de 5,7 litres développant 270Cv, elle figure dans la liste des GT les plus puissantes de son temps, tout juste derrière la Corvette C3 qui paraissait bien ancrée en haut de la liste. De plus, la Pantera était proposée à un prix attractif, 10.000$ aux Etats-Unis, 80.000 Francs pour la France, pour ce prix là, on pouvait s’offrir une Porsche 911 2.4S, une Ferrari Dino, mue par un V6, où encore une Lamborghini Uracco. Le choix semblait vite fait pour les clients qui regardaient le critère prix/performances, mais c’était sans compter la réputation des De Tomaso, toujours persistante, et qui se réitère. Car en dépit des efforts effectués par Ford, les Pantera connurent de nombreux problèmes de fiabilité, due à une mise au point trop rapide. Ainsi, le moteur avait tendance à surchauffer, la climatisation à tomber en panne, et à cela se rajoutait de nombreux problèmes lié à la corrosion.
Rapidement, De Tomaso apporte de nombreuses modifications, et ce dès 1972, en proposant la Pantera L, version « luxe », et la sportive GTS de 350Cv. Ces versions firent un grand pas en avant niveau qualité pour De Tomaso, mais l’histoire de la Pantera allait devenir plus difficile, puisque Ford décide en 1975 de couper tout lien avec la firme italienne, et se sépare de sa participation. Cela entraine également un arrêt des importations de cette voiture aux Etats Unis, qui était le principal débouché du modèle, où la Pantera avait trouvé plus de 5.000 clients.
Mais De Tomaso ne se laisse pas abattre pour autant et continue la production de ses modèles, dont la Pantera, tout en apportant le soin d’y apporter quelques modifications, tantôt pour améliorer la finition, tantôt pour les performances … De Tomaso arrive toujours a exporter ses véhicules outre atlantique, mais avec plus de difficultés qu’auparavant, et sans le soutient d’un grand groupe, les ventes n’atteignirent jamais le panache de l’époque Ford. Cependant, les chiffres semblent suffisant pour De Tomaso puisse voire son activité perdurer …
Parmi les nouvelles versions de l’ère post Ford, figure la Pantera GT5, présentée en 1981, qui adopte un nouveau kit carrosserie, avec des ailes élargies en polyester. La GT5 conserve le V8 Ford, mais dont la cylindré descend à 5,0 litre, développant 275Cv. Une autre version, encore plus ultime, basée sur la Pantera GT5 fut proposée à partir de 1986 : la Pantera GT5-S. Se voulant plus sportive, celle-ci adopte un V8 Ford de 5,7 litres, développant 350Cv. De Tomaso démontrait qu’il savait produire des voitures d’exceptions et son savoir faire. De la Pantera GT5S, seuls 187 exemplaires ont trouvé preneurs, la plus part aux Etats-Unis. Quelques exemplaires restèrent en Europe, 3 auraient été vendu en France, et 5 y serait dénombrés à l’heure actuelle.
La GT5-S se dote donc d’un moteur plus puissant, mais aussi d’une carrosserie qui lui est spécifique, notamment au niveau des ailes arrières qui sont élargies afin d’accueillir de très larges pneus de 34,5 centimètres de largeur ! Le tout est spécifique à cette version, puisque bien que les Pantera GT5 aient des ailes élargies, elles ne sont pas aussi larges, et celles de la GT5-S sont en acier, comme le reste de la carrosserie. D’ailleurs, la grille d’aération de l’aile n’est pas la même, puisque celle-ci prend la forme d’ouïes sur la GT5-S.
Côté performances, le V8 Ford est un peu lourd sur la balance, portant de poids de la Pantera GT5-S à 1.566kg, on a déjà vu plus léger pou une sportive. Mais les 350Cv qu’il développe ne sont pas de trop, le tout accolé à une boite ZF à cinq rapports plutôt bien étalée. Au final, les chiffres annoncés ne sont pas si mauvais, sans toutefois être très impressionnants comparée aux concurrentes de sa catégorie. Ainsi, la Pantera pourra cruiser jusqu’à 266km/h, effectuer le 0-100km/h en 5,6 secondes, elle mettra seulement 16,3 secondes pour monter à 180km/h ! Quant au kilomètre départ arrêté, il est avalé en 25,2 secondes.
Mais plus que les performances, c’est le look, et surtout le bruit de cette auto qui ne laisseront pas indifférents. La Pantera GT5-S affiche un look très sportif dans la droite lignée de ce qu‘il se faisait en cette fin des années 1980, on sent l’aérodynamisme de la voiture, qui mesure 1,10 mètres en hauteur ! Et enfin le bruit du V8, retravaillé par quatre sorties d’échappement, donne un grognement très viril au ralenti. Une fois dans les tours, le rugissement du moteur secoue les tympans, faisant vibrer tout le reste du corps. Pas besoin d’être à bord pour ressentir des sensations fortes !
La Pantera GT5-S de cet article date de 1989, il s’agit d’une seconde main, et ne figure pas parmi les rares voitures vendue neuves en France. En effet, celle-ci a été achetée neuve en Allemagne, où elle restera durant une petite dizaine d’années à avaler du kilomètre sur les Autobahn, avant qu’elle ne soit repérée et acquise aux début des années 2000 par un passionné de voitures sportives peu banales, qui en est toujours l’actuel propriétaire. Cette voiture affiche aujourd’hui un peu plus de 20.000km, ce qui fait une moyenne d’environ 800km par an. Cette voiture roule donc assez peu, sachant que son actuel propriétaire roule encore moins que l‘ancien, mais fait un entretient très minutieux de sa voiture. Cette GT5-S est dans son strict état d’origine, mis à par la peinture, puisque la voiture a due être repeinte, dans sa couleur d’origine, après qu’elle ait été la cible de personnes malveillantes. Au final, cette Pantera GT5-S ne présente que peu de défauts, un petit impact sans gravité sur la jupe avant, et une petite cloque bien cachée ! Et dessous la cloque, même pas de la rouille, mais une réaction entre la peinture et le métal ! C’est dire le parfait état de cette voiture … A noter que celle-ci ne présente pas le kit carrosserie proposé en option sur la Pantera GT5-S avec aileron et bas de caisse en polyester !
Avantages/inconvénients
Les +
_ véritable rareté
_ bruit du V8
_ fiabilité du moteur
_ disponibilité des pièces
Les –
_ performances en deçà de ce qu’on peut attendre
_ prix de la voiture
_ moteur ayant tendance à chauffer
_ prix de la boite de vitesse.
L’avis d’Alex
Que dire quand on est face à une telle voiture, rare de surcroît ? On se tait, et on écoute le son du moteur ! Plus sérieusement, La De Tomaso Pantera est un joli mélange entre la finesse de la carrosserie italienne et la cavalerie des moteurs américains. C’est sans doute ce dernier point qui fait (et qui a fait) rebuter de nombreux puristes vis-à-vis de cette auto, jugeant son moteur peu noble. Et ce n’est pas totalement faux, le moteur d’origine Ford, même s’il s’agit d’un V8, n’a pas le charisme d’un moteur Ferrari, Lamborghini… Cependant, le V8 Ford a un avantage de poids, celui de la fiabilité, et de la simplicité d’entretient. En effet, n’importe quel mécanicien, un tant soit peu spécialisé dans l’automobile américaine, saura intervenir sur le moteur de la Pantera sans être dépaysé ! Sans oublier les pièces relativement facile a trouver, puisque le V8 Ford a été décliné sur pas mal de voitures …
La De Tomaso Pantera est donc une voiture très intéressante, encore plus dans sa version GT5-S de par sa rareté, mais aussi par sa carrosserie encore plus agressive ! Elle permettra de faire redécouvrir cette marque italienne à qui l’a oubliée, ou de la faire découvrir tout simplement. Véritable voiture de collection, même si elle en a pas (encore) l’âge, la Pantera GT5-S semble être un très bon placement d’avenir, reste le plus difficile à faire, en dénicher une en bon état, et de pouvoir investir … car la côte d’une belle GT5-S tourne autours des 70.000€, mais compte tenu du faible nombre d’exemplaires sur le marché (pour ne pas dire qu’il y en a aucun), voire une GT5-S atteindre les 100.000€ ne serait pas surprenant …
Remerciements au propriétaire de cette De Tomaso Pantera pour ses précieuses informations sur la voiture, ainsi qu’à Eric V. pour avoir organisé cette rencontre.