Après la vague d’attentats qu’a connu la France ces derniers jours, il n’a pas toujours été facile d’écrire mais j’ai essayé de continuer de publier des articles, dans un premier temps ceux qui étaient programmés d’avance puis d’en faire de nouveaux par la suite. Continuer de faire vivre nos passions, continuer à faire vivre la culture est un rempart contre les aspirations de certains groupes, et c’est le créneau que j’ai souhaité suivre. Passionné par l’automobile ancienne, mais aussi par tout ce qui roule en général, je me suis intéressé aux véhicules des forces de l’ordre qui ont pu intervenir lors de ces tristes heures, et je me suis arrêté sur le Renault blindé de la BRI.
Après les attentats de Janvier 2015 et ceux de Novembre 2015, plusieurs images sont passées en boucle sur les chaines d’informations dont quelques unes avec un camion portant un badge Renault et signé « BRI » sur ses côtés. Un camion qui ne ressemble à aucun autre et qui m’a interpellé. Hélas, trouver des informations sur ce véhicules est une chose difficile, mais la réunion de certains éléments m’a donné l’idée de faire un petit billet sur ce dernier.
Commençons par parler de la BRI de Paris (pour Brigade de Recherche et d’Intervention), il s’agit d’une brigade antigang dépendant de la police judiciaire française qui est mis à disposition des forces de l’ordre parisiennes pour certaines interventions spécifiques. Avec un matériel spécifique, la BRI se distingue du GIGN ou du RAID en intervenant essentiellement en civil, seules des interventions dangereuses effectuées au domicile des malfaiteurs nécessitent des interventions avec du matériel lourd et policiers encagoulés. Le modèle de la BRI a été décliné dans 14 autres villes que Paris…
En soit, la BRI n’intervient pas dans les affaires de terrorisme et laisse sa place au RAID, toutefois, avec des moyens quasiment identiques et une formation similaire, les deux entités travaillent main dans la main sur des opérations d’envergure nationale, nous en avons hélas eu l’exemple au cours de l’année 2015. Mais pour intervenir sous le feu des malfaiteurs, la BRI de Paris s’est équipé de matériel lourd, parmi lesquels un camion blindé.
C’est en 1995 que la BRI de Paris reçoit son camion blindé, une première en France, mais qui permet aux hommes de cette brigade de s’avancer au plus proche des points chauds. Un outil indispensable qui est commandé au carrossier Trouillet (devenu Véhixel aujourd’hui), le choix n’est pas anodin car ce dernier a réalisé le premier fourgon blindé en France pour la société Brink’s. Quant à la base, elle est inconnue mais le moteur provient de chez Renault, ce qui laisse supposer d’une base Renault, à moins que Trouillet ait réalisé un châssis spécifique.
Le moteur Renault m’est lui aussi inconnu, d’après les informations que j’ai recueillis ici et là, il s’agirait d’un six cylindres en ligne suralimenté par un turbocompresseur qui développe 180Cv, lequel permet de mouvoir le camion jusqu’à la vitesse de 125km/h. Une vitesse élevée quand on sait que le véhicule est totalement blindé, et qu’un véhicule équivalent pour le transport de fonds pèse déjà 10 tonnes ! Aussi, pour un poids-lourds, ce camion blindé n’est pas équipé d’un limiteur de vitesse contrairement aux camions civils, d’où une vitesse de pointe au-delà des 110km/h.
Ce camion blindé permet désormais à la BRI de disposer d’un véhicule d’intervention permettant de transporter du matériel sensible (armes, munitions et protection…) au plus près des scènes d’assaut. Aussi, de par son blindage, ce camion peut être utilisé comme poste de commandement ou comme véhicule de liaison. Et par ses nombreuses portes, il permet de déposer rapidement une équipe sur une zone d’intervention, parfois situé au premier étage d’un immeuble car son toit sert de plate-forme de « lancement ».
Voila ce que je pouvais dire sur ce véhicule qui a été réalisé spécifiquement sur la demande de la Police de Paris. Basé au 36 Quai des Orfèvres, il intervient sur les enquêtes sensibles, les interpellations de personnes dangereuses et les prises d’otages. Une dernière question peut-être, pourquoi ce véhicule est resté unique ? Tout simplement parce qu’il est le premier véhicule blindé à équiper une BRI, que les BRI des autres villes n’avaient pas à intervenir sur des interventions aussi sensibles que celles de Paris en 1995, qui rappelons-le était la cible de divers attentats. Aussi, dans les autres villes, le RAID, le GIPN ou le GIGN ont tendance à être appelé en urgence pour les interventions sensibles. Mais petit à petit, d’autres BRI se sont dotés d’anciens fourgons blindés de transport de fonds, preuve du besoin de tels véhicules, mais aussi que la conception d’un véhicule spécifique coûte désormais trop cher pour nos finances publiques…