En 1992, le parc d’attraction Euro Disney ouvre ses portes, un évènement à portée européenne qui permet aux marques partenaires de tirer profit de cette visibilité. Parmi elles, il y a le constructeur Renault, dont l’une des attractions expose le concept Reinastella.
On ne va pas revenir sur l’histoire de l’implantation du premier parc Disney sur le sol européen, mais cette histoire est passionnante et met en scène l’Etat français et l’entreprise Disney, l’un des symboles du capitalisme à l’américaine. Pour faire venir Disney en France, les pouvoirs publics accordent des largesses à l’entreprise américaine, outre une réserve foncière conséquente, des infrastructures publiques (on parle d’une gare TGV, du prolongement du RER, le réseau routier…), et même une modification de la fiscalité française. C’est le prix à payer pour attirer un parc à l’envergure européenne qui doit drainer en France des millions de visiteurs venus de toute l’Europe, mais aussi un employeur d’importance au niveau national.
Et Renault dans cette histoire ? Et bien capitalisme oblige, Eurodisney offre aux entreprises une visibilité exceptionnelle, et cela se monnaye. Il est ainsi possible de devenir partenaire du parc et de sponsoriser une attraction. Et on va retrouver aux débuts du parc deux entreprises publiques, France Télécom et Renault (mon cynisme y voit une manière de faire entrer de l’argent public dans le projet sans affecter le budget de l’Etat). Pour Renault, c’est même la première marque à conclure un accord avec Euro Disney, dès 1988, afin de mettre en scène ses automobiles au sein du parc. Renault se voit également attribuer une attraction, le Visionarium, un cinéma à 360° sur la thématique du voyage dans le temps. On y passe notamment, en « pré-show », un film sur l’histoire de Renault.
Et pour l’attraction même, la scène finale du film se passe dans l’avenir, en 2328 pour être précis, et met en scène une voiture du futur imaginée par Renault, et dont on retrouve la maquette exposée devant l’attraction. Cette voiture, c’est le Reinastella Concept. Une petite histoire est créée autour de cette voiture : propulsée par un moteur bio-organique, la voiture vole à 15 centimètres du sol à la vitesse de 50km/h, et peut filer à 300km/h à 150m d’altitude. La Reinastella se pilote par des commandes vocales et cinq personnes, pilote compris, peuvent prendre place à bord. Deux maquettes (non fonctionnelles, si l’on en doutait) de la Reinastella Concept sont conçues par la Régie Renault et partent en exposition à Euro Disney (devenu Disneyland Paris), où elles restent dix ans, soit toute la durée du partenariat entre le constructeur et le parc d’attractions.
Inutile la Reinastella ? En tant qu’objet, totalement (et c’est peut être pour ça qu’on l’aime). Si on la considère comme une étude de style, elle a son intérêt au sein des équipes de Renault, elle sert à développer la créativité des équipes, leur permettant de sortir un temps de la voiture stricto sensu pour créer un simple objet de design. On retrouve ainsi les codes des concepts car de Renault du début des années 1990, je lui trouve une certaine proximité avec le concept Laguna de 1990, mais c’est sans commune mesure avec le concept Racoon de 1992…
La Reinastella, une dénomination bien connue chez Renault Dans les années 1920, Renault était un constructeur généraliste, sa gamme s’étendait des voitures populaires aux modèles haut de gamme, dont notamment la 40CV avec son moteur six cylindres. Dans, dans l’insouciance de l’après Première guerre mondiale, Renault ose monter en gamme avec la Reinastella et son moteur huit cylindres… [en savoir plus…]