Dans les années 1950, General Motors relance une caravane publicitaire afin de promouvoir la technologie américaine et, accessoirement, afficher les voitures du groupe à travers les Etats-Unis. Cette recette avait fonctionné avant la seconde guerre mondiale, il n’y avait pas de raison qu’elle ne fonctionne pas à nouveau. Et pour attirer les regards, GM construit des camions atypiques, les Futurliners.
A la suite du Krach boursier de 1929, l’Amérique rentre dans la Grande Dépression, l’avenir s’assombri soudainement, la pauvreté apparaît suite à la disparition de nombreuses entreprises. Mais petit à petit, l’espoir revient, l’exposition universelle de Chicago en 1933 fait la fierté du pays, puis une politique de grands travaux remet la population au travail. C’est dans cette ambiance de reprise économique que Charles kettering, directeur de la recherche chez General Motors, émet le souhait de réaliser une caravane publicitaire itinérante vantant la technologie américaine.
Le projet est validé par General Motors, cette caravane ira de ville en ville pour monter son chapiteau et exposer les nouveautés de la technologie américaine, mais aussi pour afficher les automobiles GM en bonne place. Pour ce faire, le constructeur commande à son usine de Fleetwood Fisher Body de Detroit huit camions aux lignes futuristes. Ces derniers embarquent toutes les nouveautés de l’industrie américaine (moteur électrique, essence sans plombs, ustensiles de cuisine…) et s’arrêtent dans chaque grande ville pour faire un show éducatif et gratuit. Les camions évoluent petit à petit pour présenter des lignes encore plus lisses et des cabines avancée.
En 1939, les camions de la caravane sont changés pour des véhicules d’apparence encore plus modernes, dont le poste de pilotage se situe à trois mètres du sol et recouvert d’une bulle en plexiglas. Cette solution si elle s’avère moderne fait hélas souffrir les conducteurs lorsqu’ils roulent dans des régions chaude car l’habitacle n’est pas climatisé. Chaque camion fait 10 mètres de long, 3,5 mètres de hauteur et sont alimenté par un quatre cylindres en ligne Diesel. La carrosserie de ces camions est profilée, dans la droite lignée du streamline modern des années 1930 et repeint en rouge et blanc de façon à être remarqué au premier coup d’œil. De toute façon, avec leur dimensions de mastodontes et leur aspect futuriste, les Futurliners ne pouvaient pas passer inaperçus. Ainsi, jusqu’à l’entrée des Etats-Unis dans la seconde guerre mondiale, la caravane GM a parcouru plus d’un million de miles et s’était arrêté dans 251 villes du nord de l’Amérique.
Le succès fut tel que General Motors décide de relancer sa caravane publicitaire en 1953, l’exposition est mise à jour avec les nouveautés scientifiques de la décennie : l’atome, le moteur à réaction, l’électroménager… Pour être dans l’ère du temps, GM renouvelle sa flotte de camions et fait construire douze Futurliners qui reprennent le dessin des camions de 1939 tout en les modernisant, et en corrigeant l’habitacle au plus grand plaisir des chauffeurs. Cette fois, les Futurliners sont équipés de six cylindres en ligne de cinq litres de cylindrée, les camions sont également équipé de boite de vitesses automatique « Hydramatic », d’une direction assistée et d’une climatisation. Leur vitesse maximale est plafonnée à 60km/h.
Si chaque Futurliner post-1953 dispose d’un double système de freinage sur le train avant, le poids conséquent de ces camions empêche un freinage mordant, si bien qu’il est décidé en convoi de laisser 90 mètres entre chaque camion pour éviter un accident en chaine. D’ailleurs, le convoi des Futurliners est organisé de façon quasi militaire : chaque véhicule est relié par Radio mais seul les chefs de file et de queue ont l’autorisation de faire passer des messages !
Les Futurliners parcourront les routes des Etats-Unis durant trois ans, si le modèle de ces expositions savait attirer son public en présentant à madame l’électroménager de demain et à monsieur les voitures produites par GM, le modèle perd en attrait et est définitivement stoppé en 1956. Les Futurliners sont dispersés dans le pays, revendus et leur trace se perd. Aujourd’hui, sept des douze Futurliner post-1953 sont répertoriés et tous ont fait l’objet de restauration minutieuse, il faut dire que chaque exemplaire est estimé entre 3 et 5 millions de dollars !