Lors du salon de Turin 1962, Ghia dévoile une voiture de son cru, une petite GT réalisée à partir d’une Fiat 1500 : la Ghia 1500 GT.
Fondé en 1915, la Carrozzeria Ghia est un acteur qui a su s’imposer dans l’univers de l’automobile italienne de l’avant Seconde Guerre Mondiale en obtenant une maturité dans les années 1930. Hélas, pendant ce conflit, l’usine de Ghia est détruite par un bombardement allié en 1943 et l’entreprise perd son fondateur, Giacinto Ghia, qui décède le 22 février 1944. Mais Ghia survit, l’entreprise est reprise notamment par Félice Mario Boano que Giacinto Ghia avait cité comme son éventuel successeur. Boano repositionne Ghia, intègre Luigi Segre qui s’avère être un excellent commercial qui amène de nombreuses commandes et utilise ses relations pour faire naître un partenariat entre Ghia et l’américain Chrysler. En 1954, une dispute entre Boano et Segre mène à l’éjection du premier par le second, puis en 1957, Ghia rachète Frua. Entre temps, Ghia signait pour Volkswagen le coupé Karmann-Ghia…
Les années 1950 sont donc de bonnes années pour Ghia qui travaille alors pour plusieurs constructeurs : Alfa Romeo, Chrysler, Fiat, Ford, Porsche, Renault, Volkswagen… Parmi les constructeurs italiens, Ghia a du mal à faire naître des relations à long terme contrairement à ses concurrents. Aux débuts des années 1960, Ghia étudie une petite GT sportive et économique, un projet qui ne peut se faire qu’à partir d’un modèle de grande série pour récupérer sa base et sa mécanique. La Fiat 1500 sert de base, son châssis est raccourci avec un empattement de 234,5cm au lieu de 242cm, pour cette mission, Ghia fait appel à l’ingénieur Gilberto Colombo et son entreprise GILCO qui déplace le moteur vers l’arrière pour mieux répartir les masses.
Cette disposition permet également à Sergio Sartorelli, styliste chez Ghia, de tracer une ligne fuyante, un capot long avec une calandre proche du sol. Pour dessiner cette dernière, Sartorelli dessine un encadrement de calandre formé d’un épais bandeau chromé faisant office de pare-chocs, une formule dans l’esprit des dessins de Virgil Exner, designer chez Chrysler. Pour l’arrière, c’est au jeune styliste Filippo Sapino que l’on doit un fastback court et plongeant. La ligne finale de la voiture interpelle, son haut pavillon et la faible inclinaison de son pare-brise surprennent mais le résultat a été validé après des études poussées en soufflerie.
La voiture est dévoilée lors du salon de Turin 1962 sur le stand Ghia, la voiture récupère le moteur de la Fiat 1500 dont elle partage sa base, un quatre cylindres en ligne de 1481cm3 pour 75Ch de série, qui permet de rouler jusqu’à 170km/h. Si Fiat refuse de l’intégrer dans sa gamme pour ne pas faire d’ombre aux Fiat 1500 Coupé et cabriolet signés Pininfarina, Ghia la commercialise directement et ose même la dénomination « Fiat 1500 GT » à ses débuts. La qualité des finitions est soulignée mais cela se ressent sur le prix de la Ghia 1500 GT, plus élevé que ses principales rivales installées de longue date pour certaines. Les ventes demeurent anecdotiques et il est compté 846 exemplaires produits jusqu’en 1967. Suffisamment assez pour que Ghia propose à Fiat, en 1964, le même concept pour prendre la relève de la Fiat 2300S, la Ghia G230, qui resta sans lendemain.