Meyers Manx

        Avec l’histoire du Meyers Manx, c’est l’histoire du buggy que l’on raconte. Au début des années 1960, aux Etats-Unis, une partie de la jeunesse post-seconde guerre mondiale s’oppose à l’ordre établi et développe une contre-culture à base de musique pop, psychédélisme, surf,… : le mouvement hippie. Les véhicules automobiles n’échappent pas à ce mouvement et sont customisés. En Californie, certains veulent s’amuser à sauter les dunes en voiture, ils transforment alors de vielles voitures, parfois des Jeep, tantôt des Volkswagen, en enlevant tout élément de carrosserie inutile , avec un châssis raccourci au maximum. On parle alors de Dune Buggy.

1. DUNE BUGGY
Un exemple de « Dune Buggy »

            En 1963, Bruce Meyers, alors en quête d’un sport de surf, tombe sur une bande de Dune Buggy, il les observe longuement et constate que certains sont équipés de moteur Volkswagen, une mécanique qu’il connait pour rouler à bord d’un Volkswagen Combi. Meyers est un bricoleur dans l’âme, il tient une affaire de fabrication de planche de surf et de coque de bateau en polyester, il décide de modifier son Combi en découpant les ailes arrières afin de l’équiper en pneus larges pour rouler dans les dunes. Mais avec son minibus, il est rapidement limité.

           Bruce Meyers ne s’arrête pas à cet essai, il pense qu’il y a un moyen plus simple et plus  esthétique que les Dune Buggy pour s’amuser sur les dunes. Son esprit créatif et sa connaissance dans le maniement du polyester lui permet de réaliser plusieurs ébauches, s’inspirant du Volkswagen Schwimmwagen et des voitures de plage italiennes. Le véhicule est court, construit autour d’un châssis tubulaire intégrant le moteur Volkswagen, le tout habillé d’une coque minimaliste en polyester sans porte ni capot. Le moule est réalisé début 1964 et la première coque est prête en mai de la même année.

Meyers Manx Old Red

              Une fois assemblé, Meyers s’en va l’essayer sur la plage, le résultat est au-delà de ses attentes en terme de performances. Surtout, sa voiture attire les curieux qui rapidement, lui demandent d’où vient ce véhicule et à quel prix se le procurer. Déjà propriétaire d’une entreprise, Meyers sent qu’il vient d’inventer quelque chose qui a un potentiel, il décide de commercialiser son véhicule. Le Meyers Manx est né, et nommé ainsi en Manx en référence à la moto de course Norton Manx. Toutefois, le prix initial du Mans (un peu moins de 1.000$, une somme conséquente alors) empêche une grande partie de la clientèle potentielle de se l’offrir, et seules onze unités sont vendues.

                 Pour réduire les coûts de production, Meyers décide d’abandonner le châssis tubulaire et opte pour une base de Volkswagen raccourcie, il modifie la caisse en polyester en conséquence et commercialise un kit dont il dépose un brevet en février 1966. Le kit permet également de se passer de fournir un moteur, un châssis, en somme, c’est au client de trouver la Volkswagen qui servira de base, et de se construire sa voiture. Le kit est commercialisé à moins de 400$, des magazines comme Hot Rod et Car & Driver en font la publicité, attirant plusieurs centaines de bons de commande. Face à l’afflux de commandes, de nombreuses sociétés viennent concurrencer Meyers qui tenta en vain de faire valoir son brevet devant les juges.

1969 - publicité Meyers Manx

                    En 1968, Meyers reçoit l’aide involontaire de Steeve McQueen qui utilise un Manx – profondément modifié et équipé d’un moteur de Chevrolet Corvair – dans le film l’Affaire Thomas Crown. A cette époque, Meyers débute une diversification et présente de nouveaux kits, la Meyers Tow’d, plus radicale pour un usage hors route, la Manx SR qui elle est destinée à un usage totalement routier, puis la Resorter, sorte de buggy à quatre places que Meyers , et même une mini moto répondant au nom de Lynx.

Meyers Manx SR

                Si Meyers a commercialisé plus de 7.000 kits tout véhicules confondu, la gestion de l’entreprise devient chronophage pour Bruce Meyers, qui connait également des démêlés avec l’administration fiscale américaine, tandis que les Etats américains mettent en place des restrictions d’utilisation des véhicules automobile hors route. En 1970, il décide de quitter le navire, laissant son entreprise aux mains de John Blick qui la maintient en activité qu’un an de plus. Bruce Meyers reviendra à cette activité en 2001 avec le Manxster 2+2, jusqu’en décembre 2020 lorsqu’il céda une nouvelle fois son entreprise, quelques semaines avant de s’éteindre le 19 février 2021.

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