Depuis 1963, Alpine court aux 24 heures du Mans avec des prototypes conçus spécialement pour l’endurance. Le premier d’entre eux fut le M63, lequel aura une riche descendance qui remportera de nombreuses victoires de catégorie et des indices de performance. A partir de 1967, Alpine veut désormais aller jouer la victoire au Mans et développe un V8 pour la dernière évolution de ces prototypes : l’A220.
Après des victoires dans plusieurs catégories aux 24 heures du mans 1966 et 1967, Alpine rêve désormais de remporter l’épreuve mancelle et développe en collaboration avec Gordini un moteur V8 de 2.986cm3, ouvert à 90 degrés et développé spécialement pour l’endurance, avec notamment un volume réduit puisque ce moteur tient, sans équipement périphérique, dans un cube de 60cm de côté.
Dans un premier temps, Alpine monte ce V8 dans une Alpine A210 qui prendra la nom d’Alpine A211. Mais le V8 n’est pas facile à intégrer dans une voiture développée avec un quatre cylindres en ligne, la voiture est trop lourde, mal équilibrée, et le moteur ne peut pas être exploité au maximum de ses compétences. Par conséquent, l’Alpine A211 restera un exemplaire unique et l’on développe à partir de la fin 1967/début 1968 une nouvelle voiture construite autours du V8, ce sera l’A220.
Le projet débute hélas trop tard pour s’engager aux 24 heures du Mans 1968 puisque l’A220 n’aurait jamais pu être prête pour la fin Juin. Mais la France va être marqué par des soulèvements sociaux au mois de Mai, lesquels vont forcer à repousser l’édition des 24 heures du Mans à fin Septembre. Pour Alpine, ce report est une véritable bénédiction et permet de finir le développement de l’A220. Quatre voitures sont construite courant Août et l’une fut engagée en compétition lors du Grand Prix d’Autriche. Cette épreuve devait permettre à l’A220 de faire son baptême en sport automobile, mais celui-ci tournera court : le bris d’une canalisation d’huile contraint la voiture à l’abandon.
Ce galop d’essai fut suivit des 24 Heures du Mans 1968 où les quatre prototypes sont engagés mais avec des équipages vierges d’expérience sur l’A220. Et les Alpine n’arrivent pas à suivre le rythme imposé par les Porsche, qui dépassent les 300km/h dans la ligne droite des Hunaudières. La meilleure A220 se qualifie sur la 8ème place de la grille de départ, à 8 secondes de la pole position. Seule une voiture ralliera l’arrivée à la huitième place, suivie par les A210 toujours engagées… Manque de fiabilité et faible puissance seront les enseignements cette année au Mans.
En 1969, Alpine modifie l’A220, principalement en ce qui concerne la garde au sol. Sur la mécanique, la puissance reste figée comme en 1968 à 310Ch mais la fiabilité est améliorée. Mais aux 24 heures du Mans de cette année, aucune A220 ne voit la ligne d’arrivée. Alpine quitte dès lors la compétition en endurance. Mais ce sera pour mieux y revenir avec la série des A440 qui apparait à partir de 1973…