Pour le salon de Paris 1948, Mathis présente la 666. Après avoir présenté la VEL333 carrossée par Jean Andreau, la 666 démontrait la volonté de Mathis de proposer une gamme de véhicules modernes et innovants. Mais bien trop moderne pour son temps, la voiture n’aura pas d’avenir et sombre rapidement dans l’oubli…
La Mathis 666 se présente comme la grande sœur de la VEL333, cette dernière était petite voiture développée sous l’occupation comme étant une voiture économique (VEL : Voiture Economique Légère) mais résolument moderne : monocoque en aluminium, un moteur qui consommait trois litres aux 100km. La voiture étonne aussi par son architecture à trois roues et qui fait la part belle aux vitrages. Mais dans l’après-guerre, les ressources se font rares et le gouvernement français ne donne pas la priorité à Mathis pour être alimenté en matières premières, lui préférant Renault. Ainsi, la Mathis VEL333 fut remisée après dix exemplaires.
Mais Mathis n’abandonne pas son idée, et décide de lancer en 1947 le développement d’une berline dans le même esprit que la VEL333 : ce sera la Mathis 666. Derrière le chiffre du diable se cachent de précieuses informations : 6 places, 6 cylindres, 6 vitesses. En plus, la voiture est elle aussi moderne, elle dispose de quatre roues indépendantes, d’une pare-brise panoramique ou encore de freins hydrauliques, et la voiture est une traction.
Le moteur était donc un six cylindres à plat, avec une cylindrée de 2,2 litres. Pour le salon de Paris 1949, le moteur passe à 2,8 litres. La commercialisation du modèle se rapproche et pour le millésime 1950, Mathis édite une brochure de 16 pages dans lequel Emile Mathis réitère l’affection qu’il porte pour les Etats-Unis où il a été s’exiler durant la seconde guerre mondiale. Ainsi, la Mathis 666 reçoit comme slogan « la voiture européenne à l’échelle américaine ». Dans ce même livret, plusieurs planches de la Mathis 666 habillée par de grands carrossiers sont présents, Chapron et Saoutchik ont ainsi livré quelques dessins à Mathis.
En parallèle de cette étude, Mathis développe une Jeep pour l’armée française qui reprend le moteur de la berline, mais celle-ci ne sera pas retenue par l’armée. Cette Jeep aurait pu permettre à Mathis de réaliser des économies d’échelles pour sa berline 666, mais l’histoire fut tout autre. Trop moderne, la 666 ne fut jamais commercialisée et la marque Mathis disparaît en 1954 malgré d’importants efforts pour relancer ce constructeurs après la seconde guerre mondiale.