Dans les années 1960, Fiat envisage le remplacement de sa 850, une voiture qui fut produite en Espagne sous la marque Seat et qui avait très bien fonctionné sur ce marché. Mais ce remplacement fait peur en Espagne, c’est pourquoi Seat hérite d’un projet Fiat abandonné qui donna naissance à la Seat 133, laquelle fut également commercialisée par Fiat.
Depuis le début des années 1950, le gouvernement espagnol avait noué contact avec l’italien Fiat aux fins de fonder un grand constructeur espagnol, la première Seat a ainsi vu le jour en 1953. Les débuts sont laborieux mais avec les petites Fiat 600 produites localement, Seat devient rapidement le plus grand constructeur en Espagne, et prendra quelques libertés en produisant des modèles spécifiques comme la Seat 800 à partir de 1964. Mais voilà, Seat apprend à devenir un constructeur et, quand Fiat annonce le remplacement de la 850 par la moderne 127, l’entreprise espagnole arrive à obtenir le développement d’une voiture pour son marché.
Pour Seat, il n’est pas question de lancer des forces vives dans une telle aventure, c’est pourquoi Seat se fait épauler de Fiat qui lui refourgue un projet abandonné (mais bien avancé) d’une voiture qui aurait du remplacer la Fiat 850. Les plans sont fait, le projet reprenait la mécanique et la base de la Fiat 850, il n’y a donc plus qu’à l’assembler pour industrialiser le modèle. Pour Fiat, c’est aussi un moyen d’écouler un projet qui avait été financé.
Cependant, être constructeur automobile ne s’improvise pas, assembler des autos est une chose, en créer en est une autre. La mise au point de cette voiture est laborieuse, la Seat 133 arrivant sur le marché qu’en 1974, soit trois ans après la Fiat 127, qui avait également sa version Seat. Mais avec la 133, le chemin s’inverse, une voiture naît Seat fut commercialisée avec le blason Fiat. La raison est simple, la Seat 133 s’incorpore entre la petite Fiat 126 et la Fiat 127 et pourrait avoir son public en Europe.
Mais en vertu des accords Seat/Fiat, la firme espagnole n’a pas le droit de se vendre en dehors de son marché interne, c’est ainsi que la 133 se trouve badgée Fiat pour l’exportation, la voiture se trouve commercialisée aux Pays-Bas, en France et peut-être même en Belgique. Faisant office d’entrée de gamme, de conception ancienne avec son moteur à l’arrière, lequel était un 850cm3 de 44Cv, la Fiat 133 était dépassée sur bien des points… sauf le prix.
Cependant, son accueil en Europe est très mitigé, le public devenant de plus en plus exigent avec la chose automobile a du mal à accepter une voiture dépassée, mais la faute est à remettre en partie sur le réseau de distribution Fiat, peu enclin à vendre ce modèle, que certaines concessions n’affichaient même pas ! La carrière de la Fiat 133 est très éphémère et n’attend même pas sa remplaçante, la Panda, pour disparaître des catalogues.
Si la Fiat 133 disparaît en Europe, elle continue sa carrière en Amérique latine, notamment en Argentine où Fiat est bien implanté. Là-bas, le prédateur IAVA, équivalent local d’Abarth, équipe la 133 du moteur de la Fiat 147 et se nomme « 133 IAVA ». Archaïque en Europe, le modèle se trouve bien adapté aux pays émergents, la Fiat 133 s’écoulant à plus de 13.000 unités en Argentine. Et il ne faut pas oublier l’Egypte ou Fiat et Seat accordent au constructeur local El Nasr d’assembler des 133 à partir d’éléments fabriqués en Espagne.
Au Final, la Fiat 133 fut une voiture « low-cost » avant l’heure, une voiture d’avantage taillée pour les pays qui découvraient l’automobile que pour les contrées industrialisées. Preuve en est, même en Espagne, la Seat 133 se vend mal comparé à la Seat 127, bien plus moderne. Ainsi, si plus de 200.000 unités sont produites sous le blason Seat, seules quelques dizaines de milliers de 133 arborent le logo Fiat, et demeurent difficile à dénicher de nos jours.
Je confirme que ce modèle fut diffusé dans ma petite Belgique où certains prospectus l’appelaient Fiat Seat 133 ( pourquoi faire simple… ) alors qu’Outre-Rhin les documents portaient toujours la mention « Produktion Seat »… Par ailleurs, toutes les 133 argentines n’étaient pas des IAVA ; celle-ci était une version sportive, IAVA étant un préparateur local spécialisé dans les productions Fiat.