Au début des années 1950, le marché automobile français commence à reprendre des couleurs, les nouveautés apparaissent plus nombreuses année après année et l’on commence à voir des voitures autres que des populaires. La Ford Vedette fait son apparition en 1948 et se veut être une berline de luxe, elle fut complétée à partir de 1951 par la Ford Comète…
Beaucoup l’ont oublié mais Ford a longtemps été présent sur le territoire français comme constructeur « national », puisque l’entreprise américaine fonde dès 1916 une filiale en France, laquelle ouvre une usine du côté de Bordeaux pour y assembler tout d’abord des Ford T dont les châssis sont importés d’outre Atlantique. A cette époque, Ford dupliquait son modèle de production dans de nombreux pays pour vendre sa célèbre voiture. Cette filiale française fut réorganisée en 1929 pour devenir Ford SAF (Société française des Automobiles Ford), et passe sous l’autorité de la filiale anglaise du constructeur américain, elle survécu jusqu’au milieu des années 1950 avant d’être reprise par Simca.
C’est donc à l’une des dernières créations de la Ford SAF que nous nous intéresserons pour cet article : la Ford Comète. Cette voiture est présentée à l’automne 1951, il s’agit d’un coupé luxueux qui dérive de la berline Vedette, et qui reçoit une carrosserie spécifique dérivée des Stabilimenti Farina réalisés par Giovanni Farina, puis fabriquée et assemblée chez Facel-Metallon (qui deviendra plus tard Facel-Vega). La Comète se veut comme le renouveau du luxe automobile à la française, et complète la gamme Vedette qui concurrence la célèbre Citroën Traction 15-Six. Quant à la Comète, les coupés demeuraient absent du marché français au début des années 1950, excepté chez les grands constructeurs comme Talbot-Lago, mais qui étaient un cran au dessus niveau luxe…
Côté mécanique, la Ford Comète hérite du V8 de 2,2 litres de cylindrée à soupapes latérales qui équipe la Vedette, celui-ci développe 66Cv, une puissance modeste au vu du poids de l’auto : de 1.180kg à 1.400kg. Ainsi, les performances sont décevantes, avec un petit 130km/h en vitesse de pointe… La clientèle attendait bien plus d’un coupé. Le moteur fut toutefois poussé jusqu’à 74Cv pour atteindre 140km/h. Puis la Comète s’équipe pour le millésime 1953 d’un V8 de 2,3 litres de 80Cv, permettant désormais un 145km/h.
En Janvier 1954, la gamme Comète est complétée par la version Monte Carlo, présentée lors du salon de Bruxelles. La voiture s’équipe d’un V8 de 3,9 litres de cylindrée venu tout droit des Etats-Unis, ce même moteur équipait déjà la Vedette dans sa version Vendôme à partir d’octobre 1953. A l’origine, ce moteur développait 95Cv, Ford SAF réussi à le faire monter jusqu’à 105Cv grâce au taux de compression porté de 6,7 à 7,2. La Ford Comète Monte-Carlo peut désormais se venter d’un 150km/h, bien plus aguicheur pour la clientèle.
Outre les performances améliorées, Ford SAF en profite aussi pour rendre la conduite de la voiture plus aisée en adoptant une boite de vitesse à quatre rapports synchronisés développée par Pont-à-Mousson (disponible en option toutefois); et pour marquer le changement, la face avant de la voiture est légèrement corrigée : calandre à croisillons et prise d’air sur le capot apparaissent cette année là.
Malheureusement, ce changement intervient trop tard dans la vie de ce coupé, les ventes déjà très faibles en raison d’un prix élevé, de ses faibles performances et de son consommation élevée. Les ventes ne se relèveront pas avec la version Monte-Carlo, et de toute façon, la Ford SAF est en proie à de nombreuses difficultés qui se soldent par le rachat de la filiale française par Simca en fin d’année 1954. La commercialisation de la Ford Comète s’arrête là, après 3.064 exemplaires réalisés, ventilés entre 2.265 Comète et 799 Monte-Carlo. Mais Simca reprendra ce modèle à son compte pour quelques mois de plus…