Sous l’occupation, la France vit ses heures noires, l’industrie française est mise à contribution pour soutenir l’effort de guerre allemand. Chez Renault, les allemands prennent le contrôle des usines de Boulogne-Billancourt pour diriger la production, et notamment produire des utilitaires, parmi lesquels figure le Renault AHN.
A la fin des années 1930, Renault répond à la demande de l’armée française en produisant le Renault AGR depuis 1937, ce camion de 3,5 tonnes de charge utile est apprécié par l’armée qui le commande à plusieurs milliers d’unités. En 1939, l’Europe entre en guerre, l’Allemagne déclare la guerre à la France le 3 septembre, ce qui pousse l’armée française à la une commande de véhicules en vue d’un affrontement inévitable.
Si Citroën remporte un marché avec son U23, Renault figure en bonne place avec son AGR. Mais Renault développe un nouveau véhicule à usage militaire avec comme maîtres mots simplicité à produire et bon marché, afin de remplacer le Renault AGR. Le premier prototype est présenté en Février 1940 et se présente nous le nom AHN, le véhicule est très simple de conception avec une cabine plate sans capot avançant vers l’avant, en somme, le véhicule présente une cabine semi-avancée, et présente quatre tonnes de charge utile. Sa conception s’inspire fortement de l’AHR présenté à la fin de l’année 1939.
Hélas, l’Allemagne envahi la France avant la mise en production du Renault AHN, qui par conséquent se fera au profit de la Wehmacht. La production du Renault AHN débute en mars 1941, on parle alors de Renault AHN1 mais sa charge utile passe à 3,5 tonnes. Le moteur est un six cylindres de quatre litres de cylindrée qui développait 75Cv et qui permettait une vitesse de pointe à 59km/h. Le véhicule fut aussi commandé par le régime de Vichy pour reformer sa flotte de poids-lourds qui fut en très grande partie réquisitionnée par l’Allemagne.
Rapidement, le AHN1 est rejoint en Mai 1941 par une version gazogène nommée AHNH1, produite à seulement 271 exemplaires jusqu’en Décembre 1942. Cette version devait permettre de rouler malgré la pénurie d’essence, et visait essentiellement le marché civil car les militaires avaient accès à l’essence. Hélas, le marché civil pendant l’occupation était réduit à peau de chagrin.
La première série des AHN (AHN1) fut produite pendant une large partie de l’occupation allemande puisque la production se termine en juillet 1944 après 15.610 exemplaires. Les AHN1 se reconnaissent par leur phares encastrés dans la face avant. La production demeure faible en raison des bombardements subis par l’usine Renault de Boulogne Billancourt qui affectent durablement l’outil de production, mais aussi parce que certains ouvriers de Renault sabotaient les AHN en insérant du sable dans les pièces mécaniques.
La production du Renault AHN fut relancée en Novembre 1944 après que les usines de Billancourt aient été libérées par les alliés. Cette fois, on parle de Renault AHN2 dont la production est réservée pour l’effort de guerre et au gouvernement français dans un premier temps. Puis petit à petit, les Renault AHN2 sont écoulés sur le marché civil. Les changements sont minimes par rapport au AHN1, sa production s’écoule de Novembre 1944 à Juin 1946, et 8.400 unités produites. A cela se rajoute une anecdotique version gazogène AHNH2 produite entre octobre 1944 et mai 1945 à 211 unités.
Enfin, l’AHN connait une troisième évolution qui le voit s’appeler AHN3 à partir de Juin 1946. Cette fois, les évolutions sont un peu plus sensibles puisque le plateau à ridelles se trouve abaissé de 22cm, la longueur est plus courte de 12 cm, la largeur est quant à elle augmentée de 12cm. Produit jusqu’en Janvier 1947, il fut produit à 2.000 exemplaires écoulés sur le marché civil. Puis le AHN fut remplacée par le Galion par la suite, faisant entrer les camions Renault dans une nouvelle ère.