Si je vous dis « Berliet », vous me répondrez très certainement « Camion ». Mais fut un temps où l’entreprise lyonnaise était un constructeur d »automobiles, ceci jusqu’à la seconde guerre mondiale. Certes, peu après ses débuts, Berliet a construit divers véhicules utilitaires mais son activité principale fut pendant un temps l’automobile, et notamment les berlines de luxe. C’est ainsi que je vous propose de découvrir les 944 et 1144 Dauphine, les dernières vraies Berliet.
Fondé en 1901, Berliet est à l’origine un fabriquant d’automobiles, le premier bus arrive en 1906, suivi du premier camion en 1910, mais les utilitaires sont toujours restés marginaux chez Berliet bien que représentant les 2/3 de la production nationale d’utilitaires. Pendant la première guerre mondiale, Berliet devient un producteur de camions pour soutenir l’effort de guerre et se fait remarquer dans cette activité, mais dans l’immédiat d’après guerre, la quasi-totalité des usines Berliet sont réorientées vers l’automobile.
L’investissement est conséquent mais la demande n’est pas au rendez-vous, et dès 1921, Berliet est placé sous administration judiciaire. Les banques prennent le relais jusqu’en 1929, année où le passif de Berliet fut totalement apuré, permettant à Marius Berliet de reprendre la barre de son navire. Peu de temps après, les effets du krach boursier de 1929 se répercutent en France, Berliet navigue une nouvelle fois en eaux troubles.
A cette époque, la gamme automobile de Berliet va de la petite 8CV Type VIL à la grosse 22Cv. Mais c’est la 8CV qui remporte le plus de succès, Berliet développe une évolution qui apparaît en 1932 : c’est la 944 pour 9Cv, 4 cylindres, 4 vitesses. Cette voiture est très appréciée de la clientèle, Berliet propose des choix techniques rares : boite à quatre rapports, moteur à soupapes et tête, ou encore un circuit électrique en 12 volts.
Et le lien avec la Dauphine ? On y arrive justement, à la fin de l’année 1933, Berliet enrichi sa gamme avec la 1144 qui décline de la 944. Et sur ce modèle, le constructeur lyonnais propose un châssis surbaissé et d’une direction à crémaillère, c’est ainsi qu’apparaît la Dauphine courant. Cette « carrosserie » Dauphine est ensuite proposée sur le modèle 944 et aurait été proposée sur le modèle 14Cv sur demande du client. Et le succès de la Dauphine fini par mettre un terme à la carrière des carrosseries Coach et Roadster à la fin de l’année 1934.
A cette époque, Citroën arrive avec sa Traction révolutionnaire qui apporte de nombreuses innovations sur le marché. En face, les Dauphine de Berliet ont du mal à tenir la comparaison, notamment au niveau rapport qualité-prix. Preuve en est, la 11Cv Dauphine coûtait 24.330 Francs contre 22.500 Francs pour la Traction. Puis l’année suivante, la Peugeot 402 arrive avec sa ligne futuriste au prix légèrement supérieur à la Traction.
Berliet comprend rapidement qu’il a loupé le coche et fini par recentrer son outil industriel vers la production d’utilitaires. Preuve en est, depuis 1934, la Berliet Dauphine ne bénéficie d’aucune évolution majeure et continue sa carrière jusqu’en 1938 avec de très légères retouches. Plus de 6.850 exemplaires vendus sur la carrière de la voiture, un petit résultat pour Berliet obtenu avec l’aide d’un réseau de distribution fidèle à la marque.
Mais avant de mourir, les automobiles Berliet se donnent une dernière chance en proposant à partir de 1939 la Dauphine Type VIRL 2, qui était en réalité une caisse de Peugeot 402 rebadgée avec un moteur Berliet, un modèle qui ne fit pas recette du fait des circonstances historiques…