A la fin des années 1930, Chenard & Walcker développe un petit utilitaire destiné à équiper l’armée française. S’il échoue à être sélectionné par la Grande Muette, cet utilitaire rudimentaire a eu une courte carrière civile…
A la fin des années 1930, Chenard & Walcker est une marque moribonde rachetée en 1936 par la Société des Usines Chausson. Dès lors, la gamme devient moins originale et « rationalisée » par Chausson, pour réduire les coûts de production, les Chenard & Walcker sont équipées dès 1937 de moteur Citroën pour l’entrée de gamme et du V8 Ford pour le haut de gamme, puis utilise des carrosseries fabriquées par Chausson pour le compte de Matford. Des efforts qui permettent à Chenard & Walcker de se redresser mais il reste un petit constructeur au niveau national. A la fin des années 1930, lorsque l’armée française sollicite les constructeurs pour développer un petit véhicule sanitaire, Chenard & Walcker y voit un opportunité de grandir.
A cette fin, Chenard et Walcker étudie un fourgon à traction avant de 1500kg de charge utile : le T60. Pour l’armée française, le coût d’achat est un critère déterminant et l’aspect extérieur peu important, c’est pourquoi la proposition de Chenard & Walcker est un petit fourgon aux lignes carrées, une carrosserie réalisée en tôle à entretoises soudées, un système facile à mettre en œuvre et peu couteux en matériel. L’aspect est rudimentaire, mais le coût de revient imbattable. Pour le moteur, Chenard & Walcker utilise un moteur de sa conception, un deux cylindres deux temps d’une puissance autour des 20Ch, là encore, un moteur simple et économique d’utilisation, mais certainement anémique pour mouvoir le véhicule à pleine charge.
Pour compléter la fiche technique, le moteur du T60 était refroidit par eau, l’allumage assuré par une magnéto et la boite de vitesse proposait quatre rapports. Essayé par l’armée française en 1939, le Chenard & Walcker T60 n’est pas retenu, il lui est préféré le Citroën TUB dans sa version médicalisée nommée TAMH. L’étude reste dans les cartons de Chenard & Walcker, après tout, un petit camion à faible cylindrée et aux performances limitées peut toujours intéresser un commerçant ou un artisan qui ne pouvait s’offrir les services d’un véritable utilitaire proposée par les grandes marques. L’arrivée de l’occupation allemande, le rationnement des matières et la production automobile limitée donne de nouvelles opportunité à l’utilitaire Chenard & Walcker.
Du T60, Chenard passe au CHE, une version civilisée du premier présenté au service des Mines en mars 1941 et commercialisé dans la foulée. Le CHE est équipé d’un moteur bicylindre deux temps de 720cm3 à la fiche technique quasi inchangée par rapport au T60, sa carrosserie est toujours aussi anguleuse mais avec quelques améliorations esthétiques, on note notamment un pare-brise d’un seul tenant. Malheureusement, l’essence étant rationné, Chenard & Walcker se tourne rapidement vers la technique du gazogène pour mouvoir son CHE, on retrouve quelques publicité de l’année 1941 où l’on aperçoit le CHE équipé d’un gazogène de marque « Le National ». Il est à noter que la base du Chenard & Walcker CHE sert de base au constructeur Sovel qui l’équipe d’un moteur de sa conception et le commercialise sous la dénomination Sovel VR. L’aventure du CHE cesse en 1942 lorsque le gouvernement de Vichy interdit la production de véhicules automobiles civils.
En 1945, alors que débute la reconstruction de la France, Chenard & Walcker ressort son petit utilitaire. Simple à produire, il devient l’un des premiers véhicules à être remis en production avec une répcetion par le service des Mines en avril 1945. Chenard & Walcker en profite pour y apporter quelques modifications, et notamment sur le moteur qui voit sa cylindrée portée à 1.020cm3 et la puissance poussée à 25Ch. Il faut désormais parler de Chenard & Walker CHT. Toutefois, l’approvisionnement des matières premières est compliquée et limite la production du CHT.
Néanmoins, l’Etat français, via le plan Pons, confère à Chenard & Walcker l’exclusivité de la production de camionnette de 1.500kg de charge utile, un contexte favorable qui pousse le constructeur à revoir la carrosserie du CHT. Terminé les lignes anguleuses, Chausson propose une carrosserie aux formes arrondies, douces au regard. Commercialisé dès juin 1946, le Chenard & Walcker CHV ouvre une nouvelle page…
Merci pour cet article aussi bien documenté qu’illustré. Tout est dit!