Ah la Citroën Visa, on est dans doute dans l’époque la plus faste de Citroën, qui avec la GS formaient le duo des voitures les plus critiquées en leur temps. Il faut dire qu’avec la Visa, Citroën est parti de loin avec la version présentée en 1978 et son fameux « nez de cochon ». A la hâte et à peu de frais, la version II de la Visa est présentée en Mars 1981 avec un nez refait par Heuliez. Et pour dynamiser cette petite voiture, Citroën va concocter quelques versions sportives, parmi lesquelles la Chrono.
Qu’elle est difficile la vie quand vous vous appelez Citroën Visa et que vous avez un design qualifié d’ingrat selon une grande partie de la clientèle potentielle. Pour les Citroënistes, la voiture est un affront, même si son design est typique du double chevron, la base vient de la Peugeot 104, comme les moteurs à quatre cylindres. Et le pauvre bicylindre issu de la 2CV est bien à la peine dans cette voiture. Au final, pour le millésime 1979, Citroën écoule 90 000 Visa, un score honorable, direz-vous. Certes, mais en face, Renault écoulait 213 000 R5, une voiture qui a déjà sept ans au compteur ! Et ce sera pire en 1980, 65 000 Visa vendues contre plus de 300.000 R5…
Heuliez, sauveur de la Visa
Outre un restylage donnant naissance à la Visa II, Heuliez participa à l’élaboration de nombreuses versions, la Chrono objet du présent article, mais aussi la Découvrable…
Heureusement, Heuliez vient en sauveur en proposant à Citroën une version plus présentable de la Visa, laquelle fut présentée en 1981 sous le nom de Visa II, faisant repartir les ventes à la hausse, mais une hausse timide, qui atteindra 95 000 exemplaires en 1982, sa meilleure année. Face à ce succès, Heuliez va prendre une place importante chez Citroën et la collaboration entre les deux entités va se renforcer. Dans le même temps, avec Citroën Compétitions, l’image de la Visa va s’améliorer avec l’engagement de la voiture dans diverses épreuves de rallye, et en créant le Visa Trophée.
Pour capitaliser sur le succès des Visa en courses, Citroën va lancer des séries spéciales et sportives de sa petite voiture, la première fut présentée au Bourget le 24 Mars 1982, c’est la Visa Chrono, une série limitée à 1 000 exemplaires, réalisée en collaboration avec Heuliez qui en obtient la production dans son usine de Cerizay. A noter que lors des prémices du projet, cette variante de la Visa aurait du s’appeler « Rallye » comme l’atteste le premier prototype réalisé par Heuliez.
La Visa Chrono reprend la base de la Visa Super X et s’inspire fortement de la Visa Trophée en proposant une teinte unique blanche avec des décorations aux couleurs nationales. Pour parfaire le look sportif de la voiture, la Chrono s’équipe d’élargisseurs d’ailes, d’un becquet arrière, un spoiler sur le pare-chocs avant qui s’équipe aussi de longue portée, et des jantes Amil en 13 pouces. Et comme la voiture est une série limitée, Citroën affiche sur la porte avant le numéro de la Visa Chrono, chaque voiture est donc unique !
L’inspiratrice : la Visa Trophée
Pour accompagner le lancement de la Visa II, Citroën lance son modèle dans le bain de la compétition automobile. La Visa Trophée est créée pour homologuer le modèle en rallyes… [En savoir plus…]
Dans l’habitacle, l’on retrouve un volant sport à trois branches, et surtout des sièges baquets ! Le tableau de bord s’équipe de divers compteurs à cadran circulaire : tachymètre, jauge à essence, compte-tour, indicateur de pression d’huile, température d’eau, montre… tout y est ! A noter que les « satellites » ont disparu pour laisser place à de simples commodos. Enfin, la voiture n’offre aucune option, même pas la radio malgré un « pré-équipement » radio.
Sous le capot, la Visa Chrono embarque le quatre cylindres en ligne de 1.360cm3 issu de la Peugeot 104 ZS2, celui-ci développe 93Cv, bien assez pour se faire plaisir avec les 850kg que pèse cette voiture. Ce moteur est alimenté par deux carburateurs double corps jugés délicats à régler, et la boite de vitesse offre cinq rapports biens étagés. Côté performances, la Visa Chrono atteint 173km/h en vitesse maximale, et met 11,7 secondes pour couvrir le 0-100km/h. La voiture s’équipe aussi de suspensions « sport » et son absence de direction assisté en fait une voiture plutôt joueuse. Plus que la recherche d’une vitesse de pointe, la Visa Chrono offre à son acquéreur une conduite sportive, efficace…
Avec une telle présentation, et un slogan publicitaire « Visa II Chrono 93ch, un monstre » qui prêterait à sourire de nos jours, la voiture connait un véritable succès. Une réussite telle que Citroën va lancer une seconde série de Visa Chrono durant l’été 1982 avec 1.160 exemplaires supplémentaires. Et ce succès en France va pousser Citroën a dupliquer cette recette avec 1.650 exemplaires destinés à l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, l’Italie, les Pays-Bas et la Suisse en reprenant dans chaque pays les couleurs nationales.