Remplacer une voiture qui a marqué son époque a toujours été une chose compliquée, et très souvent, les remplaçantes ont toujours été dans l’ombre de leurs aînées. C’est le cas de la Fiat 126, laquelle a pris la succession de la fameuse 500 en héritant de sa base et de sa mécanique. Hélas, la Fiat 126 est la fille mal-aimé, laquelle a toujours eu du mal à se faire une place. Et même sur le net, les articles sur cette voiture ne sont pas nombreux. Tentons d’y remédier…
A la fin des années 1960, Fiat commence à envisager le remplacement de la Fiat 500 dont la carrière entrait dans sa seconde décennie. Les études démarrent concrètement en 1969, à l’époque où les ventes de la Fiat 500 commencent à péricliter malgré l’arrivée de nouvelles finitions dont la 500L. Les premières exquises s’orientent plutôt vers un restylage de la Fiat 500, mais celui-ci est rapidement oublié car aboutissant sur une ligne disgracieuse.
Cependant, le bureau d’études de Fiat conserva le même esprit, car l’optique est désormais de faire du neuf en reprenant du vieux. Traduisons, il s’agit de faire une nouvelle voiture en conservant la base ainsi que la mécanique de la Fiat 500. Cela permet de faire des économies en reprenant une base déjà rentabilisée et surtout, de gagner du temps en créant une nouvelle robe.
La carrosserie justement, l’équipe dirigée par Dante Giacosa décide de s’inspirer du concept car City Taxi que Fiat avait dévoilé en 1968. C’est le styliste Gian Paolo Boano qui dessine la nouvelle voiture, la face arrière reprend les grandes lignes du prototype. Pour le reste, la nouvelle petite Fiat aura une ligne moderne s’approchant de la Fiat 127 dans sa ligne générale, ou avec son capot retombant sur les ailes ou encore ses phares carrés.
La base reprise à la Fiat 500 impose donc l’implantation mécanique à l’arrière, un choix que tous les constructeurs avaient abandonné à l’exception des constructeurs d’Europe de l’Est en ce temps. Mais le moteur, s’il est repris à la Fiat 500, fait l’objet d’un important travail : sa cylindrée passe de 499,5 à 594cm3, la puissance passe ainsi à 23Cv permettant à la voiture une vitesse de pointe à 105km/h. La boite de vitesse dispose de quatre rapports, synchronisée sur les trois dernières vitesses, un progrès considérable pour une petite voiture !
Quant à la base, la petite Fiat s’équipe de pneumatiques plus larges que sur la Fiat 500 et surtout de voies élargies pour remplir les passages de roues. La colonne de direction est revue pour améliorer la sécurité, le freinage s’effectue toujours avec des tambours mais actionnés par deux circuits indépendants, les suspensions sont assouplies et le réservoir d’essence se loge désormais sous la banquette.
Présentée le 22 Octobre 1972, la voiture est commercialisée sous le nom « Fiat 126 » et s’offre contre 795.000 lires. Quatre options peuvent gonfler la note : des dossiers réglables sur les fauteuils avant, les vitres arrières ouvrantes, le tissu en velours et un antivol. Ces options sont rapidement rejointes par un toit ouvrant début 1973. Et si la Fiat 126 annonce clairement son rôle de remplaçante de la 500, cette dernière n’est pas pour autant mise au rebut et continue sa carrière sous une nouvelle version nommée 500R, mais son moteur est dégonflé à 18Cv et sa finition revue à la baisse pour ne pas créer de concurrence frontale.
Même si l’important lots de nouveautés qu’embarque la Fiat 126 tend à démontrer que la voiture n‘a pas été conçue au rabais, le public semble la bouder puisque jusqu’en 1975, la Fiat 126 signe des ventes à moyenne de 170.000 exemplaires par an, les mêmes chiffres que la Fiat 500 en 1972, après avoir signée plusieurs années au delà des 200.000 exemplaires annuels. La Fiat 500R s’efface en 1975, laissant désormais le champ libre à la Fiat 126.
En novembre 1976, la Fiat 126 se décline en version Personal, laquelle s’équipe de pare-chocs, rétroviseurs et protections latérales en plastique noir, d’un nouveau capot moteur et des monogramme au dessin revu. Ce ne sont pas les seuls changements, notons également les clignotants qui évoluent, ou le dessin des jantes. L’intérieur s’embourgeoise avec de la moquette comme revêtement, les fauteuils s’équipent de série de dossiers inclinables, le volant est gainé et un emplacement pour un autoradio est prévu. Deux versions sont disponibles, la « 126 personal » avec une pseudo banquette arrière sans dossier, et la « Personal 4 » prévue pour accueillir quatre personnes à son bord, et donc avec une véritable banquette.
A cette époque, le système de freinage est renforcé à l’aide des tambours de la Fiat 128, la suspension est reprise à cette même voiture. En 1977, le moteur est désormais porté à 652Cm3 pour développer 24Cv, le moteur 594cm3 reste encore un an au catalogue pour s’effacer en cour d’année 1978, année durant laquelle les séries spéciales « Black » et « Silver » apparaissent pour doper les ventes.
Ces efforts payent car les ventes grimpent, sans pour autant crever le plafond. Finalement, Fiat prend la décision de stopper la production de la Fiat 126 en Italie, la dernière Fiat 126 tombe des chaînes le 8 Juillet 1979 après 1.352.912 unités fabriquées. Mais la production continue ailleurs, il faut aller en Pologne dans l’usine FSM pour voir les Fiat 126, celle-ci y est produite localement depuis 1972 et fait un malheur sur ce marché. Avec une main d’œuvre bon marché, c’est désormais la Pologne qui alimente l’Europe de l’ouest en Fiat 126.
A partir de 1982, la Fiat 126 évolue en version E puis FL à partir de 1984 pour aboutir à la 126 Bis en 1987, une version à moteur de 700cm3 et refroidit par eau et non plus par air comme auparavant, le moteur est par ailleurs placé plus bas que sur les versions précédentes, ce qui permet de dégager un coffre accessible par un hayon. Cette version perdure quelques années au catalogue de Fiat, mais trop dépassée, elle s’efface courant 1991 de l’Europe de l’ouest, la voiture reste commercialisée en Pologne où elle termina sa carrière en 2000.
Au final, la Fiat 126 signe une carrière longue de 28 années et fut produite à plus de 4,7 millions d’unités, dont les deux tiers ont été produit rien qu’en Pologne. La carrière de la Fiat 126 fut en demi teinte en Europe occidentale, il faut dire que le marché automobile avait changé et la clientèle disposait de plus fort revenus, une petite voiture populaire n’avait plus le même intérêt. En revanche, en Pologne, la Fiat 126 joua le même rôle que la Fiat 500 en son temps, d’où un important succès.
J’ai eu une 126 pour un très court moment. C’était une voiture fantastique à conduire en dépit de sa faible vitesse de pointe. C’était pratiquement à fond partout, comme un Go-Kart, et je me suis beaucoup amusé. Mais il falilait etre sérieux, aussi elle fut troquée contre une 131.
Je ne souvient encore des vapeurs d’huile qui envahissaient l’habitacle quand on mettait le chauffage grace au ventilateur refroididdant the moteur. Toute une époque !!
Connaît-on la côte actuelle d’une 126
Pour mémoire, Boano n’était pas styliste. Il était le directeur du Centro Stile et dirigeait à ce titre une équipe de près de 200 personnes…
De mémoire seuls des 3 derniers rapports étaient synchronisés, la première ne l’était pas.
Non. Seuls les trois rapports supérieurs bénéficiaient de synchros ! Et la présentation a été bien avant 1976 !
Je me souviens qu’en 1976 nous avions rendu visite à notre famille de Pologne à Cracovie. L’oncle de ma mère possédait une Fiat 126 beige dont le bruit résonne encore à mes oreilles. C’était une voiture moderne à cette époque dans ce pays où sans devise étrangère le moindre pneu était inaccessible . En quittant ce pays nous avions dû abandonner nos devises Mark allemand et USD après une fouille très poussée de notre Peugeot 504 immatriculée en région parisienne et pas banale dans ce triste paysage automobile