Si le constructeur Hotchkiss fut connu pour ses voitures de luxe ou ses Jeep, il y eu également l’épopée des Camions Hotchkiss. Débutée en 1936 dans le cadre d’un accord avec Laffly, cette activité demeure timide. Il faudra le plan Pons de l’après-guerre pour attribuer à Hotchkiss la production d’un camion de 2,5 tonnes pour véritablement lancer cette activité.
Aux débuts de la société Hotchkiss, il y a l’américain Benjamin Berleley Hotchkiss, un ingénieur dans l’armement qui n’arrive pas à percer auprès des militaires américains. Las, il part en France pour y fonder sa société d’armes en 1867 à Saint-Denis, avant de s’installer près de Rodez dans l’Aveyron. La guerre Franco-Prusienne de 1870 rendra l’affaire prospère, et Hotchkiss de devenir un fournisseur de l’armée française. Au décès du fondateur en 1885, l’entreprise continua son activité. A partir de 1901, compte-tenu de son savoir-faire dans le maniement du métal, Hotchkiss se diversifie dans la fabrication de pièces mécaniques, notamment à destination de l’automobile, l’entreprise compte De Dion-Bouton et Panhard comme clients. Finalement, la direction prend la décision de se lancer dans la construction automobile à partir de 1904. La qualité d’exécution et un programme sportif feront la renommée de la marque, Hotchkiss produit alors des voitures de luxe. L’entreprise s’installe durablement dans le paysage automobile français, se relance après la Première Guerre Mondiale.
Concernant le marché du camion, Hotchkiss y réfléchit dès 1913 lorsque les ventes de voitures commencent à fléchir. Un projet de camion de 2500kg de charge utile est mis à l’étude, mais stoppé lorsque la Première Guerre Mondiale est déclarée. Hotchkiss participe à l’effort de guerre avec sa branche armement sur laquelle sont concentrés les forces vives de l’entreprise. Une fois la paix retrouvée, un nouveau projet de camion se trouve sur les planches du bureau d’études, mais l’entreprise préfère se concentrer sur une voiture de grand luxe, le modèle AK. Dès lors, Hotchkiss ne tenta plus de relancer un projet de camion avant 1936. Cette année-là, Hotchkiss commercialise un camion dans sa gamme, fruit d’un accord avec le constructeur de camions et de véhicules militaire Laffly, selon lequel ce dernier produisait des châssis et Hotchkiss fournissait les moteurs. Le premier camion Hotchkiss est un camion léger de 2.000kg de charge utile, les types PL et PPL (version longue). Cette année-là, le Front Populaire arrive au pouvoir, et comme bien d’autres, les usines d’armement de Hotchkiss sont nationalisées, seule reste au sein de l’entreprise l’usine de Saint-Denis qui continue sa production automobile.
Les Hotchkiss PL et PPL reçoivent un moteur quatre cylindres essence Hotchkiss de 2,3 litres pour 62Ch SAE. Le type PL et PPL s’offre en différentes variantes, du plateau au fourgon, sans oublier le camion ridelle ou bâché. Produit de niche, il ne fut vendu qu’au compte goutte, en juin 1940, on compte seulement 163 unités produites. Pendant l’occupation allemande, l’usine de Saint-Denis est contrainte de fabriquer du matériel militaire pour les Allemands. A la libération, le « plan Pons » présenté en janvier 1946 organise la production automobile entre les différents constructeurs en les cantonnant à un domaine d’activité. Hotchkiss est intégré au groupement GFA dont l’usine de Saint-Denis est dévouée à la production de camions de deux tonnes de charge utile. Point de voiture pour Hotchkiss (sauf pour l’export), le constructeur se concentre donc sur son camion PL d’avant-guerre et le modernise pour sortir le PL20.
Le PL20 reçoit son homologation par le service des Mines en février 1946, par rapport au PL d’avant-guerre, on note l’adoption des freins hydraulique et une carrosserie modifiée. En France, l’heure est à la reconstruction et la demande en utilitaires et camions est forte, ce qui permet à Hotchkiss découler 2.500 unités sur la seule année 1946 (aidé aussi par le monopole conféré par le Plan Pons). Le PL20 reste en production jusqu’en 1952, comme modification majeure, citons les derniers de la série (depuis mars 1951) qui reçoivent le volant à gauche.
En février 1952, Hotchkiss obtient l’homologation du PL25 qui prend rapidement la succession du PL20, il s’agit d’une réponse au Renault 2,5 tonnes qui connaissait une bonne diffusion en France. Le Hotchkiss PL25 trouve lui aussi sa place sur le marché du camion, malgré une concurrence plus vive désormais. A ses côtés, Hotchkiss présente en juin 1952 le PL26, ce camion recevait un moteur six cylindres et s’adressait à des utilisations spécifiques comme pour les pompiers.
En 1956, alors que Hotchkiss a stoppé la production de voitures, le constructeur présente un nouveau camion, le PL50, dont la charge utile est de cinq tonnes. Le style extérieur reprend celui du PL25 mais reçoit des phares intégrés dans les ailes. Côté moteurs, le client avait le choix entre le quatre cylindres essence de 2,3 litres pour 70Ch, un six cylindres de 3,5 litres pour 90Ch. Le camion est également disponible en Diesel, il se dénomme alors DH50 et était proposé initialement avec un moteur maison quatre cylindres rapidement remplacé par un Perkins P4 de 62Cv. Inutile de dire qu’avec une carrosserie dérivée du PL20 de 1946, les camions Hotchkiss peine à masquer leur vieillissement face à une concurrence désormais plus frontale. Dès lors, les camions Hotchkiss font de la figuration et pour vivre, il faut signer un accord de commercialisation avec l’anglais Leyland pour écouler ses camions en France, aux côtés des produits de la maison.
Pour autant, Hotchkiss veut réinvestir le segment du camion et présente, au cours du salon de l’Auto de Paris se tenant courant octobre 1964, sa nouvelle gamme composée des PL60, 70, 75 et 80 (et DH60, 70, 75 et 80 en moteur Diesel). Celle-ci se démarque par sa cabine avancée et basculante pour accéder aux organes mécaniques, dont les portes s’ouvrent désormais dans le bon sens. Côté charge utile, Hotchkiss propose des véhicules entre 3,7 et 7 tonnes. Enfin, côté moteur, Hotchkiss offre un tout nouveau moteur, un quatre cylindres en ligne de 3456cm3 qui se décline tant en version essence (105Ch) que Diesel (91Ch). Malgré de véritables innovations, la nouvelle gamme de camions ne prend pas auprès de la clientèle, et si Hotchkiss tenta d’en décliner une version militaire (PL90), celle-ci resta sans lendemain. En 1969, faute de vente, Hotchkiss cesse la production de ses camions, et de ses Jeep JH. Désormais, Hotchkiss appartient au passé.