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Michelin L’Eclair (1895)

                Au début des années 1890, les frères Michelin inventent le pneu démontable après avoir dépanné un cycliste ayant crevé. A la même époque, l’industrie automobile commençait à apparaître et paraissait très prometteuse, Michelin se mit en quête d’équiper les voitures de pneumatiques, premier essai avec l’Eclair en 1895…

Michelin Eclair (2)

               Avec le pneu démontable, Michelin obtient rapidement une renommée importante et permet aux cyclistes de réparer rapidement leurs pneumatiques en cas de crevaison. En 1892, Michelin remporte ses premières victoires cyclistes et devient incontournable pour qui veut jouer la gagne. Dans le même temps, l’automobile naissait et s’équipait de roues cerclées avec, au mieux, un bandage en caoutchouc plein.

              Les frères Michelin réfléchissent alors à dupliquer le pneumatique à l’automobile, mais la problématique du poids était très importante, à tel point qu’équiper une voiture de pneumatiques semblait alors impossible. Les réflexions débutent en 1894 et débouchent en février 1895 sur un pneumatique qui équipe une voiture hippomobile, une première mondiale, mais le passage à l’automobile semble encore compromis par les vitesses élevées qu’elles pouvaient atteindre. Les frères Michelin sont conscients d’un problème majeur : le pneu automobile subira des pressions importantes que l’état des connaissances ne permet de créer. Mais ce défi, les frères Michelin décident de l’affronter à bras le corps.

Michelin Eclair (6)

                Pour arriver à leur but, les frères Michelin décident de construire leur propre automobile pour tester le pneu à l’automobile. Préférant dépenser dans le développement du pneumatique, Michelin assemble trois voitures à partir d’organes trouvés ici et là. mais seule l’une d’entre elles est restée à la postérité : l’Eclair. Cette dernière est réalisée à partir d’un châssis Peugeot sur lequel les frères Michelin installent un moteur Daimler de 4ch destiné aux bateaux. Cette dernière est restée à la postérité en raison de son engagement en compétition et de son surnom « L’Eclair », un sobriquet donné par la fâcheuse tendance qu’avait cette voiture à rouler en zigzag.

Michelin Eclair (5)

                Une fois la voiture terminée et les premiers tests effectués, les frères Michelin s’engagent sur une course automobile. Ces épreuves étaient une invention récente, la première course s’étant couru à l’été 1894, elles se déroulaient alors de ville en ville et avaient un fort impact médiatique pour les pilotes et constructeurs. Les Frères Michelin engagent donc leur voiture pour la course Paris-Bordeaux-Paris dont le départ fut donné le 10 Juin 1895, avec 1.200 km au programme !

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               Au départ, on trouve un plateau éclectique qui nous montre que l’automobile était à ses prémices et n’avait pas encore choisi un mode de propulsion, les voitures à pétrole côtoyaient les voitures à vapeur et les voitures électriques. En tout, 30 véhicules prennent le départ, un chiffre incroyable à cette époque où la France comptait tout au plus quelques centaines de voitures à moteur ! Et parmi elles, la voiture de Michelin pilotée par les deux fondateurs de l’entreprise clermontoise, les deux hommes n’étaient pas là pour leur plaisir, mais pour démontrer les atouts du pneumatique sur l’automobile. Car les Michelin allaient faire rouler en public la première voiture sur pneumatiques !

              Pour cette course que l’histoire retiendra comme le premier Grand Prix de l’ACF ou première grande course automobile, les frères Michelin arrivent à rallier l’arrivée. Et c’est là un véritable exploit car seulement 10 voitures parviennent au terme de la compétition. Une fois que l’on a dit ça, on a tout dit car les Michelin se classent bon derniers et arrivent à Paris au-delà du temps réglementaire, fixé à 100 heures après le départ. La raison de cette lenteur est simple, les pneumatiques qui équipent la voiture avaient la fâcheuse tendance à éclater au-delà d‘un certain nombre de kilomètres parcouru, sans oublier quelques soucis mécaniques.

                Mais entre temps, le pneumatique démontre son efficacité par rapport aux bandages pleins des concurrents : le pneumatique absorbe les obstacles et protège les occupants. Certes, en 1895, le pneumatique était encore trop contraignant pour profiter des avantages, mais Michelin engrange ainsi une précieuse expérience et améliore rapidement le concept du pneumatique automobile, qui deviendra rapidement incontournable… Et quelques années plus tard, les 100km/h sont atteint pour la première fois par une voiture équipée de pneus Michelin ! Quant à l’Eclair, celle-ci n’a pas survécu mais une réplique est visible au musée Michelin à Clermont-Ferrand !