A la fin des années 1960, Citroën et Fiat se rapprochent, nouent des partenariats techniques pour réaliser des économies en partageant la conception de véhicules et commercialiser l’un l’autres leurs produits. Le Fiat 242, frère jumeau du Citroën C35, est le résultat de ce rapprochement.
Dans la gamme d’utilitaires Fiat de la fin des années 1960, l’offre est assez riche et comprend des petits utilitaires comme le 850T ou le 238, d’autres de plus grande taille comme le 241. Grâce à sa position « dominante » en Italie, les utilitaires Fiat connaissent un important succès mais à terme, il est nécessaire de procéder à un renouvellement de l’offre. Citroën, de son côté, devait repenser son offre utilitaire, le Type H accuse le poids des années et fait face à une concurrence de plus en plus redoutable, mais ne dispose pas des finances permettant de développer seul un nouvel utilitaire.
A l’époque, Fiat et Citroën se rapprochaient, l’heure n’était pas à un éventuel rachat mais plutôt à une alliance technique, financière et commerciale. Un accord est vite trouvé entre les acteurs pour développer un utilitaire de fort tonnage de nouvelle génération, Citroën développera la partie mécanique, Fiat la partie carrosserie. Dans les faits, des petites dissensions normales entre deux acteurs qui se découvrent font que c’est finalement Citroën qui développa la partie carrosserie, avec un détachement de dessinateurs de chez Lancia.
Le duo Fiat 242/Citroën C35 est dévoilé en mars 1974, cet utilitaire est novateur à plus d’un titre et impose ses standards sur le segment des grands utilitaires. Il faut dire que le partage des frais de développement permet d’envisager de nouvelles pistes : tout a été pensé pour favoriser le volume intérieur, ainsi, les formes sont angulaires, et sur le plan technique, on équipe le fourgon de quatre roues indépendantes pour disposer d’un plancher bas. Le moteur se loge dans la partie avant et transmet le mouvement aux roues avant, libérant l’ensemble de l’espace de chargement.
On salue aussi le Fiat 242 pour ses facilités d’accès : les portes arrière couvrent la quasi totalité de la face arrière, les portes latérales coulissantes sont disponibles en option. Mais encore, le Fiat 242 s’équipe de quatre freins à disques dont le système hydraulique provient de chez Citroën, le conducteur et deux passagers peuvent prendre place dans la cabine semi-avancée qui offre une large surface vitrée, au bénéfice de la luminosité et surtout, de la visibilité.
Côté mécanique, Fiat et Citroën décident finalement d’utiliser chacun des mécaniques maison, on retrouve sous le capot du Fiat 242 deux moteurs italiens, un quatre cylindres de 1,6 litres de cylindrée pour 63Ch, et un 2,0 litres de 69Ch. A partir de 1975, le Fiat 242 est disponible en version Diesel en utilisant le moteur 2,2 litres de la Citroën CX, puis plus tard, à partir de 1980, le moteur 2,5 litres provenant toujours de chez Citroën.
Le Fiat 242, comme le Citroën C35 en France, est un succès immédiat, on loue les qualités du véhicule et surtout, les possibilités offertes par les multiples variantes de carrosseries qui permettent à chaque professionnel de trouver l’utilitaire qui correspond à son activité. Le succès est tel que Fiat et Citroën, depuis racheté par Peugeot, continueront leur partenariat dans le mode des utilitaires en créant l’entreprise commune SEVEL en 1978 qui développa la nouvelle génération d’utilitaire que fut le Fiat Ducato-Peugeot J5.
S’il y a une ombre au tableau de la carrière du Fiat 242, c’est sa capacité à rouiller rapidement, la qualité des tôles utilisées en Italie et le faible traitement anticorrosion est un mal récurrent de la production italienne, mal qui touche également le C35 puisque ces deux véhicules sont produits ensemble dans l’usine Fiat de Turin-Materfer. On tenta de corriger le tir à partir de 1980 et l’arrivée d’un restylage du Fiat 242, mais du côté italien, on envisage la fin du 242 : en 1978, Fiat V.I (bientôt renommée en Iveco), filiale poids-lourds de Fiat, lance le Daily qui succède de fait au Fiat 242; et l’arrivée du Ducato chez Fiat en 1981 réduit les possibilités commerciales du 242.
Finalement, la fin du Fiat 242 est actée en 1986 par une demande du monde politique de fermer l’usine qui produisait l’utilitaire sur fonds d’urbanisation et de lutte contre les nuisances de l’industrie, la production du 242 cesse l’année suivante. Citroën négocie à Fiat le rachat de l’outillage de production pour maintenir la production en France du C35 qui perdure jusqu’en 1991…