Pendant quelques mois, Alfa Romeo a produit des Renault 4 pour le compte de Renault afin de servir le marché italien. Cet accord, né à l’époque où les relations entre Renault et Alfa Romeo étaient au beau fixe, devait compléter celui de l’Alfa Romeo Dauphine, un « mariage » mal vu en Italie, qui va entrainer la fin de la Dauphine et de la R4… Retour sur un échec.
La Dauphine est proposée par Alfa Romeo depuis Juin 1959 et connait lors de ses premières années un certain succès. Voiture populaire assemblée par Alfa Romeo, la Dauphine présente une opportunité pour la clientèle en s’insérant entre deux rivales du géant de Turin, la Fiat 600 et la Fiat 1100. Face à ce succès, les dirigeants d’Alfa Romeo pensent à vendre la Renault 4 dans leurs concessions italiennes, les négociations avec la Régie Renault s’engagent et vont bon train. Cependant, si les relations engagées mi-1961 se déroulent sans encombres, la direction Alfa Romeo change et la nouvelle équipe ne souhaite plus seulement commercialiser la Renault 4, mais la produire en Italie. N’oublions pas qu’en ce temps, Alfa Romeo était propriété de l’INI, entreprise appartenant à l’Etat italien.
Par conséquent, Renault cède et donne la possibilité à Alfa Romeo de produire la R4 dans son usine de Pomigliano d’Arco située dans la région de Naples. En Novembre 1961, l’accord entre les deux constructeurs est scellé, Renault obtient en contrepartie la constitution de son propre réseau italien de distribution pour écouler les Renault 4 produite en Italie. Le 8 Février 1962, Renault étend l’accord de production de la Renault 4 au profit d’Alfa Romeo jusqu’en Février 1972. Mais que l’on ne s’y trompe pas, si la Dauphine était badgée Alfa Romeo, la R4 est badgée Renault et ne fut pas intégrée à la gamme du constructeur italien.
Tout semble être en place pour lancer la production en Italie. Les premières Renault 4 sortent des usines Alfa Romeo courant 1962, mais les défauts de fabrication se multiplient sur les R4. En bout de chaine, des membres de la Régie prennent des voitures afin de les scruter et répertorier les défauts. En janvier 1963, 139 défauts sont répertoriés, en Juillet de la même année, c’est 142 défauts récurrents listés. La Régie critique entre autre l’application des mastics, la peinture intérieure, l’étanchéité…
Renault envoie régulièrement des notes aux dirigeants de l‘usine d‘Alfa Romeo pour remédier à ces problèmes, les dirigeants de Pomigliano ne se laissent faire et accusent Renault de ne pas envoyer les bonnes pièces. Du côté des dirigeants d’Alfa Romeo, on commence à s’impatienter, et on demande fin Mars 1963 à l’usine de Pomigliano d’intensifier les cadences de production de la R4, faute de quoi, la production de la R4 devra s’arrêter.
De toute façon, la messe est dite ! En face, Fiat fait le forcing auprès du gouvernement italien pour instaurer une nouvelle taxe automobile, laquelle s’avère défavorable tant à l’Alfa Romeo Dauphine à la R4 d’Alfa Romeo. En 1964, la production de la R4 est contrainte de s’arrêter après 41.809 unités, la voiture n’étant plus compétitive, et il faudra encore deux ans pour écouler les stocks d’invendus.