A la fin des années 1960, l’armée française demande aux constructeurs de lui concevoir un blindé pour le transport de troupe. Berliet répond avec le VXB 170 qui ne remporte pas le marché face au VAB, mais la Gendarmerie lui ouvre ses casernes…
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’armée française a principalement utilisé des camions de tonnage moyen (entre 3 et 5 tonnes) pour transporter les soldats, mais ce moyen de transport a un inconvénient majeur : il expose les troupes au feu ennemi. A la fin des années 1950, la société Lorraine proposa une caisse blindée sur base de camion Berliet, mais trop chère à produire, l’armée décide d’en rester aux camions, aux mieux, les régiments pouvaient espérer être doté des Half-Track issus de l’armée américaine, ou des rares AMX 13 VTT.
Dix ans plus tard, l’armée française relance un nouvel appel d’offre visant à concevoir un véhicule blindé de transport de troupes, amphibie et protégé NBC, un programme qui se veut comme le plus ambitieux proposé par l’armée française depuis celui des Chenillettes proposées dans les années 1930. Deux constructeurs répondent à cet appel, le premier fut Renault par le biais de sa filiale de véhicules utilitaires et de poids-lourds alors nommée SAVIEM, proposant le VAB; et Berliet de l’autre côté, avec le programme BC-12 qui donne naissance au VXB 170. Après quelques confrontations et menu essais réalisés par l’armée courant 1969, le VAB est déclaré vainqueur.
Ayant fait l’effort d’intégrer le plus possible de pièces issus des poids-lourds produits en grande série, le Berliet VXB 170 avait l’avantage du prix mais cela n’a pas suffit. Si le marché de l’armée française est perdu, il reste celui lancé par la Gendarmerie Nationale (un lot de consolation ?) qui cherche un véhicule capable de détruire les barricades, les souvenirs de mai 1968 sont encore vifs. Le VXB 170 y est opposé au Panhard M3, un dérivé de l’AML-60, destiné à l’export, on peut même se demander s’il y avait une réelle opposition : rappelons que Panhard faisait parti de l’escarcelle de Citroën, tout comme Berliet…
C’est donc logiquement que le Berliet VXB 170 est choisi par la Gendarmerie Française courant 1972 et passe commande pour 155 unités. C’est nettement moins que le marché de l’armée française mais cela permet à Berliet de faire entrer quelques francs sur ce programme. Livrés à partir de 1974, le Berliet VXB 170 est renommé VBRG (pour Véhicule Blindé à Roues de la Gendarmerie) au sein des forces de l’ordre, sa principale mission est le transport d’hommes lors de missions de maintien et rétablissement de l’ordre public (comprenez par là, les manifestation type mai 1968).
Construit autours d’un châssis coque blindé (8mm sur les côtés et le toit, 6mm pour le plancher), le Berliet VXB 170 est un quatre roues motrices mu par le V8 Berliet V800 déjà utilisé sur certains autobus et donc, déjà éprouvé. D’une cylindrée de 6,92 litres, il propose une puissance de 170Ch permettant au VBRG de rouler jusqu’à 85km/h, mais surtout, de franchir des pentes de 60% et dévers de 30%. Aux moins trois versions intègrent les rangs de la gendarmerie, une version à lame pour forcer les barricades, une version treuil et une version servant de poste de commandement.
Après ce premier succès en France, Berliet tenta de trouver de nouveaux débouchés à l’export, mais peu de pays s’intéressent à ce véhicules, et les rares qui passent une commande le font pour peu d’exemplaires : le Gabon pour 12 unités, le Sénégal pour autant et la Tunisie pour 10 exemplaires. En 1978, après le rachat de Berliet par Renault pour former Renault Véhicules Industriels, la nouvelle direction analysant que les VAB et le VXB étant sur le même marché, décide de mettre un terme à l’aventure du Berliet après 189 unités produites…