Après la seconde guerre mondiale, Nissan va lancer un plan audacieux pour se (re)lancer dans la construction automobile, notamment en proposant des voitures de sport à partir de 1952. Mais ce plan, s’il représente un véritable défi à son époque, fut surtout une aventure totalement improvisée et fut marquée par l’échec de la première sportive, la Datsun DC-3.
Au lendemain du conflit mondial, la situation économique du Japon n’est pas des meilleures, entre villes dévastées par les bombardements et les forces alliés prenant le contrôle du pays. En 1951, les effets de la guerre se ressentent encore, mais les installations les plus importantes ont été reconstruites, et la faim disparait. Pour autant, la situation n’était pas encore favorable à l’industrie automobile, cette année là, seul un japonais sur 240 disposait d’une voiture, et Nissan venait de produire 14.381 véhicules, des utilitaires en grande partie, nécessaires pour la reconstruction du pays. A cette époque, Nissan était déjà un groupe, qui produisait des véhicules sous deux marques, Nissan pour les poids-lourds et Datsun pour les voitures particulières.
Malgré cela, les conditions peuvent changer et Nissan lance un programme pour revenir sur le marché des voitures particulières. Ce projet est initié par Yutaka Katayama, responsable de la publicité chez Nissan, qui convainc ses patron de lancer une petite voiture sportive. Pour cela, Nissan s’attache les services de Yiuchi Ohta, le fils du fondateur de la marque Ohta qui s’est démarquée avant guerre par sa production de voitures de sport, parmi laquelle la Ohta Model OD. S’il devient le concepteur de la future petite sportive de Datsun qui prendra le nom de DC-3, il doit toutefois composer avec les injonctions de la maison mère qui ne souhaite pas dépenser de précieuses ressources sur ce projet. Comprenez par là que les budgets sont réduit à leurs minimums, obligeant de concevoir la futur DC-3 sur la base d’une voiture déjà existante, et en réutilisant le maximum de pièces déjà disponibles.
C’est ainsi que l’on reprend le châssis de la Datsun 5147, un petit camion présenté en 1950, lequel réutilisait déjà le châssis de la Datsun 17T proposée à partir de 1937. Quant au moteur, c’est encore celui du 5147 que l’on récupère. Reste la carrosserie à dessiner, et comme Datsun produisait alors des Austin A40 sous licence, l’équipe de Ohta s’inspire des roadsters anglais, et notamment de la MG TC.
La Datsun DC-3 est finalement prête, sa présentation se fait le 12 janvier 1952. On vante alors son moteur, le « D10 » de Nissan qui était un quatre cylindres en ligne à soupapes latérales avec 860cm3 de cylindrée. Accolé à une boite à trois rapports, l’ensemble développait 20Ch et permettait une vitesse de pointe de 70km/h. Quant à la carrosserie, celle-ci reprenait en grande partie les éléments du Datsun 5147 (capot, calandre, pare-chocs, phares…). Seul le pare-brise et la partie arrière diffèrent pour donner à la DC-3 un air de roadster.
Commercialisée dans la foulée, la Datsun DC-3 était moins chère que certaines berlines de la marque nippone, pour autant, la voiture ne fut pas un succès et la production ne fut seulement de 50 exemplaires, dont seulement une trentaine effectivement commercialisées. Le reste fut finalement reconverti en camionnette type 5147. L’échec de cette voiture tient aux circonstances économiques, le Japon et la clientèle n’étaient pas encore prêts à acquérir une voiture sportive. Par ailleurs, Datsun espérait écouler la DC-3 à l’export afin de faire entrer des devises étrangères, mais la faible puissance du moteur ne permet finalement pas d’envisager une carrière hors de l’archipel.
Pour la petite histoire, les carrosseries des Datsun DC-3 reconverties en camionnettes ont été rachetées par Yiuchi Ohda qui les réinstallera sur des châssis de Datsun d’avant-guerre et les écoula durant quelques années…
Sources
Automobiles Japonaises : article sur la Datsun DC-3.
Datsun.org : article sur la Datsun DC-3.